Après un premier EP à la pochette fort remarquée et remarquable (Darkness Process, 2017, Infernö Records), les grenoblois de SACRAL NIGHT nous en reviennent avec un LP dans la musette, distribué par le label italien Metal on Metal Records. Ancient Remains est donc le véritable premier jet de ce quatuor atypique au pedigree remarquable (Amphycion – basse/chant, SANCTUAIRE, ex-ALDAARON, ex-ELVENSTORM, ex-NECROWRETCH, ex-DIOKHAN, ex-DREAMING SOUL, ex-GHOST, ex-PRISONER, Mörkk – batterie, ALDAARON, ORDALIE, SANCTUAIRE, Laurent Buk – guitare, ELECTRIC SHOCK, et Marc Crapud – guitare, ASTAROTH, REGIMENT, CHAROGNE, ex-AORLHAC, ex-PESTE NOIRE), au line-up renouvelé mais à la foi intacte. Toujours aussi prompt à échapper aux étiquettes, les originaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes continuent donc leur exploration d’un Metal extrême pluriel, en convergence des courants, et entremêlant Heavy traditionnel, Death d’ambiance et Black de circonstance, proposant donc un cocktail occulte et fascinant. Sans vraiment s’ancrer dans un mouvement particulier, le groupe explore donc des possibilités, peaufinant la noirceur de sa musique tout en l’illuminant de mélodies prononcées, aboutissant à un Crossover assez troublant se situant à équidistance du Heavy épique et classique et de son pendant noirci contemporain, ce qui pourra déstabiliser les plus formalistes d’entre vous. Toujours truffé de riffs inventifs, le Metal des grenoblois a su créer son propre univers, sans références trop évidentes pour être remarquées, mais concrètement assez difficile d’accès pour ceux qui aiment une approche plus directe. Neuf morceaux, courts, concis, élaborés, simples dans les fondements mais complexes dans le rendu, qui hésitent entre puissance purement Death/Black à l’ancienne et tradition Heavy harmonique, et qui profitent d’un niveau instrumental individuel notable. Rien qui ne puisse bousculer la hiérarchie mondiale, mais de quoi passer un moment plus original que la moyenne.
Depuis le premier EP, c’est donc Amphycion qui se charge du chant, et voilà qui pourra gêner les plus féroces. La voix du bassiste/chanteur est en effet assez dramatique et théâtrale, et provoque un décalage avec les passages instrumentaux les plus sombres, un peu à la manière d’un DEATH SS soudainement converti aux joies des atmosphères BM des années 90. Le côté uniforme de l’album lui permet d’assurer une cohérence assez tangible, et j’admets avoir craqué pour ses intonations grandiloquentes qui affirment encore plus la singularité du projet, sans le handicaper d’un lyrisme malvenu. Et si les sites de référence aiment à rapprocher les français de groupes comme SATAN’S HOST ou TRIBULATION, il est assez difficile d’ancrer ce Heavy occulte à une mouvance particulière, puisqu’on peut y trouver des éléments de BM national par touches fugaces, des emprunts à MERCYFUL FATE, OPETH, à la vague old-school US du moment, mais aussi aux prémices de l’extrême français des nineties, sans aller jusqu’à évoquer la scène BM de la même époque. Mais le tout est intrigant, délicieusement sombre, et si le point faible de l’entreprise se cache derrière l’uniformité de morceaux qui finalement partagent bien des points communs, le tout se déguste comme une sorte de faux concept album voué à la noirceur musicale la plus absolue. Je parlais donc de décalage entre l’instrumentation et l’interprétation, et là est la véritable force d’Ancient Remains. Il est possible en effet d’y voir une tentative de groupe purement Heavy des eighties d’anticiper les vagues les plus violentes des années à suivre, avec une projection par divination des postures les plus agressives. Le tout est habile, extrêmement bien joué, évitant les ficelles des clichés les moins pardonnables, et lorsque la rythmique s’emballe, l’effet produit est hypnotique, semblant émaner de la fin des temps (« Unhinged Before Horror »). Tout ou presque est d’ailleurs formidablement bien résumé dans le titre d’ouverture qui instaure un climat de déliquescence purement Black Heavy, avec ce chant maniéré en arrière-plan, noyé dans l’écho de guitares occupant le premier plan de leurs motifs à la CANDLEMASS de pleine lune. Parfaitement en place, les musiciens connaissent leur partition, et la jouent avec conviction, profitant d’une production un peu passéiste à la basse sous-mixée, pour imposer des tableaux d’horreur ne sombrant toutefois pas dans les travers d’un Horror Metal trop cheap pour impressionner.
Outre ces lignes vocales qui rebuteront les amateurs de grognements moins créatifs, mais plus adaptés, l’uniformité des pistes pourra aussi représenter un obstacle insurmontable pour les plus pointus. Mais cette homogénéité justement permet à Ancient Remains de se montrer sous une lune cohérente, d’autant plus qu’une multitude de plans agitent la routine de constructions similaires. On a vraiment la sensation d’assister à la première d’une pièce en neuf actes, retraçant une tragédie ancienne quelconque, et s’accompagnant d’humeurs, parfois lumineuses, parfois ténébreuses, plaçant dans l’action des personnages parfaitement à leur place. Cette distanciation constante entre traditionalisme Heavy et modernisme extrême est résolument le point fort de cette réalisation, qui assume complètement son côté étrange et atypique, et qui séduit sans chercher l’effet putassier fédérateur. Encore perfectible (notamment dans la variation, qui pèche un peu), cette philosophie permet aux SACRAL NIGHT de se démarquer de la concurrence, en utilisant des riffs à la patine ancienne, mis en valeur par une rythmique versatile et un chant dramatique, et les inserts les plus incongrus (les blasts soudains de « The Blood Spattered Bride » par exemple) font ressortir le caractère singulier de l’ensemble. Et entre des approches purement Hard Rock mélodique (« Ancient Remains »), et une attitude frondeuse globale assimilant l’avancée comme la révélation d’un groupe de Heavy Doom de la NWOBHM découvrant les plaisirs de la violence musicale (on a parfois le sentiment d’écouter un CANDLEMASS énervé par le manque de vélocité de sa musique), Ancient Remains se pose en OVNI de la production actuelle, trop entreprenant pour s’affilier à la vague nostalgique, mais trop tourné vers le passé pour se vouloir complètement contemporain. Une jolie réussite qui laisse songeur quant à l’avenir, qui à n’en point douter nous réservera quelques surprises.
Titres de l'album :
1. Silent Night, Bloody Night
2. The Blood Spattered Bride
3. Ancient Remains
4. By Sword, by Pick, by Axe
5. The Last Decade and Beyond
6. The Hexer’s Come
7. To Conquer
8. Unhinged Before Horror
9. The Cohort Rites
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