Le label mexicain de ce groupe colombien nous prévient en amont que cet album ne fait pas partie de cette catégorie de réalisations modernes et génériques, triggées jusqu’à la moelle et truffées d’arrangements en forme de gimmicks. On comprend assez vite que le propos se situe sur un plan nostalgique et analogique, et il conviendrait dans ce cas de prévenir les responsables d’Iron, Blood & Death Corp que cette démarche constitue aujourd’hui plus de soixante pour cent de la production mondiale, spécialement celle exportée des pays d’Amérique du Sud et de Scandinavie. Mais à la rigueur, nous pouvons excuser la maison de disques de ne pas se tenir au courant de l’actualité et d’avoir foi en ses poulains qui d’ailleurs n’en sont pas à leur coup d’essai. Nous en venant de Popayán, les EVIL WHIPLASH comme leur nom peut l’indiquer ont commencé leur carrière en tant que tribute band de METALLICA, avant de dévier vers un style plus personnel, toutefois ancré dans les origines du célèbre combo californien. C’est donc à un produit totalement vintage auquel nous sommes encore confronté, qui joue avec les frontières de style, et qui s’ancre dans une tradition de Speed/Thrash légèrement evil sur les bords, ce qui justifie amplement le baptême choisi. Les colombiens ont d’ailleurs eu largement le temps de le roder, puisqu’en plus de quinze ans d’existence, ils en sont à leur troisième LP, dix ans après un initial Rituals of Punishment et cinq ans après sa suite Beyond Dimensions, qui posaient les bases et les développaient autour de fondations extrêmes assez raisonnables dans les faits.
Le trio (Rubén "Evil Dozer" - guitare/chant, Jhon Jairo Talaga - basse et Julián "Metal" Ruiz- batterie/chœurs) nous propose donc avec cet Ancient Magical Spells un survol du grimoire evil Metal des années 80, avec de sérieuses références à toute la vague brésilienne du Bestial Thrash, mais aussi des clins d’œil plus localisés en Europe à VENOM, DESTRUCTION, BULLDOZER, voire au Canada d’EXCITER et RAZOR. Joli panel d’influences donc pour des musiciens qui connaissent leur boulot et le font avec entrain et enthousiasme. Loin d’une simple accumulation de plans plus diaboliques qu’une frange de Cronos, les EVIL WHIPLASH proposent de véritables morceaux tout aussi emprunts de la joie NWOBHM que de l’extrême naissant des années 83/84, avec en trame de fond cette volonté de conférer à leur musique une petite patine progressive dans l’occulte parfaitement délicieuse. J’en prends pour preuve ce fabuleux « Mystery of Fire », qui avec ses licks à la tierce et son chant délicieusement rauque nous entraîne vers un passé sombre mais exubérant. Multitude des riffs, des thèmes, nombreuses cassures, atmosphère aimablement déliquescente, pour un art consommé de l’évolution de construction, et un LP qui va bien plus loin que la majorité des produits estampillés vintage encombrant le marché de leur conformisme. D’ailleurs les hymnes paillards de VENOM ont dû être largement disséqués par les colombiens, qui en proposent leur version avec l’imparable « Demonio », qu’on aura facilement pu retrouver sur Welcome to Hell ou Black Metal. Toutefois, il n’est pas question de plagiat ici, mais bien d‘hommage, et il n’est pas dommage que le trio ait suivi une voie différente de celle de ses homologues les plus convenus.
Je ne vais bien sûr pas vous mentir en arguant du fait que ce trio est peut-être capable de révolutionner la mouvance nostalgique en vogue depuis plus d’une décennie, mais il serait injuste de nier qu’ils ont des arguments convaincants, et que leur melting-pot sympathique couvre un spectre assez intéressant. Il suffit pour s’en persuader d’écouter le miraculeux « Lord of Dead », capable d’évoquer DIAMOND HEAD, VENOM, MANILLA ROAD, HAUNT, et de développer en plus de six minutes autant d’idées que certains combos sur toute leur discographie. La voix magiquement rauque de Rubén "Evil Dozer" ajoute une patine légèrement Black au concept, mais ces soli mélodiques typiques de l’orée des eighties, ces accélérations rythmiques créant un décalage avec cette guitare légère et volubile permettent aux EVIL WHIPLASH de se démarquer de la masse grouillante de recycleurs aux automatismes un peu fatiguants et souvent obsédés par des plans inventés il y a trois décennies. L’ensemble à même un léger côté amateur, comme un premier LP enregistré il y a quelques années, et le tout s’écoute avec un réel plaisir, sans forcément s’appuyer sur des astuces faciles de souvenirs encore vivaces dans les mémoires. De plus, contrairement à d’autres groupes qui se contentent de reproduire à l’identique un morceau fort sur l’intégralité d’un album, les trois colombiens font l’effort de proposer des titres aux ambiances différentes, comme en témoigne le très évolutif « Vudú Insurrection » qui nous ramène aux primes années d’un Heavy Metal encore un peu occulte, mais déjà tourné vers l’avenir.
Un son plus que correct achève de transformer ce troisième LP en réussite presque totale, et les amateurs de mélodies noyées dans une énergie de tous les diables sauront reconnaître les qualités d’un groupe qui a pris son temps pour proposer autre chose qu’une photocopie plus ou moins habile.
Titres de l’album:
01. Descending to Hell
02. Primordial Destroyer
03. Mystery of Fire
04. Demonio
05. Lord of Dead
06. Predatory Spirit
07. Vudú Insurrection
08. Necromancia
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