De Portland nous en revient une des créatures les plus hideuses de l’Oregon, KNELT ROTE, qui depuis ce mois de février à mis à notre disposition sa dernière déjection en date, Alterity, qui se hisse sans mal au niveau de la puanteur des précédentes extractions. Il est vrai que l’affaire avait bien mal démarré. Fondé en 2008, le combo s’était d’abord focalisé sur un genre de Harsh Grind tout à fait superfétatoire, avant de céder aux sirènes de la créativité, pour donner à son boucan immonde un peu plus de relief. Et c’est aujourd’hui avec l’expérience des plus grands désaxés que les américains nous en reviennent, forts d’un parcours allant crescendo, et franchissant à chaque étape une nouvelle marche vers les sommets de l’horreur musicale. On sait de source sûre que le Death Grind est matière répandue dans les bas-fonds de l’extrême, et son rayonnement à tendance à décliner avec les années. Le Black Death (et inversement) ne se montre pas plus original ni téméraire, et préfère rester dans des balises de violence un peu trop confortables pour encore choquer. C’est donc pour cette raison que les cas des KNELT ROTE est presque une exception, puisque tout en restant très fidèles à leur éthique Grind originelle, les originaires de Portland ont profité des années pour le teinter d’une grosse couche de BM poisseux et caverneux, histoire de lui conférer une aura encore plus macabre. En résulte donc un mélange explosif dont on pouvait déjà constater les dégâts énormes sur Trespass il y a six ans, et qui aujourd’hui se voient augmentés d’une explosion aux répercussions encore plus immédiates et létales. Et par extension, malgré un silence inquiétant de plus de cinq ans, Alterity se veut l’album le plus néfaste que vous pourrez écouter en ce froid mois de février, et qui vous gèlera encore plus les sangs de sa puissance phénoménale et de son intelligence brutale.
Il n’est pourtant pas chose facile de fondre en un même creuset d’inspiration des courants aussi absolus que le Grind et le Black. Pourtant, le quatuor (Kevin Schreutelkamp - basse/chant, Lucas Danner - guitare, Gordon Ashworth - guitare/chant et Elias Bloch - batterie) s’en sort une fois de plus à merveille en refusant toute concession, mais en admettant des inclusions dans des territoires hostiles, se lâchant parfois dans des passages Thrash parfaitement incongrus, permettant quelques soli ventrus (« Black Triptych », mais attention, l’exemple est court). La marge de manœuvre n’était pourtant pas énorme, Trespass ayant déjà défriché pas mal de terrain et bouché les rares ouvertures qui restaient, mais ce quatrième longue-durée (après From Without en 2008, et Insignificance en 2010) sait se montrer intéressant de bout en bout, et profite d’un timing serré pour ne pas trop déborder. Et si la liste des anciens/actuels/futurs combos des musiciens en question est aussi longue que le bottin de Portland (ASCENDED DEAD, ENGORGED, LORD GORE, RITUAL NECROMANCY, TERROR OATH, WEREGOAT, WINTER OF APOKALYPSE, VASSAFOR, BACKPATCH, CONCERN, GORDON WILSON ASHWORTH, OSCILLATING INNARDS, SEXLESS MARRIAGE, VILE HORRENDOUS AERIAL BOMBARDMENT, et je ne cite que ceux qui semblent encore héberger ces tarés), c’est certainement parce que ces malades ont plus d’idées à la minute qu’il n’arrive de catastrophe à la seconde dans notre plus si beau monde. Le leur est d’ailleurs parfaitement monstrueux, et leur réalité légèrement biaisée du côté horrifique où elle va sombrer. Si pour les situer, les noms de REVENGE, VERMIN WOMB, PLAGUE WIDOW ou DAGGER LUST peuvent parfaitement convenir, leur autorité en matière de brutalité se passe de référence, ce que « Lachesis » confirme en entame, et en moins de trois minutes.
« Lineage And Dependance » lui emboîte immédiatement le pas, et ne fait pas preuve de plus d’empathie, bien au contraire. Au menu du déroulé, des riffs maladifs mais conséquents, de brutales accélérations, des fulgurances, mais aussi des lignes de chant honnies et vomies qui tissent un troisième tapis rythmique relativement épais. En moins de temps qu’il n’en faut pour hurler « Leprosyyyyyyyy !!! », le quatuor place des dizaines de mini-idées, toutes plus insidieuses les unes que les autres, faisant appel au ressenti le plus primaire des plus élémentaires débauchés de l’extrême actuel. Ajoutez à ceci quelques effets sonores bien moisis, de la grandiloquence presque progressive dans l’ambivalence (« Rumination », sorte de dualité entre la grandeur d’un STRAPPING YOUNG LAD et l’horreur brute des REVENGE), et quelques accès de colère symptomatiques de leur jeunesse pas si perdue que ça (« Genetic Memory » qui unit GRAVE et NAPALM DEATH sans en avoir l’air), et vous obtenez un concept global qui fout les miquettes, mais qui séduit de ses excès. En en matière d’abus, les américains en connaissent un rayon, puisqu’ils osent parfois dépasser le cadre pour tenter le coup de l’évolution. Ainsi, « Othering » brave les éléments pour imposer son torrent d’immondices, et se met à la colle avec le chronomètre pour placer presque cinq minutes d’overdose noisy. Une fois encore, entre les blasts d’un batteur aux mouvements régulateurs, les grognements d’un hurleur qui viole son larynx à chaque intervention, et la malice de guitares qui butinent à tous les râteliers Black, Death et Grind, le ballet est étourdissant de violence comme l’adaptation d’un Mathcore de déments qui aurait cédé aux invocations du Necronomicon. Puissant, véhément, complètement fou, et presque schizophrénique, KNELT ROTE ne semble pas montrer de signes d’amélioration de sa santé mentale, et avance coûte que broute vers l’horizon, ne se fixant aucune limite, mais respectant un cahier des charges de qualité.
Alterity, ou l’altération des sens par négation. Ou tout simplement, l’un des albums les plus intenses et pur dans la violence, que la plupart d’entre vous renieront pour cause d’excès d’urgence. Dommage, parce que des groupes capables de mélanger dans un même jet (« Salience ») MORBID ANGEL, DEATHSPELL OMEGA, BRUTAL TRUTH et GNAW THEIR TONGUES, ça ne court pas les caniveaux. Même dans l’Oregon.
Titres de l'album:
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49