Il y a ceux qui s’imposent à la force du poignet, ceux qui profitent d’un népotisme opportuniste, et ceux qui apparaissent comme des leaders naturels, au vu d’un parcours hors-normes et impeccable. Ces derniers sont les plus légitimes, puisqu’ils n’ont jamais cherché à être les représentants d’une scène, mais bien des participants passionnés, ne lâchant jamais la barre et exigeant une qualité constante quelles que soient les circonstances. Alors, affirmer que LOUDBLAST est le parrain de la scène extrême française est d’une évidence lénifiante. Certains argueront du fait que son ancien compagnon de split AGRESSOR est aussi une figure incontournable du Black français depuis les mêmes années 80, mais c’est vraiment LOUDBLAST qui incarne les racines du chaos en France, eux qui ont même défié les cadors américains et européens il y a quelques décennies.
Alors évidemment, un nouvel album de LOUDBLAST est un évènement immanquable. Un rendez-vous délicieux, un traquenard justifié, et une énième mise au poing recherchée. Quatre ans après le covidien Manifesto, LOUDBLAST sème les graines de la discorde et fait le compte des victimes tombées au champ d’horreur. Le bilan n’est pas des plus joyeux, et Altering Fates And Destinies est à peu près aussi sombre qu’un résumé de l’office national de la santé après réception des chiffres définitifs.
Pour accoucher de cette synthèse en état des lieux, Stéphane Buriez a appliqué une philosophie simple, mais limpide : n’en faire qu’à sa tête sans tenir compte des attentes du public ou des impératifs du circuit. Le guitariste/chanteur, seul maître à bord depuis la première démo impose sa silhouette effrayante, son regard perçant, et sa guitare teigneuse. Soutenu depuis quatre ans par la basse de Frédéric Leclercq (qui s’offre aussi quelques soli bien accueillis), le frontman donne une nouvelle leçon de brutalité que l’on mange en pleine face avant ou après diner. Altering Fates And Destinies est dès son départ un phénomène, et pas de foire. Non, c’est un gigantesque golem de haine et de ressenti, une sorte de revanche sonore sur les évènements qui nous ont tous immobilisés pendant des mois, une contre-attaque replie d’amertume qui continue le massacre, mais en changeant le camp des victimes.
Produit et masterisé par HK Krauss aux Vamacara Studios, ce nouveau chapitre de la saga pourrait bien être ce que le groupe a produit de plus efficace et versatile depuis sa grande époque des nineties. On y retrouve cette liberté de ton et cette créativité mélodique qui avaient permis au groupe de se distinguer de la masse et d’éviter de sonner comme « la version française de….(fill in the blank) », même si assez régulièrement, l’ombre du MORBID ANGEL le plus compressé et oppressé plane au-dessus des têtes de guitare. Mais encore une fois, la tutelle de la Floride n’est qu’un élément parmi tant d’autres, ainsi que cette fascination pour le Death le plus technique et Ambient. Les deux se mélangent à l’ADN propre du groupe, pour donner suite à des requêtes de violence de plus en plus insistantes.
Que pense Stéphane de cette entreprise de démolition ? Ceci :
C’est une bonne synthèse de ce que nous représentons en 2024. Nous n’oublions pas d’où nous venons, mais nous ne nous sommes pas fixés de limites et nous avons juré de faire ce que nous voulions. Altering Fates and Destinies est un album très sombre, puissant et plus rythmé que ses prédécesseurs, c’est définitivement l’un de nos albums les plus lourds en termes de motifs, de son et de production.
Et le diable au crâne rasé a totalement raison. Altering Fates and Destinies est sans aucun doute l’album le plus versatile de la bande. Mais aussi l’un des plus puissants, porté par la frappe de Nico "Ranko" Muller, remplaçant d’Hervé en studio qui a adapté son jeu aux exigences indirectes de son leader. Le résultat est donc extraordinaire, n’ayons pas peur des mots, dans la lignée historique des plus grands achèvements du concept, mais aussi un instantané précis de ce que le BLAST incarne encore en 2024. Un groupe sinon novateur, du moins pertinent et qui parvient sans peine à faire le lien entre son glorieux passé et le reste de son histoire inachevée.
On pourra arguer d’une ressemblance étrange avec le MORBID ANGEL de Kingdoms Disdained eu égard à cette recherche de sons lourds et d’atmosphères macabres, mais les réflexes automatiques de Stéphane, citant le Metal plus générique des années 90 permettent à l’album de s’éloigner des comparaisons faciles. Et si la plupart des morceaux sentent la nuit sauvage, les penchants occultes et la fascination pour l’après-vie, l’osmose générale indique clairement une recherche de la lumière dans le noir le plus opaque.
Beaucoup de mélodies, de l’amertume, ces dissonances que l’on reconnaîtrait entre mille, la voix de plus en plus caverneuse de SB, Altering Fates and Destinies ne travestit ni le destin ni les évènements à venir, mais en donne une interprétation tout à fait crédible. L’époque est formidablement bien retranscrite par cette superbe pochette signée Khaos Diktator, mais surtout par ces dix morceaux officiels qui utilisent des recettes éprouvées pour imposer leur goût si particulier.
Je sens bien sûr les opinions divergentes pointer le bout de leurs reproches, montrant du doigt crochu le caractère insurpassable d’œuvres comme Disincarnate ou Sublime Dementia. Si ces deux albums consécutifs avaient définitivement établi la réputation d’un groupe travailleur et innovateur, Altering Fates and Destinies n’a pas du tout à rougir de la comparaison, et peut, avec un peu d’enthousiasme se poser comme troisième partie d’une trilogie imaginaire.
Il est très plaisant de constater qu’un groupe flirtant avec les quatre décennies continue de proposer des morceaux durs, construits, ambitieux et structurés. Mais LOUDBLAST n’est pas le patron pour rien. Sa réputation lui permet certes de se distinguer automatiquement de la masse, mais c’est sa générosité qui l’autorise à rester sur son trône.
Titres de l’album :
01. From Beyond II (The Return)
02. Putrid Age of Decay
03. Crystal Skin
04. Miserable Failure
05. He Who Slumbers
06. Son Of Nameless Mist
07. Dark Allegiance
08. Inhale The Void
09. Cursed And Veiled
10. Fortress
11. They’ll Never Catch The Glint of Sunlight Again (Bonus Track)
12. The Path To The End (Bonus Track)
13. Forbidden Pleasure (Bonus Track)
Perso le dernier Mercyless est bien plus percutant .
Pis si Agressor fait du black, alors on est tranquilles
Sans pour autant dénigrer ce dernier album de LOUDBLAST, metalrunner + 1.
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