L’époque est donc à l’ouverture. Car un groupe comme IZENGARD signé sur Massacre Records n’est pas chose habituelle. Mais après tout, en leur temps, Roadrunner et Earache avaient eux aussi fait preuve d’éclectisme en signant des groupes hors de leur champ d’action, alors autant prendre la nouvelle pour ce qu’elle est : bonne. Néanmoins, les arguments Heavy permettant de connecter ce nouveau groupe à son label expliquent en partie leur relation, bien qu’encore une fois, Heavy soit une catégorie générique ne permettant pas une définition précise. Nous en venant d’Angleterre, IZENGARD est le type même de groupe né par accident, et par accointances, ses deux leaders s’étant rencontrés sur Myspace à l’époque, se découvrant des goûts communs bien plus évidents que ceux les unissant à leurs groupes respectifs. C’est ainsi que Den Tietze (guitare) et Ian Ainsworth (chant), décidèrent de faire cause commune et de composer ensemble, histoire d’être plus en adéquation avec leurs croyances artistiques. Le duo forma donc l’ossature du projet, vite rejoint par Alison Tietze (claviers/chant) qui s’investit de plus en plus dans l’écriture avec les deux leaders, le duo se transformant donc en trio, avant de se mettre à la recherche d’une section rythmique idoine. Venant de la vieille école, les trois instrumentistes ayant fait partie d’autres combos plus ou moins illustres avaient une idée très précise de la façon dont leur musique devait sonner, donnant corps à une sorte de crossover entre le Classic Rock et le Metal symphonique, soit une jonction assez classique entre la puissance et la mélodie. Et sans revendiquer d’influences particulières, on reconnaît immédiatement l’approche européenne d’un Hard Rock de grande classe, qui possède toutefois des racines assez éloignées, le style n’étant pas sans rappeler les conceptions espagnoles d’un Heavy accessible et harmonique.
Une fois le trio complété par une section rythmique capable (Russ Vaughan – basse et Gary Reece – batterie), l’enregistrement de l’album pouvait commencer, et avec un sacré coup de main de Paul Hume (DEMON, LAWLESS & DIRTY WHITE BOYS), la troupe investit les Summerbank Studios de Stoke-on-Trent pour coucher cet Angel Heart sur bande et nous en faire profiter. Et un simple coup d’œil sur les photos du groupe permet de comprendre que nous n’avons pas affaire-là à des bleus, mais bien à des vieux de la vieille de la scène Rock anglaise, sans aucune condescendance ou moquerie. Car l’expérience se sent bien au-delà de l’image, et plus en profondeur dans la musique, qui semble d’un autre temps, émanant d’une époque lointaine ou la franchise instrumentale faisait encore loi, loin des artifices de production modernes qui cherchent à tout prix à retrouver l’essence des techniques 80’s ou 90’s. Et bien que les morceaux de ce premier album soient ancrés dans une tradition qu’on devine ancienne, l’atmosphère qui s’en dégage à ce petit quelque chose de mystérieux qui empêche toute datation, un peu comme si SHY, DOMAIN, DARE et quelques autres chantres des mélodies brumeuses s’étaient retrouvés à Stonehenge pour composer un matériel hors du temps. Un atout de taille donc dans une production globale un peu trop uniformisée, ce qui ne garantit pas forcément un plaisir d’écoute total. Car là où le bât blesse, c’est que l’ensemble sonne encore un peu light et manque de dynamique, malgré un soin particulier apporté aux compositions, peaufinées à l’extrême mais gardant ce côté brut qui les empêche de se fondre dans une mélasse gluante. Premier écueil à passer, le son. Propre sur lui, mais un peu trop anonyme, avec parfois des airs de démo élaborée, il peut rebuter, spécialement lorsque les morceaux jouent le classicisme Heavy à outrance. Les titres les plus agressifs ne sont donc pas vraiment mis en valeur par un mixage un peu trop irrégulier, plaçant la voix trop en avant au détriment de la guitare isolée en arrière-plan. La batterie connaît peu ou prou le même problème, les fréquences étant bouffées par la voix d’Ian, assez passe-partout au demeurant, et aux accents rauques pas toujours adaptés à l’agressivité. Heureusement, le contrepoint féminin d’Alison et les chœurs judicieusement placés viennent nous sauver d’une torpeur annoncée, et permettent à un morceau comme « She Comes Alive » de passer la rampe assez facilement.
Les problèmes du chant et de la production étant réglés, passons maintenant à la musique en elle-même. Sans être désagréable, loin de là, elle reste néanmoins assez conventionnelle, évoquant un Hard Rock d’un autre-temps, celui des micro-labels mettant tout et n’importe quoi sur le marché sans se préoccuper de la pertinence. On sent pourtant que les musiciens ont largement le niveau pour se hisser au-dessus de la masse, mais leur tendance à privilégier des thèmes déjà abondamment abordés les englue dans un conformisme un peu gênant, que l’on sent dès « Demon of the Night ». Riff saccadé à la SAXON, ambiance mixant la NWOBHM et la seconde vague Heavy européenne, le tout semble assis entre deux chaises, et tergiversant entre Metal symphonique et Hard mélodique, sans avoir les ambitions de grandiloquence du premier et la science harmonique exacte du second. Et le salut vient à chaque fois du mélange entre voix masculine et féminine, qui provoque une osmose en troisième voie moins diplomatique, mais le manque d’audace et le son encore un peu light font que la puissance a du mal à s’exprimer. Les claviers, servant plus de gimmick que de réel accompagnement ne permettent pas d’alléger la sauce un peu épaisse, et on a du mal à se laisser persuader par des arguments qui ne parviennent pas à convaincre. Et ce sont souvent les moments les plus tendres qui permettent au projet de vraiment séduire, à l’image du romantique et délicat « Heavens Bleeding » qui se scinde en sa moitié pour se rapprocher d’un Hard Rock moins pluriel, mais plus persuasif. Et l’uniformité des riffs qui peinent à se différencier achève de nous convaincre qu’il manque un grain de folie à l’entreprise, encore trop collée à des principes pour vraiment se forger une réelle identité. Certes, et j’y reviens, la production ne fait pas grand-chose pour mettre en relief les quelques bonnes idées (le solo de « Loki », titre pourtant saignant semble complètement perdu dans les limbes), mais on a franchement du mal à adhérer à cette musique qui semble passée et exhumée d’une imagination tarie.
Alors on s’accroche à ce qu’on peut, notamment le mordant « Love Me », mais aussi le final emphatique à la DIO « Angel Heart », qui prouvent que les IZENGARD peuvent nous offrir plus que ce simple Heavy joué en mode automatique. Pour le moment, personne ne pourra vous en vouloir de faire l’impasse sur Angel Heart, certainement très sincère dans le fond, mais encore un peu léger dans la forme.
Titres de l'album :
01. Demon of the Night
02. Heavens Bleeding
03. Loki
04. Dances with Dragons
05. Love Never Dies
06. She Comes Alive
07. Love Me
08. The Passage
09. Angel Heart
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