Nous l’avons déjà précisé, mais il convient de le rappeler, et d’en être fier, une fois n’est pas coutume. Mais notre scène Black Metal est l’une des plus fertiles et originales de la planète. Rien d’étonnant à cela connaissant le niveau et la culture de certains de nos musiciens, mais il est tout à fait logique d’être constamment épaté par leur culot en termes de création, et ce, depuis les années 90 qui ont vu exploser le nombre de naissances de combos extrêmes. Mais là où la France se distingue de ses homologues européens ou américains (nord et sud), c’est par sa soif d’expérimentation, ses idées novatrices, et son envie d’extirper le créneau de son bourbier de normalité qui a tendance à noyer la production contemporaine sous un torrent de boue routinière. Et s’il est toujours difficile de passer après les références BLUT AUS NORD, DEATHSPELL OMEGA, NIGHT, MALLEUS MALLEFICARUM, MERRIMACK, et autres SETH et ALCEST, certains albums méritent un respect absolu pour leur déviances sinon nouvelles, du moins personnelles, ce qui est assurément le cas du premier album des lillois d’EDREMERION. Fondé en 2009 dans les Hauts-de-France, ce quintette (R & T - guitares, N - batterie, V - basse et PEB - chant) a déjà publié deux EP (Edremerion en 2012 et Trou Noir Metal (Verschlimmbessern) en 2015), suffisamment bons pour avoir été remarqués par la presse digitale internationale, dont le site de référence No Clean Singing, ce qui en dit long sur leur qualité…Et c’est en cette fin d’année que le groupe a choisi de s’exprimer en version longue-durée, nous offrant cet Ambre Gris, dont plusieurs extraits ont été révélés sur ce site même. Et si « Deûle » et « Ambre Gris » laissaient présager du meilleur pour ce premier effort, les trois titres qui les accompagnent ne déçoivent pas, bien au contraire…
Bénéficiant d’une bonne distribution via les services conjoints du label français Anesthetize Productions et de son homologue biélorusse Symbol of Domination Productions, EDREMERION risque donc de faire entendre son nom et sa musique bien au-delà des frontières géographiques et de style, tant son BM expérimental est probant, violent, créatif et provocant. Bien plus audacieux d’ailleurs que réellement d’avant-garde, Ambre Gris est en quelque sorte une synthèse parfaitement ahurissante des divers courants du genre, prônant une brutalité de fond et une dissonance de ton en parallèle, permettant à de très longs morceaux de proposer un nombre conséquent d’idées, toute aussi furieuses les unes que les autres, mais aussi très déstabilisantes tout en restant incrustées dans le cerveau. Sans se revendiquer d’une paternité particulière, les lillois imposent leur patte, faite de chant scandé ou hurlé, de guitares norvégiennes, et d’une rythmique polyvalente, évoquant au choix notre scène nationale la plus contemporaine ou les racines nordiques les plus indispensables. Avec cinq morceaux seulement pour quarante-trois minutes, dont aucun ne trébuche sous la barre des sept minutes, le quintette a pourtant pris tous les risques, mais le talent naturel des instrumentistes leur a permis de toujours dénicher le plan idoine pour faire rebondir une construction, passant sans vergogne d’un Metal extrême discordant (« Déchets Nés », et son phénoménal riff catchy prenant par surprise après presque vingt minutes d’agression non-stop), à des tendances aléatoires sur le title-track, se terminant en queue de poisson sans que le silence ne nous perturbe plus que ça.
C’est donc le résultat d’un énorme travail de composition qui nous est livré clés en mains, et autant dire que ce premier album à de sérieuses allures de classique auquel on fera encore référence dans une bonne dizaine d’années. Pour autant, pas de subterfuges, pas de délire organisé, juste un BM solidement construit, et très progressif dans ses termes, qui ne tombe jamais dans le piège de la déstabilisation gratuite ou les effets de manche. En se rapprochant à intervalles réguliers d’influences indirectes, EDREMERION nous livre un joli lot d’hymnes libertaires intenses, et provoque la perfection sans la rechercher. Dotés qui plus est d’un son clair et ample, les lillois jouent crânement leur jeu, et transforment tous les essais, validant tous les espoirs placés en eux. Et rares sont les groupes à pouvoir évoquer DISSECTION, PESTE NOIRE et DEATHSPELL OMEGA à quelques minutes d’intervalle, tout en gardant leur personnalité propre intacte et leur intégrité immaculée. Bien que les ténèbres soient évidemment maîtresses en cette réalisation, on sent que pour les cinq musiciens, la lumière est une composante importante de leur travail, ne serait-ce qu’à cause de ces mélodies décharnées et éparses qui constellent certains morceaux, dont « Déchets Nés » est décidément le meilleur exemple. En moins de huit minutes, plus d’idées sont étalées au grand jour que sur des albums entiers, et on reste admiratif de cette progression en decrescendo, qui débute sous des auspices de BM épais pour se terminer sur une outro harmonieuse presque Post dans les faits. Mais là est le génie de ce groupe (n’ayons pas peur des mots quand ils sont justifiés), capable de passer d’une couleur musicale à une autre sans perdre le fil de sa narration, ce que les deux morceaux lancés en éclaireurs nous avaient laissé entrevoir.
En partant de ces postulats, incontestables pour qui a un minimum de culture musicale extrême, inutile de tourner autour du pot et de nier l’importance d’un album qui ne se contente pas de réutiliser des formules usées jusqu’à la corde du pendu. Car de « Deûle » à « Déchets Nés », aucune scorie à recenser, et le final orgiaque « ...Mais les étoiles ne sont pas pour l'Homme » ne déroge pas à la règle. Et on se prend à deviner qu’Ambre Gris saura trouver sa place dans toute discothèque BM digne de ce nom entre la fulgurante épitaphe Nothing Left to Fight For des regrettés MALLEUS MALEFICARUM, et l’insurpassable Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum des DEATHSPELL OIMEGA, sans avoir cherché à copier l’un ou l’autre. Et au jugé d’un nombre hallucinant de riffs outranciers mais parfaitement hypnotiques, de l’utilisation d’espaces négatifs et positifs toujours bien positionnés, de rares arrangements pertinents noircissant le panorama, d’idées d’intro absurdes mais jamais hors-contexte, et de l’implication totale d’un chanteur qui incarne et ne se contente pas de pousser les grognements de base, le bilan final est digne du meilleur LP d’un groupe confirmé depuis des années, ce qui laisse songeur sur la marge de progression d’EDREMERION…Mais sans spéculer sur un avenir qui n’a pas encore eu lieu, il conviendra d’apprécier Ambre Gris pour ce qu’il est, à savoir l’un des meilleurs LP de BM de l’année, qu’on l’envisage sous un jour purement extrême, ou par le prisme avant-gardiste dont il ne souhaite pas incarner un reflet bien particulier.
Titres de l'album :
01. Deûle
02. Lèpre
03. Ambre Gris
04. Déchets Nés
05. ...Mais les étoiles ne sont pas pour l'Homme
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