La réalité n’est pas brillante. Ni réjouissante. Ni porteuse d’espoir. Il semblerait que nous soyons arrivés au bout du chemin, et en tout cas au bout d’une formule. Quant à savoir si nous sommes prêts à affronter la suite des évènements, c’est une question à laquelle personne ne peut répondre pour le moment. Ou peut-être quelques privilégiés et spécialistes. Mais bon. Continuons de vivre jusqu’à ce que ça devienne impossible. Il n’est pas nécessaire de se polluer la tête d’idées noires qui se concrétiseront de toute façon, sous une forme ou une autre. Mais on peut aussi souhaiter rester lucide, la plupart du temps, et anticiper cette nouvelle ère de souffrance, de disette, et de mort.
MÆRE, de son Allemagne natale tente justement de dresser un constat fidèle de la situation que nous traversons. Un constat musical évidemment, rude, dur, sombre et pessimiste, mais ô combien réaliste. En pratiquant un Death Metal hautement dissonant augmenté d’une amertume BM, le quintet s’adapte à son temps, rend hommage, et se projette dans un avenir suffocant, en claustrophobie et égoïsme, ce que ces cinq morceaux traduisent de leur renoncement, de leur violence sourde, et de leur gravité obsessionnelle.
Fondé en 2015, le groupe n’a jusqu’à présent publié qu’un seul EP, en 2020. ...and the Universe Keeps Silent est donc le premier album officiel et les présentations au public et à la scène. Pour aider les prospecteurs d’horreur éventuels, le label propose le longue-durée aux fans de GORGUTS, INCANTATION, MORBID ANGEL, IMMOLATION, REPLICANT, PHOBOCOSM, ou SAEVUS FINIS, ce qui n’est pas vraiment mensonger, mais qui ne couvre pas le spectre global des influences. En effet, le côté éminemment Noisy de MÆRE lui permet d’alourdir sa musique sans verser dans le Death Doom ou le Blackened Death. Nous restons donc entre gens pointus, qui aiment leur extrême discordant, grognon, et inclassable.
Inclassable, mais pas forcément avant-gardiste. La volonté de MÆRE n’est pas de bousculer l’ordre des choses, mais bien de se faire une petite place sur le tableau. Et la noirceur de son inspiration lui permet justement de se décaler des camarades pour affirmer son unicité. Une unicité qui ressemble toutefois grandement aux déviations les plus atypiques des années 90, lorsque GORGUTS, effectivement, laissait tomber une trame narrative logique pour s’affranchir des carcans et s’adresser à un auditoire particulier.
Mais ...and the Universe Keeps Silent n’est ni Obscura, ni Onward to Golgotha. Les points communs existent, mais la façon qu’ont les allemands de se focaliser sur l’insistance et les répétitions leur est personnelle. Tout l’album a été pensé comme une entité, et si les pistes se détachent grâce au blanc qui les sépare, elles n’en demeurent pas moins parties d’un puzzle, qui une fois assemblé ressemble au graphisme de cette pochette absconse.
Mais assembler un puzzle dont la plupart des pièces se ressemblent n’est pas tâche aisée.
Essayez d’entrer via « The Darkness Is Your Mother » par exemple. Vous aurez du mal à pousser l’immense porte, qui frottera sur le sol pour rendre l’effort encore plus difficile. Six minutes de percussion et d’alternance entre lancinance et fulgurances, pour un résultat presque opératique, quelque part sur l’enfer terrestre. Tout en conservant le côté le plus chaotique du Death traditionnel, les MÆRE y glissent quelques ingrédients maison pour rendre l’expérience encore plus traumatisante.
Si l’on retrouve quelques réflexes MORBID ANGEL dans les riffs et l’attitude sur le terrassant « Zdrowas Mario (Building The Temple) », sorte de leftover de Covenant en version encore plus sombre et déprimée), si on perçoit quelques échos de DISEMBOWELMENT dans les itérations les plus graves et dissonantes, on sent que le collectif d’outre-Rhin a un discours personnel, et une attitude d’entre deux.
Le voyage n’est donc pas de tout repos, et ne donne pas vraiment le sourire. Traversée du Styx sans guide, avec dérivation à l’aveugle, ...and the Universe Keeps Silent évoque l’après, non dans le sens de Post comme dans Post-Black ou Post-Rock, mais bien dans le sens de ce qui succède à maintenant, et qui nous attend avec patience, dans l’ombre des jours et des nuits qui nous restent à vivre à l’ancienne.
Ce Death teinté de Black est donc à réserver à ceux qui aiment leur bande-originale à la hauteur de la morosité de leur environnement. Ne vous attendez ni à des débordements techniques, ni à une litanie morne et inamovible. Le groupe a choisi de tracer sa route sur un chemin bien particulier, qui doit plus au Death étouffant qu’au Black Death insistant.
Et qu’importent les étiquettes, puisque MÆRE se définit lui-même. Via « Think Of Me As Fire », le feu final est donc la personnification qu’a choisie le groupe, même s’il est difficile de voir en ce premier album un incendie. Il ressemble plus aux cendres qui s’envolent après extinction, au ciel chargé de particules de carbone, et au silence qui englobe l’après catastrophe.
Cette fameuse catastrophe qui nous pend au nez, et au pluriel, et que nous craignons plus que tout. Mais que nous avons amplement méritée. Comme le souligne parfaitement ce disque de désespoir et de noirceur.
Titres de l’album:
01. All Those Things We've Never Been (The Grandeur Of Nihilism)
02. Traumlande (Ascending The Abyss)
03. The Darkness Is Your Mother
04. Zdrowas Mario (Building The Temple)
05. Think Of Me As Fire
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