Coïncidence troublante du jour. Même lorsqu’on n’est pas un spécialiste en géopolitique ou en relations internationales (ce qui est assurément mon cas), on ne peut qu’être troublé par cette sortie qui voit un groupe ukrainien de Death Metal proposer son premier album. Alors même que la colonne russe s’approche dangereusement de Kiev, alors que les centrales nucléaires sont pilonnées et que les civils se battent au côté des militaires pour freiner l’avancée des chars, il est très délicat de parler de Metal de la mort, tant la situation exposée sans retenue par les médias l’impose chaque jour sans aucune pudeur. Faut-il pour autant faire l’impasse au nom du bon goût et de la compassion ? Non car justement, la musique ne se mêle pas de politique, même si les deux parfois marchent de concert.
Mais ne pas penser à la situation en Ukraine en écoutant des morceaux comme « Food For Worms », « The Oldest Horror », « The Light Has Never Been Here » est chose impossible, même si ces morceaux n’ont évidemment pas été composés en relation avec l’actualité. Et aussi triste que cela puisse paraître, ce premier album incarne une sorte de bande-son idéale aux évènements tragiques actuels…Alors évidemment, nul n’est tout blanc ou tout noir, mais la politique interventionniste et expansionniste de Poutine trouve ici le son idéal pour sa cruauté, à tel point qu’on peut presque entendre les balles siffler à nos oreilles.
Nonobstant ce cadre malheureusement idoine, replaçons les choses dans leur contexte plus concret. NECROM est donc un groupe de Kharkiv, ville aujourd’hui fantôme grâce au largage incessant de bombes sur son centre-ville, groupe né en 2018 et déjà auteur d’un premier EP que l’on retrouve ici, The Light Has Never Been Here. Et bien qu’ukrainiens, les musiciens se plaisent à jouer un Death de tradition hérité des coutumes scandinaves, singeant les tics les plus morbides d’ENTOMBED, DISMEMBER, UNLEASHED, CARNAGE, mais aussi les réflexes plus bataves d’ASPHYX et PESTILENCE, soit la quintessence de l’âge d’or du style, pour une pantomime plus crédible que bon nombre de leurs homologues US et suédois.
Apocalyptic Riders' Trumpets Hailing Undead Resurrection (guitare), Visions at Radiant Galactic Gates of Torturous Harmonies (guitare), Ancient Starlit Tombs and Raging Ghoulish Hordes (basse/chant) et Leviathan's Eternal Vessel (batterie), viennent à nous avec leurs pseudos improbables, et leurs obsessions lovecraftiennes. All Paths Are Left Here..., et son arrière-goût du séminal Left Hand Path ne cache donc pas ses réelles intentions derrière des prétentions artistiques, mais pourrait se concevoir comme le parangon du son Sunlight/HM-2, porté à ébullition par quelques mélodies et arrangements plus fins et créatifs que la moyenne. Une sorte de machine à broyer, froide, implacable, qui avance et qui écrase tout sur son passage, ne laissant que des terres congelées et stériles.
Ces musiciens aux sobriquets improbables cachent en fait des hommes rompus à l’exercice de l’extrême, via des implications multiples au sein de combos comme NOKTURNAL MORTUM, ARYAN TERRORISM, MISTIGO VARGGOTH DARKESTRA, WARHEAD, SUPPURATION, ELDERBLOOD, GREYABLAZE, HORROR GOD, DISARTICULATING EXTINGUISHMENT, EZOPHAGOTHOMIA, RELIC WAVE, STATIST, DEROGATION, ENDOCRANIAL, FLESHGORE, NECROPSY DEFECATION, ou POSTHUMOUS BLASPHEMER. Des habitués du terrain donc, qui prouvent qu’une fois réunis, leur force de frappe se voie décuplée.
Une fois le décor planté, les allées du cimetière sont connues, les arcanes des catacombes aussi, et le souvenir des premiers vents glacés en provenance de Stockholm nous lacèrent les chairs comme des lames de rasoir. Le son est évidemment énorme, grave mais précis, l’interprétation au biseau, et l’atmosphère lourde et poisseuse. Néanmoins, le Death joué par NECROM n’est pas exempt de quelques fantaisies rythmiques et harmoniques, ce qui tend à l’éloigner un peu des suiveurs trop fidèles et timorés.
« Dagon » en ouverture, nous sort d’ailleurs le grand jeu. Intro mystique avec claviers d’appoint, riff monumental mais abordable, pour six minutes de savoir-faire ancestral. Le mimétisme est alors troublant, même si les dés sont pipés d’avance. Tout le monde connaît déjà cette approche rigoriste, mais les fans apprécieront ce petit jeu de reconstruction d’un décor macabre, trente ans plus tard.
Tout ça pour dire que malgré ses influences plus qu’évidentes, All Paths Are Left Here... n’en reste pas moins une entrée en matière tonitruante sur la scène old-school actuelle. Un Death Metal solide, peu inspiré certes ou trop justement, mais qui s’inscrit admirablement bien dans son époque.
Un peu trop même, et sans l’avoir voulu….
Titres de l’album:
01. Dagon
02. Fathers Will Feast
03. Food For Worms
04. The City the Old Ones Built
05. The Oldest Horror
06. Walls Have Hands
07. The Light Has Never Been Here
08. Templars Are Coming
09. Tomahawk of Bone
10. The Woods of Weird West
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