Oh je sais très bien ce que vous allez vous dire : il vient encore nous rebattre les oreilles avec un autre groupe de Thrash old-school. Et vous aurez partiellement raison, puisque le style me sied et que je ne m’en lasserai jamais. A l’exception près que les PARKCREST sont tout sauf « un autre groupe de Thrash old-school »…Ils sont résolument un groupe à part qui conçoit les choses différemment, et qui les expose avec une volonté créative. Passons aux présentations, PARKCREST nous en vient de Peñaflor, ville située dans la province de Talagante, et existe depuis 2011. En huit ans, les chiliens nous ont donc offert pas moins de trois démos, un split en compagnie des CRITICAL DEFIANCE, un autre en association avec les DERANGED, mais surtout, un premier longue-durée, Hallucinative Minds, publié en 2016 et qui faisait étalage de leurs étranges capacités. C’est donc un combo sûr de son fait qui nous en revient en 2019, toujours en autoproduction, mais avec les moyens de ses ambitions, qui sont autres que de pratiquer un Thrash de base sevré de nostalgie et de références un peu trop marquées. Pourtant, les influences du groupe sont affichées sur sa bio comme un patch sur une veste en jean, et les musiciens citent volontiers le vieux Thrash des années 80 comme guide, versant extrême, et via ses représentants véhéments, les sempiternels SEPULTURA, TESTAMENT, DARK ANGEL ou KREATOR. Et une fois est coutume, ces dites influences balisent parfaitement le terrain d’inspiration foulé, à quelques précisions près. Si les chiliens peuvent se targuer de parfois emprunter les astuces mélodiques de TESTAMENT, c’est bien du côté le plus violent qu’il faut chercher leur bona fide, et le parrainage le plus effectif reste bien celui de DARK ANGEL, ce qu’on sent dès la première accélération.
Mais non, et puisqu’il faut bien le dire, les PARKCREST ne sont pas de gros bourrins en manque de brutalité gratuite. Si leur musique est subtilement bestiale, elle est aussi méchamment précise, et peut revendiquer une technique affûtée et rodée. Le quatuor (Javier Salgado - guitare/chant, Diego Armijo - guitare, Cristoffer Pinto - basse et Nicolás Villanueva - batterie) n’est pas du genre à faire les choses comme tout le monde, et peu sont les combos de Thrash vintage avec assez de culot pour entamer leur second LP par un titre de plus de huit minutes. Et dès « Impossible To Hide », on comprend assez vite que les choses risquent d’être différentes, et osons le terme, plus « évolutives ». Car en huit minutes, les chiliens nous montrent qu’ils en ont sous le médiator et les baguettes, osant une forme très culottée de Thrash progressif, sans perdre de vue l’essentiel : la puissance, mais moins brute que la moyenne de leurs congénères. On se plaît à repenser à la fin de carrière de DARK ANGEL, et des albums comme Time Does Not Heal ou Leave Scars, et ces longs passages instrumentaux pleins de finesse individuelle et collective, ou ces accélérations brutales qui ne cachaient en rien la délicatesse inventive. Avec un son plus que correct pour du DIY, et des guitares aux saccades légèrement accentuées en studio, dignes de l’école FLAMES ou HOBBS ANGEL OF DEATH, And That Blue Will Turn to Red se présente sous un jour sombre, à l’image de cette pochette moins gauche qu’il n’y paraît, et révélatrice d’un Thrash en dualité, opposant la vélocité sans concession et la précision la plus idoine.
Beaucoup de qualités donc, qui éclatent aux oreilles assez vite, puisque les chiliens ont décidé cette fois-ci de lâcher les gaz, et de nous entraîner dans une folle sarabande de brutalité et de méchanceté, sans pour autant sombrer dans les affres du Thrashcore. Ici, tout est authentique, rien n’est mécanique, et les citations sont nombreuses, de passages plus fins et mélodieux à la HEATHEN en passant par des transitions élastiques à la DEATH ANGEL, le tout souligné d’une rigueur toute germanique. Il n’est donc pas rare qu’un simple morceau de quatre minutes se transforme en démonstration de force et de connaissance du genre, à l’image du fabuleux et foudroyant « Midnight Chasm », qui passe en revue toutes les méthodes, de la Bay Area à la Ruhr, sans oublier les enseignements sud-américains les plus bourrins. And That Blue Will Turn se dévoile donc beaucoup plus agencé et réfléchi que la plus grande partie de la production, n’hésitant pas à chiper à Alex Skolnick ses intros mélodiques, pour ensuite mettre l’emphase sur un Thrash modéré avec basse ronflante et harmonies de guitare à la DEATHROW de Deception Ignored (« Dwelling Of The Moonlights », instrumental très malin et convaincant au petit matin). Sept minutes de démonstration de savoir-faire, mais surtout d’amour pour un style qui peut supporter la moyenne, mais qui n’est jamais aussi convaincant que joué par de vrais lettrés. Certes, les passages soft et abordables ne sont pas légion sur l’album, qui préfère souvent se caler sur la ligne du parti du SEPULTURA de Schizophrenia/Beneath The Remains (« Hatred 'Till Die »), mais loin d’être un vulgaire étalage de puissance, And That Blue Will Turn est surtout un manifeste d’aisance. Les transitions sont coulées, les différences accentuées mais bien liées par la fluidité, les breaks nombreux mais jamais incongrus, et le groupe réussit le tour de force d’accumuler les idées et les prouesses sans verser dans le Techno-Thrash trop pompeux.
Ce qui n’empêche nullement l’album de se terminer sur une note de grandiloquence et d’ambition, avec l’hypnotique morceau éponyme, qui entame sa conclusion d’un Heavy rageur et agressif. Laissant les idées faire leur chemin, le groupe ne fait rien pour éviter l’accélération fatale, tout en maintenant la pression du côté des mélodies et ainsi garder une assise abordable. La basse n’en fait alors qu’à son manche, multipliant les soli, le tapping, alors même que les guitares marquent leur territoire d’interventions incendiaires. Certes, pour pleinement apprécier cet album il vous faudra passer outre la voix un peu monocorde et spéciale de Javier Salgado, mais une fois acceptée, elle agit comme une troisième ligne rythmique de ses harangues fermes. Et en l’état, ce second LP des PARKCREST est une excellente surprise dans la production old-school actuelle, et une sorte de bouée de sauvetage qui vous évitera la noyade dans des eaux boueuses et trop polluées.
Titres de l’album :
01. Impossible To Hide
02. Darkest Fear
03. Punished In Life
04. Possessed By God
05. Midnight Chasm
06. Dwelling Of The Moonlights (Instrumental)
07. Hatred 'Till Die
08. Tired And Guilty
09. And That Blue Will Turn To Red
Ca y est : sorti en CD. Dispo sur Discogs
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