Le Deathcore et moi, c’est un peu comme la vérité pour un politicien, ou la démocratie pour la Corée du Nord, un mariage impossible, une confrontation permanente, un trauma cauchemardesque, une combinaison contre-nature. Je l’avoue sans honte, j’ai toujours franchement détesté le style qui se contente souvent de pousser à son paroxysme des combinaisons faciles, histoire d’offrir à la jeune génération sa dose de grisant et de sensations fortes.
OK boomer me direz-vous, mais alors, pourquoi chroniquer cet EP des LORNA SHORE, alors que tu exècres ce qu’ils représentent ? Bonne question, et je vous remercie de l’avoir posée, puisque c’est alerté par un ami que je me suis intéressé à ce groupe de Warren County, New Jersey, qui connaissait pourtant mon aversion envers le style. Alors, dans l’optique de l’envoyer chier velu, je me suis attelé à l’écoute de ces trois titres, tablant sur la brièveté de la chose pur atténuer ma douleur. Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir une musique un tant soit peu originale, et surtout, d’une portée émotionnelle non négligeable.
Il faut dire que les LORNA SHORE reviennent de loin. Ayant balancé sans le savoir leur troisième album juste avant la pandémie de COVID mondiale, les pauvres n’ont même pas eu le temps de défendre leur répertoire sur scène pour cause de confinements multiples et d’arrêt total des manifestations. Ajoutez à ça un changement de chanteur pour intégrer Will Ramos et ses cris de belette/zombie à la bande, et vous obtenez un quatuor de convalescents, bien décidés à en découdre avec le destin pour retrouver l’amour et la confiance de leurs fans.
Dans les faits, pas grand-chose ne distingue les LORNA SHORE de la masse gluante des glaviots Deathcore habituels. Grosse caisse à fond les pédales, hurlements en schizophrénie vocale, succession de riffs à vitesse grand V, et ambiance grandiloquente d’une violence ouverte. Il y a pourtant quelque chose qui distingue les américains de la masse de suiveurs. Leur propension à conférer à leur musique une patine dramatique, comme un opéra tournant fou dans une magnifique salle de Florence. On sent la tragédie, on sent le ressentiment, et on sent surtout les efforts apportés à la composition pur ne pas sombrer dans les breakdowns typiques et autres figures de style imposées par la dime.
De fait, « Of The Abyss », malgré ses arrangements classiques et sa compression excessive sonne comme un dialogue infernal écrit par Dante et Verdi, après une bonne cuite à l’absinthe. En moins de six minutes, le groupe signe un libretto complètement dément, avec chœurs tout droits sorti du Nabucco, structure signée Michael Bay à la console, effets synthétiques idoines, et atmosphère de fin du monde presque Black Metal. Alors je l’admets, malgré les crises d’urticaire provoquées par l’écoute d’albums du cru, j’ai aimé ce court. Car ...And I Return To Nothingness fait plus que propager la parole Deathcore, il l’étend, la transcende, l’exagère, et finalement, la sublime et ayant recours au grotesque du trop-plein. J’en conviens, derrière les poutres se cachent des statues déjà admirées par le passé, les plans rythmiques sont autant de flammes en tissu qui ne brulent personne, mais l’énergie incroyable développée par ces trois morceaux est admirable, et fait vite sombrer les préjugés et autres opinions préconçues. De là à dire que je risque de me convertir à cette religion excessive et prosélyte, il y a un pas que je ne franchirai jamais. Mais si d’aventure CRADLE OF FILTH tombait sur le dantesque « ...And I Return To Nothingness », il y a de fortes chances que Dani reconsidère sa vision des choses en remettant de l’ordre dans son cirque pathétique.
Titres de l’album:
01. To The Hellfire
02. Of The Abyss
03. ...And I Return To Nothingness
"Le Deathcore et moi, c’est un peu comme la vérité pour un politicien" excellent
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30