« It’s going to be huge ».
Combien de groupes ont entendu ça à l’orée de leur carrière ou après la sortie d’un premier album essentiel ? Combien d’entre eux ont défini des courants, déclenché des modes, et se sont finalement fait doubler par leurs petits camarades de jeu, plus talentueux, plus chanceux, ou plus opportunistes qu’eux ? Des centaines sans doute, voire des milliers, et ceux ayant connu le tournant crucial que fut l’entrée dans les eighties n’ont pas forcément oublié que parmi la dizaine de groupes émergents, tous étaient plus ou moins promis à un avenir brillant. Prenons le cas très précis de la NWOBHM. Celle-là même qui a intronisé les SAXON, DEF LEPPARD et IRON MAIDEN, et qui leur a permis avec le temps de devenir les monstres que l’on sait. Pour ces trois combos devenus des poids lourds de l’industrie, combien sont restés dans une ombre qu’ils ne méritaient pas vraiment ? Qui aujourd’hui peut se rappeler du frisson qui a parcouru leur échine à l’écoute de TRESPASS, DIAMOND HEAD ou…ANGEL WITCH ? ANGEL WITCH, un nom qui fait figure de référence depuis des années, l’exemple type d’artistes maudits qui se sont vus coiffer au poteau de la gloire malgré une entrée en matière séminale et référentielle. En un seul LP éponyme, paru en 1980, les anglais avaient défini les contours d’un son époque, encore empreint de la lourdeur de BLACK SABBATH, mais aiguisé comme un couperet Heavy Metal d’une décennie qui allait tout reprendre à son compte. Sans prétendre connaître les londoniens de l’époque, je suis certain qu’ils voyaient déjà le monde à leurs pieds, ce qui était presque le cas. Et avec une participation à la légendaire compilation Metal for Muthas, le Metal Massacre des amateurs de Heavy classique, il y avait de quoi croire en sa bonne étoile. Sauf que dès le départ, les dés étaient pipés. IRON MAIDEN, avec ses deux morceaux, éclipsait la concurrence, et il allait bientôt devenir très compliqué de les doubler sur la gauche à la régulière. Et ANGEL WITCH eut en plus le tort qui allait devenir le réflexe le plus grave de sa longue carrière, celui de s’éclipser pendant cinq longues années et laisser ses adversaires occuper un terrain qu’ils auraient dû aussi fouler.
Extrapoler sur ce qui aurait pu devenir le destin d’un des groupes les plus sympathiques de son époque n’a aucun intérêt. Depuis longtemps, l’histoire s’est écrite d’elle-même, et les chevaliers d’antan sont les musiciens humbles d’aujourd’hui, ce qui n’est pas humiliant pour autant, loin de là. Après quelques années passées à lâcher des live et des compilations, ANGEL WITCH s’est finalement remis à la composition pour nous offrir l’album qu’on attendait plus depuis des lustres, As Above, So Below, en 2012. Un album honnête, rond aux entournures, toujours dégoulinant de ce Metal mordant et emphatique, ne cherchant plus à bousculer l’ordre établi et à rendre à César ce qui appartenait à MAIDEN. Et une fois encore, c’est après plus de sept ans d’absence que le quatuor (Kevin Heybourne - guitare/chant, Jimmy Martin - guitare, Will Palmer - basse et Fredrik Jansson - batterie) ose la nouveauté, avec cet Angel Of Light, qui les voit passer de Rise Above à Metal Blade pour un énième comeback sans réel enjeu. Sans enjeu, puisque le seul leitmotiv de Kevin Heybourne - seul membre originel - est de se faire plaisir et de combler ses fans avec une musique riche, pleine, passéiste mais toujours énergique, nostalgique mais consciente des attentes de son époque. Sous ce point de vue objectif, Angel Of Light est un LP qui a tout a fait sa place dans la production actuelle si friande de sonorités old-school, et encore plus lorsqu’elles émanent des instruments de héros d’antan. Loin de se contenter de répéter une formule initiale qui avait fait ses preuves il y a quarante ans, le groupe ose des choses, tente le coup de l’up tempo, capitalise Hard-Rock pour mieux thésauriser Doom, joue le Heavy comme on le jouait avant qu’il ne devienne un argument commercial comme un autre, et signe une bordée de chansons éminemment sympathiques, sinon essentielles. Doté d’une production tout à fait honnête, ce cinquième album des londoniens est donc des plus plaisants à écouter, et s’avale d’un trait, variant les rythmiques et les riffs, pleurant sur son passé perdu tout en souriant à un présent clément, et n’hésite pas à se montrer sus un jour versatile pour mieux séduire le plus grand dénominateur commun.
C’est ainsi que des titres aux muscles bandés et à l’énergie renouvelée comme « Don’t Turn Your Back », au tempo électrique et d’autres suintant de Doom et de célébration en candélabres comme « The Night Is Calling » s’affrontent dans une joute créative qui en dit long sur l’appétit toujours aussi vorace de Heybourne. Crédible dans tous les secteurs, le groupe accueillant deux nouveaux membres depuis le précédent album sonne frais, dispo, ouvert à toute possibilité, mais toujours aussi fidèle aux dogmes Heavy Metal en cours dans les eighties. Pas vraiment versés dans l’opportunisme, les trois musiciens suivent leur leader sur son chemin de la rédemption, et se sentent pousser des ailes lorsque la puissance générique les rapproche d’un Heavy Thrash vraiment saignant et compact (« Window of Despair »). Loin de nous refourguer des plans déjà usés par les lames de BLACK SABBATH, ANGEL WITCH ne s’enfonce pas dans le marigot de la lourdeur excessive et pénible, et sonne bien vivant, certes parfois un peu répétitif lorsque le réveil oublie de sonner mais toujours pertinent et osons le terme, « jeune ». Si de temps à autres la convenance d’un Hard Rock un peu formel nous tire quelques bâillements, les syncopes, les mélodies larvées et l’allant général nous enthousiasment (« Condemned », un peu mystique et occulte sur les bords, mais réconciliant SATAN, THIN LIZZY et MERCYFUL FATE), le groove nous offre de l’espace (« I Am Infinity »), et le sens de l’emphase harmonique et pesant finissent par emporter les suffrages (« Angel of Light »). La grande qualité de ce LP est de parvenir à utiliser des méthodes datées pour les remettre à neuf, et de sonner ancré dans une ère révolue tout en paraissant légèrement hors du temps. On savoure cette approche caractéristique de la NWOBHM qui s’accorde très bien des exigences du nouveau siècle, et on apprécie par-dessus tout la variété et la qualité des compositions, variété qui ne nuit jamais à la cohésion de l’ensemble.
Sans être LA revanche sur le destin qui de toute façon n’a plus lieu d’être attendue, Angel Of Light reste un excellent album de Heavy Metal à l’ancienne, largement compétitif et qui n’a pas forcément à rougir de la concurrence féroce des jeunes loups suédois.
Titres de l’album :
01. Don’t Turn Your Back
02. Death from Andromeda
03. We Are Damned
04. The Night Is Calling
05. Condemned
06. Window of Despair
07. I Am Infinity
08. Angel of Light
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49