Lancez-moi sur RAVEN, et on va y passer la nuit. Ce nom, comme ceux d’ANVIL ou de MOTORHEAD, est l’épitomé du no bullshit, l’assurance d’une musique sans compromission, une passion sans failles et des décibels qui abiment méchamment l’audition au point de transformer vos tympans en HP crevés. RAVEN, né dans les seventies, méchants avant tout le monde, des concerts homériques dans les eighties, avec toujours cette énergie incroyable, des albums inoubliables, un petit passage à vide commercial, avant de revenir vers l’essentiel : l’Athletic Rock dont ils sont dépositaires de la recette et du succès.
On a toujours dit que RAVEN n’était jamais plus RAVEN que sur scène. Que les albums, aussi bons furent-ils, n’étaient que des pendants trop sages d’un contrepoids live qui écrasait la concurrence. Il y a une part de vrai là-dedans, et pourtant, depuis Nothing Exceeds Like Excess, le trio dynamité et azimuté a tendu la corde jusqu’à la faire péter, flirtant souvent avec le Speed et le Thrash pour finalement proposer le Heavy Metal le plus explosif du marché. Une assurance, une certitude, une foi. Et de fil en aiguille, RAVEN est devenu un culte célébré dans le monde entier par des kids, des quinquas, des sexas, et finalement, de toute la faune hétéroclite qui compose une armée de fans.
Trois ans après Metal City, honoré de critiques allant de positives à dithyrambiques, le trio formé par le duo des frangins Gallagher revient donc avec un nouvel album, flanqué d’un titre qui ne doit rien laisser au hasard : All Hell's Breaking Loose. On sait que ces deux-là s’y entendent comme personne pour faire plaisir au grand cornu, il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’ils fassent référence à son royaume caliente. Encore faut-il qu’après cinquante ans de carrière effective les gus aient encore assez de jus pour nous faire croire au retour de l’antéchrist sur terre. Mais comment douter de la sincérité de ces deux frères, inséparables, pendants rieurs et furieux des frères Wright de NOMEANSNO, lorsqu’ils se proposent d’ouvrir les portes de l’enfer ?
Soutenus par la frappe incroyable du master des futs Mike Heller depuis cinq ans, Mark et John peuvent s’en donner à cœur joie, et multiplier les riffs agressifs et les soli de folie. En constante colère, ils développent en 2023 une théorie nostalgique qui pourtant accepte les principes de production modernes, et délivrent une fois de plus une prestation haute en couleur qui selon moi, culmine sur le monstrueux « Turn of the Screw ». Ce titre est un résumé de ce que le trio peut produire de plus fou, de plus intense et de plus débridé. La prestation de Mike à la batterie est hallucinante de précision, ses fills atteignent une vitesse surnaturelle et renvoient Dave Lombardo à ses chères études de football, tandis que la guitare de Mark continue de trancher dans le vif en s’abreuvant à l’essence même de la NWOBHM dont il a contribué à populariser.
La question se pose donc. RAVEN ne serait-il pas le plus grand groupe de Speed Metal que la planète ait connu depuis l’émergence du genre ? Les deux frangins ont toujours détesté ce terme, qu’ils remplaçaient par un Fast Metal très à-propos. Alors allons-y, et affirmons : RAVEN est à ce jour le plus grand groupe de Fast Metal de l’histoire du Metal. Et une simple écoute à l’hymne intersidéral « All Hell's Breaking Loose » suffit à comprendre pourquoi : une musicalité permanente, des chœurs malins, mais surtout, une hystérie globale qui le confine à l’obsession pour une intensité que personne ne peut prétendre égaler sur le marché. Oubliez vos groupes nostalgiques préférés, RAVEN incarne le meilleur du passé dans le présent, et avec à peine quarante minutes au compteur, All Hell's Breaking Loose dézingue la concurrence plus efficacement qu’un énorme bazooka ou qu’un blindé aux chenilles rancunières.
All Hell's Breaking Loose n’est pas un album, c’est une centrale nucléaire au bord de l’implosion. Pas un seul titre de remplissage, une démonstration qui pourtant ne cherche pas les honneurs individuels, et une cohésion d’ensemble bluffante. La voix de John est toujours aussi versatile, entre les harangues vicieuses et graveleuses et les envolées aigues à la limite de la sorcière sur son bucher, mais sa basse n’est pas en reste. Le frontman multiplie les boucles, laisse ronfler ses cordes, avant de les frapper avec l’énergie de l’espoir. Et en doublette avec Mike Heller, la rythmique atteint une sorte de point de non-retour qui négligé, pourrait conduire le tout à l’explosion immédiate.
Pour faire simple, cet album est plus qu’un simple nouvel album. C’est une course de Nascar traduite en musique, une fuite en avant permanente, une croisière sur les mers du temps qui passe et n’entame en rien la hargne des passionnés. Une sorte de Fusion globale entre Heavy Metal, Hard-Rock, Speed, Thrash et tout ce que vous voulez, pour faire un état des lieux des vrais de vrais, caste irréprochable dont les RAVEN font partie depuis longtemps. Qui d’autre qu’eux serait capable de pondre un dynamitage comme « Desperate Measures » qui ose même des blasts tempétueux dans un contexte de Metal classique ?
La formule marche toujours, et le trio est plus barge que jamais. Alors qu’on pensait que Metal City était la confession ultime d’une bande attachée à ses valeurs de franchise, All Hell's Breaking Loose va encore plus loin, et se permet même de faire la nique aux leaders Thrash des années 80 qui s’embourbent dans leurs photocopies malhabiles et finalement, pas aussi effrayantes qu’ils aimeraient le croire.
Avec un tempo général flinguant les BPM comme John Wick ses adversaires, des gimmicks catchy en diable (« Victory's Call »), une tension permanente, une sensation de facilité qui émane d’un cogneur incapable de marquer le tempo sans y coller des figures acrobatiques, quelques accalmies bienvenues mais pas forcément plus sages (« Edge Of A Nightmare »), All Hell's Breaking Loose titille la perfection sans sacrifier sa sauvagerie. Et à la limite, sans autre renseignement, on pourrait croire le tout enregistré totalement live en studio. Ce qui en dit long sur les performances scéniques à venir.
RAVEN est tout simplement Metal. Mais ce que le Metal devrait toujours être, rebelle, indomptable, essentiel, authentique, violent mais sympathique, et joué par des pointures. Ce trio de cinquante ans d’âge sonne paradoxalement comme l’entité la plus juvénile qui hante nos colonnes, et qui prouve que le vieillissement n’est finalement qu’une question d’état d’esprit.
La nouveauté du mois qui finira immanquablement dans les notules élégiaques de fin d’année. Ce qui est amplement mérité, au vu de la qualité de cette attaque des sens. Et pour terminer, je vous dirais bien que the pack is back, mais il n’est jamais parti.
Heureusement pour nous.
Titres de l'album :
01. Medieval
02. Surf The Tsunami
03. Turn Of The Screw
04. All Hell's Breaking Loose
05. The Far Side
06. Desperate Measures
07. Victory's Call
08. Edge Of A Nightmare
09. Invasion
10. Go For The Gold
Probablement un des meilleurs groupes du monde. J'adore.
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