Quand on vous affuble d’un statut réducteur, ça peut vous coûter cher. Ainsi, chez nous, les VULCAIN ont souvent été désignés comme les MOTORHEAD français, ce qui a eu le don de leur aliéner une frange assez large du public. Les allemands de SLAUGHTERDAY sont quant à eux considérés depuis leurs débuts comme les AUTOPSY allemands, ce qui est aussi réducteur. A peu près autant que désigner LIZZY BORDEN comme l’IRON MAIDEN américain, ou CRIMSON GLORY comme un QUEESRYCHE du pauvre. Mais s’il est certain que ces originaires de Leer ont effectivement bien des points communs avec le groupe de Chris « shitfun » Reifert, ils n’en gardent pas moins une identité assez personnelle, composé comme le monstre de Frankenstein de pièces rapportées, du cimetière ou non. On sent dans leur musique, depuis leurs débuts, des réminiscences d’ENTOMBED, de BOLT THROWER, de DEATH, en gros, de la quintessence du Death international des premières années, lorsque la mort commençait à déborder des égouts trop pleins.
Fondé en 2010, le groupe ne s’est pas égaré sur les routes de la complaisance, et nous a déjà offert deux longue-durée en 2013 (Nightmare Vortex) et 2016 (Laws of the Occult). Entre les deux, un EP (Ravenous), avant, une démo (Cosmic Horror), depuis un split avec les PHANTOM CORPORATION, puis un autre EP (Abattoir). Une discographie conséquente, et des apparitions régulières sur la scène, pour un Death Metal évidemment traditionaliste pour ne pas dire passéiste : c’est pourtant ce qu’il est. Et ce troisième album, si peaufiné par les groupes est toujours un virage difficile à négocier, l’erreur de jugement pouvant vous enterrer éternellement dans une tombe d’approximations douteuses ou de classicisme trop prononcé. Pour composer cet Ancient Death Triumph, Jens Finger (guitar/basse) et Bernd Reiners (chant/batterie), ne se sont pas posé de problème inutile. Ils ont continué sur leur lancée morbide et puissante, et nous ont livré une sorte de synthèse parfaite de leur art le plus macabre. C’est ainsi que nous retrouvons avec un plaisir malsain ces riffs d’outre-tombe, qui sonnent juste assez suédois pour nous coller la chair de poule, sans oublier de les enrober dans une ambiance à la MORGOTH.
AUTOPSY, MORGOTH, ENTOMBED, BOLT THROWER, voilà pour les références, citées une bonne fois pour toutes. Enregistré, mixé et masterisé au Soundlodge Studio par Jörg Uken, Ancient Death Triumph a le son, de ceux qui vous obligent à porter une doudoune pour ne pas congeler sur place, et à garder dans votre poche une torche puissante pour ne pas vous perdre dans le dédale de la nécropole. En travaillant toujours aussi amoureusement les ambiances sans négliger leur force de frappe unique, les eux allemands nous livrent donc un concentré d’horreur en musique, le genre d’album qui aurait pu indifféremment sortir en 1991, 2002 ou 2020, et qui en appelle au traditionalisme le plus poussé. Oui, les SLAUGHTERDAY se vautrent dans la fange historique, mais ils le font comme deux gorets dont la boue raffermit la couenne, et avec un plaisir non feint. Le chant de Bernd Reiners est toujours aussi graveleux et rauque, suivant son modèle Reifert, la batterie concasse même les petits morceaux de crâne, alors qu’en arrière-plan, la guitare mouline comme une trancheuse à jambon, pour ne laisser aucune pièce de viande sur les os. C’est- évidemment très bien fait, déjà entendu des dizaines de fois, mais cette façon de mélanger les courants morbide est assez efficace dans les faits, et le savoir-faire du duo est toujours intact, malgré une décennie de sévices au service d’une musique aussi putride qu’un cadavre en pleine décomposition l’été.
Les amateurs de sensations inédites en seront pour leurs frais, mais les passionnés sauront reconnaitre les leurs, une fois encore, et savourer cette tranche de mort qui s’avale comme une capsule de cyanure. Pas de réelle surprise, pas de surprise du tout d’ailleurs, juste de l’excellent Death Metal braillé comme un psychopathe en goguette dans les cimetières pour se masturber sur une vielle tombe abandonnée. Et de « Ancient Death Triumph » à « Thumb Hang », on passe en revue toutes les astuces, on laisse même la basse rouler comme une pierre qui scelle un caveau, on alterne avec flair mid et up tempo, et on reste surtout dans les balises pour ne pas passer pour des provocateurs. Inutile de chercher le moment fort de l’album, puisque son intensité ne baisse jamais, même si j’avoue un penchant naturel pour « Malformed Assimilation », grave et multiple à souhait, avec son petit break de percussions tout à fait primitives.
Certes, j’en conviens, le tout devient un peu roboratif une fois la demi-heure passée, mais avec quelques inserts mélodiques et des breaks un peu moins convenus, le duo s’en tire avec les horreurs sur les dix dernières minutes, nous réservant encore quelques riffs rigides et quelques cris bien flippants. Au demeurant, on remarquera le caractère foncièrement traditionnel de cette troisième réalisation, qui sans s’éloigner des canons AUTOPSY, parvient à intégrer du matériel moins connoté. Une sortie qui correspond aux désirs de son époque, et qui joue avec la nostalgie comme un chat avec une pauvre souris.
Titres de l’album:
01. Decarnation
02. Ancient Death Triumph
03. Expulsed from Decay
04. Impenitent Agony
05. Spawn of the Incubus
06. Apocalyptic Dreams
07. Malformed Assimilation
08. Discarnate Forces
09. Thumb Hang
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