Americana Shred

The Great Kat

17/07/2024

Tpr Music

Je tiens à préciser que cette chronique a été rédigée sous la contrainte. Je suis en ce moment dans la cave de THE GREAT KAT, attaché avec une paire de menottes roses à un phallus de plastique géant, les oreilles en sang, en train d’admirer les paupières collées la prestation de cette divine guitariste au goût fin et sur. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir avant que mon cerveau ne fonde, mais pour le moment, je résiste tant bien que mal en m’accrochant à quelques souvenirs de ma vie d’avant : les pâtes, YouPorn, Netflix et les bonbons Haribo en boîte de 500 grammes (et la crème Nivea pour les pieds).

Je suis enfermé dans cette cave depuis des années, et très régulièrement, outre une pitance que vomirait un chien errant, la musicienne descend pour me donner un récital spécialement élaboré, à moi tout seul, son esclave auditif. Tout y est passé. Rossini, Beethoven, Paganini, Bach, Dvorak, Liszt, Chopin, Offenbach, Mendelssohn, Schubert, Ravel, Tchaikovsky, les mangas, les jeux vidéo, la culture nippone, le tout mis en scène de façon éclatante à grand renfort de maillots de bain, de lingerie fine et de maquillage à la truelle.

Je me suis longtemps demandé ce que j’avais pu faire à Dieu pour qu’il me punisse de cette façon. Mais je crois que mon sort a été scellé il y a fort longtemps déjà, lorsque j’avais apprécié, comme quelques milliers d’autres le premier album de THE GREAT KAT, Worship Me or Die, qui était resté dans ma playlist pendant quelques mois. La belle m’avait alors repéré, d’autant que j’avais insisté en acquérant Beethoven on Speed. Après quelques années de silence, alors que l’inquiétude me rongeait plus efficacement que la rouille sur la voiture de mon beau-frère, THE GREAT KAT était sortie de sa tanière, pour reprendre les choses là où elle les avait laissées, mais en pire.

Foin du professionnalisme, point d’ambition, juste des sorties à une cadence d’abord rapide, puis hallucinante. Et lorsque j’ai eu le malheur d’acheter à un malandrin (très fourbe) une de ses compilations en prenant soin de retourner le carton d’adhésion à son fan-club, je me suis réveillé dans la dite cave, simplement vêtu d’un slip en latex, et bâillonné par une boule en plastique.      

Voilà donc à quoi se résume mon existence. De l’ennui, de la bouffe immonde, l’odeur de l’humidité, et cette folle furieuse qui s’astique le manche toutes les cinq minutes en face de moi. Mais tout ceci est évidemment faux. Car je suis assis chez moi, devant mon PC, à vous parler d’une « œuvre » qui finalement, décrit très bien les intentions de son autrice.

Tout ceux ayant grandi dans les années 80 ont entendu parler de THE GREAT KAT à un moment ou à un autre. Beaucoup connaissent ses deux seuls albums sérieux, joués dans un vocable Metal certes apocalyptique, mais tout à fait crédible. Depuis cette décennie de tous les excès, la musicienne a rejoint l’underground qu’elle n’aurait jamais dû quitter, et produit depuis quelques années des pelletées de singles et de formats moyens, à peu près aussi rapidement que les Balkany font un malaise pour éviter la prison.

Faites-vous plaisir, et allez consulter la page The Metal Archives consacrée à la demoiselle. Vous y trouverez une myriade de références, dont des dizaines pour ces deux seules dernières années. Un véritable festival de productions, toutes plus cheap les unes que les autres, flanquées de pochettes à donner la nausée aux nostalgiques de Paint et des Skyblogs, et cachant une poignée d’adaptations de classiques repris à la sauce gravos.

Le jeu peut être drôle, mais sur la durée, votre système nerveux finira par vous lâcher. J’ai moi-même tenté l’expérience d’en écouter une bonne dizaine, j’ai dû multiplier par trois les rendez-vous chez les psychologues les plus réputés. Car Katherine Thomas, cinquante-sept ans bien tapés n’a pas changé, et reste toujours cette barge que l’on a connu il y a des décennies.

Dernier méfait en date, le patrimoine américain. Un EP consacré à quelques standards de l’Americana, joués à la louche, et enregistrés par une mouche perdue sur la console de mixage. Evidemment illustrés d’une vidéo à mourir de rire (le mérite de ses clips est qu’ils ne se prennent pas au sérieux…), chacun de ces treize morceaux nous ramène à la tradition américaine, avec tout plein de « hi-ho ! », de « cowboy ! » et de violon à la Charles Ingalls sous LSD.

Maquillée comme une voiture volée à la frontière roumaine, fagotée comme une Afida Turner en vacances à Dubaï-sur-Oise, THE GREAT KAT nous renvoie dans le far-west à Thanksgiving pour célébrer l’esprit conquérant d’un pays dont elle porte les couleurs avec fierté. Une sorte de petite sœur de Ted Nugent légèrement agitée, qui se fait plaisir et rassasie sa fanbase avec des douceurs dont elle a le secret. Pas plus d’une minute par titre, un quart d’heure de jeu, et bonne nuit les petits.

Enfin, faut-il encore avoir envie de dormir après avoir entendu un truc pareil.

 

        

Titres de l’album :

01. On Top of Old Smoky

02. Home Sweet Home

03. Hickory Dickory Dock

04. Amazing Grace

05. Home on the Range

06. Beautiful Dreamer

07. Yankee Doodle Shredder

08. Oh Shenandoah

09. Taps

10. She’ll Be Coming ‘Round the Mountain

11. Michael, Row the Boat Ashore

12. Swing Low, Sweet Chariot

13. Turkey in the Straw Fiddle


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par mortne2001 le 19/07/2024 à 17:01
40 %    168

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Humungus
membre enregistré
23/07/2024, 07:58:16

La drogue c'est mal, m'voyez... ... ...

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