Alors, ça thrashe en Islande, ça thrashe en France, aux Etats-Unis, en Suède, au Mexique, au Japon, en Australie, en Italie, au Canada…Enfin bref, ça thrashe un peu partout, et même en Inde tiens. Après tout, pourquoi pas ? Le Thrash ne s’arrête pas aux frontières comme le nuage de Tchernobyl, et contamine toute la planète de ses rythmiques au cordeau et de ses vocaux au marteau. La scène indienne n’est certes pas la plus connue, même si quelques noms peuvent être cités, de la nouvelle et ancienne génération, comme ceux de BRUTE FORCE, BEHEADED CARNAGE, ZAELOUS, ou MORTAR. A cette liste loin d’être exhaustive s’ajoute celui très prédestiné des CHAOS, qui n’ont pas eu à aller puiser bien profond leur inspiration de baptême. Un nom simple, court et parfaitement adapté à une musique qui ne fait pas forcément dans le détail sans tomber dans le…chaos.
CHAOS, c’est une discographie encore assez maigre malgré une douzaine d’années d’existence, et une démo suivie d’un album du même nom quatre ans plus tard, Violent Redemption, avant quatre autres années d’oubli forcé pour revenir en trombe avec cet All Against All, qui traduit fort bien la philosophie d’un combo qui n’a pas la saccade dans sa poche.
JK (chant), Nikhil (guitare), Vishnu (basse) et Manu (batterie) nous opposent donc les sempiternelles références inhérentes au genre (SLAYER, KREATOR, PANTERA, MEGADETH, METALLICA, IRON MAIDEN, TESTAMENT, ANTHRAX, OVERKILL, et plus si affinités), mais imposent leur propre vision d’un Thrash sans concession, qui ne prend pas vraiment son temps pour nous agresser. Si les vaches sont sacrées en Inde, les taureaux eux déboulent sans prévenir, à l’image de cet introductif « The Great Divide », qui ouvre les portes de l’arène sans prévenir le public, et laisse le mastard charger et ruer dans les brancards sans prendre aucune précaution de protection.
Une intro pareille, sans ambages, rappelle d’ailleurs le fameux « Strenght Beyond Strenght » de PANTERA ou leur séminal « The Great Southern Trendkill », et toutes ces entrées en matière franches qui vous plongent directement dans le marasme d’un Metal sans pitié et incisif.
Profitant d’une production bien massive qui compresse la rythmique en laissant la guitare volubiler comme elle le souhaite, All Against All s’impose comme une gigantesque beigne dans la gueule, qui vous laisse chancelant, avant d’en rajouter deux trois coups dans l’estomac et les burnes. N’allez pas croire pour autant que nos amis asiatiques courent sans regarder où ils vont, puisque les tempi médium sont légion, et permettent d’asseoir la puissance pour mieux incruster les accélérations de manière impromptue.
Alors évidemment, tout ceci reste très classique. On sent les influences Thrash US jusque chez les voisins à trois pâtés de maison, mais la teinture Hardcore qui noircit les saillies est tangible et féroce comme il faut, sans que le Metal des indiens ne se décolore d’un Crossover fort peu à propos. Techniquement, les musiciens assurent comme il faut, et peuvent compter sur un guitariste aussi précis et puissant en rythmique qu’il n’est prolixe et détaillé en solo.
Si le chant assez monocorde de JK évoque plus la scène Néo-Hardcore américaine des années 2000, se permettant même quelques inflexions Metalcore assez décalées, l’instrumental lui se borne à suivre les commandements énoncés par la Bay Area des années 80, sans oublier de la frotter à la pugnacité du NYHC de la même période.
En résultent dix brulots qui vous fracassent le ciboulot, et qui vous malmènent d’un tempo qui cavale non piano, mais allegrissimo.
Difficile de faire la part des choses dans cette déferlante de brutalité, mais concédons à cette horde bruyante un indéniable savoir-faire en termes de motifs tournoyants infernaux, et de breaks qui laissent penaud. Aucune épiphanie ou surprise à craindre, le spectre est assez restreint, mais fonctionne comme un amalgame diabolique entre la technique prononcée d’un TOXIC et la vilénie bruyante d’un PANTERA en pleine trachéite aigue.
Tout n’est pas très digeste, et on attendra encore un peu que les CHAOS s’écartent un peu de leurs influences les plus évidentes, mais même lorsqu’ils oublient d’arrêter le chrono (« Patrons Of Pain »), ils gardent en tête qu’un riff accrocheur et que des glissements d’humeur sont les meilleurs compagnons d’une route un peu plus longue que la moyenne.
Dès lors, ils n’hésitent pas à rallonger un peu la rencontre en terminant leur assaut par un dernier coup de boutoir fracassant, « The Escape », qui cumule les attentions et rétentions, dans un déluge de puissance de feu que la bande au gros Phil Anselmo aurait pu envier à une période clé.
Sifflantes, harmoniques, mid tempo qui pique et accélérations typiques, le cahier de charges est passé en revue et les figures imposées accomplies avec un brio remarqué, et le manque de nuances dans le chant de JK est rapidement comblé par un investissement rauque déchaîné.
Manu en profite pour glisser quelques roulements et autres pirouettes sur ses futs, avant que la couleur du ciel ne change et ne se strie de nuages plus clairs et colorés, peints d’une acoustique à la TESTAMENT appréciable et remarquable.
On note alors que le quatuor semble aussi à l’aise dans la caresse que dans la vitesse, ce qui permet aussi à Nikhil de broder un thème mélodique admirable.
N’allez pas croire pour autant que la bande soit portée sur les câlins bande de gros malins, mais à vrai dire, de grosses mandales up tempo comme « Indoctrination » ou « All Against All » et son Thrashcore limite blasté vous feront vite réaliser que les CHAOS sont bien là pour le déclencher, et non vous permettre de faire la sieste en toute quiétude.
Mélange homogène, interprétation investie, et finesses techniques réussies, tel est le bilan de ce second album qui va permettre à l’Inde Thrash de se trouver un nouveau chef de file. Et en Inde, on thrashe comme ailleurs. Vite, puissamment, mais avec intelligence et dévouement. Alors, peu importe le pays pourvu qu’on headbangue, c’est un peu la philosophie qu’on peut dégager de cette chronique/écoute du samedi.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30