Les Acteurs de l'Ombre occupent le terrain en ce mois d’octobre, via deux réalisations d’importance. La première, objet cette chronique, est le tant attendu deuxième album du duo LUNAR TOMBFIELDS, un an à peine après son émergence sur la scène avec l’impressionnant The Eternal Harvest. Nous étions nombreux à espérer une suite à la hauteur de l’original, et LUNAR TOMBFIELDS ne nous a guère déçus. Au contraire, le culte qui lui est voué risque fort de trouver de nombreux disciples, tant la musique jouée est passionnante, émotionnelle, froide et désespérée. Au point d’avoir un mal fou à la définir, sans tomber dans les lieux communs.
Äzh (guitare/batterie, NATREMIA, RüYYn (live), ex-DEFENESTRATION, ex-ANGOISSE) et M (guitare/basse/chant, ABSOLVTION) n’ont donc pas eu besoin de prendre leur temps pour relever le défi, et ce deuxième chapitre de l’histoire déborde d’énergie, de haine, de misanthropie et de mélodies biscornues, tournoyantes, évoquant tout autant la scène Post-Black française que les racines norvégiennes les plus traditionnelles. Ainsi, l’étiquette Black Metal atmosphérique devient un peu vaine, tant ces six nouveaux titres développent des arguments complexes, et déroulent des structures ambitieuses.
Notons en préambule - et une constante dans l’écurie des Acteurs - cette production gigantesque qui donne le sentiment de faire partie d’une pièce jouée à guichets fermés par deux acteurs au sommet de leur art. Les guitares semblent aussi résignées qu’effilées, le chant, habilement sous-mixé émerge d’un ailleurs que l’on ne souhaite pas vraiment visiter, et la rythmique, tour à tour processionnelle et martiale permet d’apprécier toute la rage d’un BM vraiment cru dans le fond, mais sophistiqué dans la forme.
Enregistré au Heldscalla Studio, mixé et masterisé au Drudenhaus Studio, An Arrow to the Sun est un témoignage vivant du renouveau de la scène extrême française. Si l’on sait ses membres hyperactifs et éparpillés dans de nombreux projets, certains noms garantissent une cohérence et une volonté d’exploration, pour renouveler le vocable d’un Black Metal aussi lancinant que puissant, opposition fortement marquée par les morceaux les plus longs et progressifs.
Progressif, le mot est lâché, auquel on peut substituer celui d’évolutif. Les LUNAR TOMBFIELDS ne se contentent donc pas d’humeurs nostalgiques ou cruelles, et construisent leur scénario comme un professionnel de la tension oppressante.
Avec un titre et une pochette que NEUROSIS aurait pu faire siens, An Arrow to the Sun décoche un carreau en direction du soleil, pour le stimuler, et ainsi, défier les Dieux et la science. Celle utilisée ici est exacte, entre passages lourds et envolées rapides, pour mieux déstabiliser l’auditeur et le perdre dans un dédale d’émotions, colère, peur, terreur, nostalgie, oubli, déni, et même, pourquoi pas, espoir d’un jour meilleur qui se lèvera comme les autres matins.
Ce matin justement, mon quotidien a été bercé par « Représailles », longue progression qui alterne les ressentis pour sonner comme la bande-son d’une fin du monde programmée. On se laisse aller à une dérivation dans les étoiles, on regarde les cimetières de l’espace, et on réalise que la terre en est devenue un de proportions effrayantes, gardant l’illusion d’êtres humains encore valides alors même que leur sort est scellé. Si les riffs se reposent largement sur le dictionnaire du Post Black et du Black atmosphérique, si les constructions, aussi habiles soient-elles gardent prise avec la culture extrême la plus connue, le tout dégage un parfum de condamnation ou de sentence prononcée sans bafouiller.
Cinq longs morceaux, une intro, pour un voyage sans retour, à la mode Icare, les ailes enflammées et les regrets suintant des blessures. Loin des atermoiements de la plupart des groupes affiliés au Black atmosphérique, LUNAR TOMBFIELDS creuse un fossé avec la concurrence, et utilise cet exutoire magnifique pour exprimer son individualité, quelque part entre tous les poulains de son haras.
M, toujours aussi écorché se racle la gorge comme un cancéreux qui se débarrasse de ses glaires dans le lavabo, et nous raconte des histoires à la fin peu enviable, avec cette théâtralité crue que seuls les plus sincères maîtrisent. De fait, « As Iron Calls, So Pile the Dreams », entre le BATHORY le plus sentencieux et l’ALCEST le plus vicieux nous arrache les tympans de sa lancinance obsédante, le cœur balancé par un rythme lent et lourd, et l’âme torturée par des harmonies acides.
Avec le renfort de mélodies acoustiques et de silences intelligemment utilisés, LUNAR TOMBFIELDS confronte la scène BM actuelle au Folk des années 70, mais ne se gêne pas pour déformer la distorsion, histoire de la rendre encore plus criarde pour les oreilles.
Aucun filler pour gagner du temps, mais surtout, aucune répétition, ce qui est un sacré exploit lorsqu’on évolue dans de tels cercles. Chaque titre est unique en soi, avec une âme animée des plus mauvaises intentions, parfois proche du Post-Hardcore des nineties (l’intro de « The Amber Her » sent le NEUROSIS trempé dans du MAYHEM à plein nez), mais beaucoup plus souvent lovée dans le creux d’un Heavy Black aussi entrainant que surprenant.
Déjà un classique en devenir, An Arrow to the Sun est un travail d’archer confirmé qui ne manque jamais sa cible. Une cible heurtée en son centre en six reprises, avec une dernière flèche plantée dans la queue de la précédente sur le tir « Le Chant des Tombes ». Point culminant d’un disque parfait, qui contentera de la même façon les amateurs de Black traditionnel que les accros au culot opportuniste, « Le Chant des Tombes » permet de refermer la légende sur une note grandiloquente et acerbe, et confirme la position enviable de LUNAR TOMBFIELDS sur la scène.
Une délicieuse matinée, en compagnie de deux musiciens exigeants et pointilleux.
Titres de l’album:
01. An Elegy to the Fog Dancer
02. Solar Charioteer
03. Représailles
04. As Iron Calls, So Pile the Dreams
05. The Amber Her
06. Le Chant des Tombes
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36
Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.
03/05/2025, 21:31
En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".
03/05/2025, 19:37