Lorsqu’un label vous parle de Death Metal improvisé, il y a de quoi se faire du mouron. Surtout lorsque le label en question se nomme Caligari Records, spécialiste en exactions cryptiques parfois inaudibles, souvent irritantes, et toujours chaotiques. Alors, au moment d’aborder le second EP des américains d’EXSUL, la méfiance est de mise. Je n’ai absolument rien contre une tranche de mort spontanée et exhumée des caveaux les plus suintants de l’underground, encore faut-il que cette remontée nauséabonde ait un quelconque intérêt artistique. Le bruit pour le bruit, j’ai donné quand j’étais adolescent en sombrant dans le Grind, le Black et le Noise, mais l’âge m’a fait comprendre que le fond était plus important que la forme. Heureusement pour nous, les compliments distillés à l’occasion de la plaquette promo des originaires de Tucson, Arizona sont partiellement vrais, ce qui permet à Allegoresis d’atteindre un niveau de qualité tout à fait honorable.
Né en 2018, le duo énigmatique EXSUL s’est formé autour de Phlegyas (Sticks & Spells) et Charon (Strings & Curses). Interprétez ces rôles comme bon vous semble, mais attribuez la guitare et la basse à Charon, et le reste à Phlegyas. Après un premier EP sorti en pleine pandémie de COVID, et sobrement éponyme, le duo texan remet donc le couvert pour une litanie de vingt-quatre minutes découpée en six parties/morceaux. Evoluant dans un contexte de Death vraiment sourd, tirant parfois sur un Black pas totalement assumé, le contexte nous propose une dérivation assez intéressante, et réfute surtout tous les principes d’OSDM, ce qui nous offre une bouffée d’air vicié dans un ciel chargé de gaz carbonique nostalgique asphyxiant.
Difficile d’accès, lourd, sombre, aléatoire dans la violence et profondément grave, Allegoresis fait partie de ces œuvres réservées à un public averti, qui a déjà expérimenté au-delà du raisonnable. Un public qui connaît bien ce label et ses suiveurs/homologues, et qui est prêt à supporter des structures non linéaires, et des morceaux qui sont plus des humeurs que de véritables titres. Toutefois, on note une volonté dans la structuration qui empêche le projet de sombrer dans le nihilisme musical le plus crasse. Si les riffs sont souvent indiscernables, si les lignes de chant ressemblent à des régurgitations démoniaques, le tout ne manque pas de groove, et peut éventuellement s’accaparer quelques codes Indus tout à fait charmants. Sonnant parfois comme un GODFLESH perdu dans le bayou du sud des Etats-Unis, Allegoresis est une atrocité valide, et une entrée de la puissance de « Psychomachia » vous laissera la gueule collée sur un sol boueux, suffoquant dans un dernier cauchemar de râles.
Du Death donc, mais très personnel. Animé d’effets sonores, de parties évolutives assez étranges, et d’une volonté de se démarquer du tout-venant Death/Doom. Beaucoup de lourdeur bien sûr, des accélérations fulgurantes qu’on ne voit pas forcément venir, mais un flair certain dans l’agencement, et dans le placement des lignes de chant. Tout sauf un brouhaha arty faussement élitiste, et une foi sans failles en une musique sans compromis ni concession. Essayez pour exemple de commencer l’album par sa fin, en encaissant le choc sourd de « Sweet Revenge », hymne Death moisi qui suppure la peur par tous les pores. S’y entendant comme personne pour faire sonner leurs horreurs de façon professionnelle, les deux musiciens se sont accordés sur une production gigantesque, aux graves sismiques, qui enrobe le tout dans un mystérieux sac plastique de morgue.
Certes, sur les six morceaux, deux sont des interludes/transitions de moins de deux minutes. Mais ces transitions ne sont pas là pour décorer, et font partie d’un plan d’ensemble. Et si l’entame de « Noesis » rappelle étrangement celle de l’historique Hell Awaits de SLAYER, voyez-y comme un hommage déguisé aux maîtres du chaos. Car la suite en forme de riff pur OBITUARY vous prouvera que les deux hommes ont une culture extrême affinée, et qu’ils ne sont pas nés de la dernière épidémie, malgré le fait que…presque.
Evolution traumatique, ce second EP réserve bien des surprises, à commencer par cet instrumental percussif et harmonique qu’est « Glaucon's Dilemma ». Il incarne une plongée dans les abysses de l’infamie, mais reste musical et précis. Une sorte d’improvisation retranscrite dans un langage plus mathématique, et plus prosaïquement, un EP solide, unique en son genre, qui mérite l’attention, et qui laisse quelques espoirs en suspens. Notamment celui de découvrir très bientôt un longue-durée qui pourrait bousculer la donne.
Titres de l’album:
01. Noesis
02. Glaucon's Dilemma
03. How in the Land of Satin We Saw Hearsay, Who Kept a School for Vouching
04. Pantagruelion
05. Psychomachia
06. Sweet Revenge
La différence de style n'est pas surprenante, ils n'ont jamais refait le même album. Mais ça rend mou, fatigué, sans inspiration... et décevant après une si longue attente. Espérons que le reste soit meilleur.
13/04/2025, 12:10
@DPD je suis d'accord avec toi et c'est vrai que dans le genre, Vektor est l'un des rares groupes à avoir proposé quelque chose de neuf. Pour ma part, je rajoute également Power Trip qui, même s'il ne propose rien de foncièrement neuf, a un gr(...)
13/04/2025, 07:58
Arioch91, c'est juste que le thrash basique on a largement fait le tour, depuis une trentaine d'années en fait. Vektor avait remis un coup de boost dans la scène avec ses tendances progressives et autres, mais il semblerait que le mec était pas sympa dans sa vie pri(...)
13/04/2025, 02:02
Grosse déception pour ma part.C'est sûr que faire poireauter les fans après 34 ans, l'attente est forte et surtout, on attend LE truc qui va tout niquer.Mouais.Je passe sous silence la cover qui pue l'IA à plein nez.Qu'est(...)
12/04/2025, 18:53
Ouh que c'est bon ça !!! !!! !!!Un truc qui puise à mort dans les 90s !NECROMANTIA et BARATHRUM en tête... ... ...
11/04/2025, 09:36
Je veux bien que la société polonaise soit différente, mais ses provocations à deux balles passent pour du Manson 20 ans trop tard, c'est tellement commun..
10/04/2025, 16:41
Juste une remarque, je suis pas au courant des lois françaises, si j'ai outrepassé mes droits vous pouvez virer ce commentaire pas de soucis.
10/04/2025, 15:17
Cher Emptyrior, je suis juste homophobe, voilà tout. Il y a des gens comme ça que veux-tu. Mes excuses si tu es blessé par mes propos, j'espère que tu sauras t'en remettre.
10/04/2025, 15:04
@ DPD : Certaines personnes ne comprennent en effet pas ce qu'implique une guerre, et se permettent de faire tranquillement des commentaires dans leur canapé en mettant pays agresseur et pays agressé dos à dos. L'ignorance et la bêtise n'ont aucune limite(...)
09/04/2025, 23:31
Emptyrior, va donc écouter Taylor Swift si tu veux un safe space
09/04/2025, 05:02
"Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire" ha ha !Ce groove nihiliste encore. Le pied.
08/04/2025, 22:52
Perso j'ai de quoi faire pour me régaler avec cette affiche : Dark Angel, Enforcer, Benediction, Hexecutor (miam), Belenos, Houle, Suffo (what else ?), etc, sans parler de la scène stoner assez bien représentée cette année... Alors oui déj&agra(...)
08/04/2025, 22:45
@DPD Oui, je suis d'accord, j'ai du mal avec le flicage de tout un chacun pour ses goûts artistiques. Le Metal se nourrit du soufre et de la provocation, il ne doit pas devenir bourgeois compatible. En revanche les remarques homophobes, du genre ''particulièrement(...)
08/04/2025, 20:01