Non, les musiciens Brésiliens ne se contentent pas de jouer du Black teigneux ou du Thrash fiévreux, ils peuvent aussi se répandre dans les joies d’un Hardcore vraiment furieux, ce que démontre avec véhémence et violence le quatuor SCUMBAG!, qui nous offre donc depuis le mois de mars ses vues sur un Core à tendance Crust de première catégorie, qui va piocher son inspiration tout autant dans son patrimoine que dans les enseignements d’Amérique du Nord des années 80.
Peu d’informations à leur sujet, si ce n’est sur leur Bandcamp qui nous révèle l’existence d’une démo fin 2016, et de ce premier LP, distribué par la structure nationale Disease Records, sans pour autant cacher ses aspirations DIY, typiques du mouvement.
SCUMBAG!, c’est d’abord quatre musiciens (Marvin – chant, Espasmo – guitare, Chad – basse et Jorge – batterie), mais surtout une attitude plutôt frondeuse et un Hardcore assez sombre aux inflexions aussi rapides que ténébreuses. Une certaine vision de la vie au Brésil, via le prisme musical de ces originaires de Petropolis, la fameuse « Cité Impériale » lusophone, située à une soixantaine de kilomètres de Rio.
Pas grand-chose de plus à se mettre sous la dent hors constitution et location géographique, mais en écoutant cet initial Ameaça Para a Sociedade (Menace pour la Société en VF) vous apprendrez tout ce qu’il y a à savoir sur la scène Core brésilienne, aussi abrasive et violente que ses homologues internationales, quoique légèrement plus âpre que son équivalent Nord-Américaine, et assez Rock’n’Crust dans ses fondements. Un peu comme si les RATOS DE PORAO, MADBALL et DISCHARGE avaient adopté un jeune prodige du style, pour le transformer en machine de guerre Hardcore implacable et irrésistible.
SCUMBAG! fait donc honneur à son patronyme au travers des dix morceaux de ce premier LP, qui ne contient aucun temps mort et très peu de redites, même si l’inspiration couvre trente années du style pour en présenter un panorama presque exhaustif.
Entre rythmiques en mid tempo boostées par des riffs vraiment costauds, et envolées de vélocité implacables et échevelées, Ameaça Para a Sociedade est suffisamment varié pour ne jamais lasser, même si les ambiances à la DISCHARGE semblent consteller son ciel de rage et de haine envers l’adversité. C’est relativement patent sur des morceaux au tempo médium comme « Mantenha-se firme » qui adapte aux standards lusophones les échos gravissimes de Hear Nothing, ou même sur l’accablant « Eu me Odeio Duando Não ando de Skate », qui reprend les accents de la guitare de Bones tout en les confrontant sans préparation à de furieuses embardées Thrashcore de première fournée.
Mais les Brésiliens savent aussi préparer leur propre tambouille avec leurs propres ingrédients, et s’en tirent même avec les honneurs, comme le démontrent sans ambages les malicieux « A lei do mais forte », et ses samples assombris de riffs orageux, ou « Desprezível » qui parvient à nous plaquer au sol de son groove dégénérant assez souvent en Crust light tout à fait prenant.
Production sèche et sans fioritures, mixage équilibré aux fréquences un peu étouffées, l’underground brésilien sait faire parler la poudre et garder une éthique indéniable, en troussant de petits hymnes à la violence locale, s’abritant sous l’ombre d’influences manifestes tout en acceptant d’affronter la chaleur d’un soleil plus personnel.
C’est terriblement bien joué, avec une colère somme toute assez symptomatique du NYHC des années 90, mais exprimée avec une spontanéité typiquement Sud-Américaine (« Eu não vou mudar »).
Même en version plus développée, le quatuor parvient toujours à trouver des idées pour se renouveler, comme le démontre le long et éprouvant « Bolsonazi cuzão », qui pendant plus de trois minutes égrène les semis du ressenti, en osant des saccades plus classiques, sur lesquelles rebondissent les vocaux toujours très pertinents de Marvin, dont le phrasé heurté s’accommode très bien de ces poussées de fièvre soudaines qui rendent les morceaux épidermiques.
Juxtaposition de rythmiques up et Crust, guitares qui ne bavardent pas dans le vide, et textes adaptés à la rage d’un combo vraiment survolté, Ameaça Para a Sociedade est le cri du cœur d’une génération de musiciens épuisés par la corruption, et qui hurlent leur désarroi sans modération.
Offensifs en version compacte (« Ofensivo pra caralho » gros pavé dans la tronche qui une fois de plus cite DISCHARGE dans le texte, en plus virevoltant s’entend), les SCUMBAG! tentent même avec brio le coup de la citation finale en reprenant avec déférence un classique des 7 SECONDS, « We're gonna fight », qui apporte un peu de légèreté street à leur pamphlet, mais qui s’accorde très bien avec le reste de ce premier jet.
Références, personnalité, puissance et variété, ce premier album des originaires de Petropolis est appelé à vite devenir un classique du genre, sans en faire trop, mais en allant suffisamment loin pour ne pas trop s’empêtrer dans le démarquage trop marqué.
Efficace et malin, Ameaça Para a Sociedade est un disque à cheval entre le passé des 80’s et un présent pas plus réjouissant, mais vous permettra de vous extérioriser pendant presque une demi-heure pour vomir votre bile sur un quotidien parfois un peu trop dur à supporter.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30