ANNA SAGE ne l’est pas vraiment, et se montre sous un jour plutôt énervé, pour ne pas dire enragé. Il faut dire que la petite ANNA l’est depuis quelques années, et revendique son droit le plus fondamental à s’exprimer, via un médium assez classique en soi : un Post-Hardcore à tendance chaotique, qui n’hésite pas à emprunter parfois le chemin d’un Mathcore pas totalement déclaré. ANNA SAGE n’est pas de ces petites filles modèles que décrivait avec tendresse et malice la Comtesse de Ségur. Non, elle ressemble plutôt à ces riot grrls des années 90, ces jeunes femmes conscientes de leurs droits et pouvoirs, qui refusaient l’image d’Epinal qu’on projetait sur elles et qui les condamnaient à arborer des tenues féminines et adopter des comportements dignes. Et ANNA a bien raison de laisser parler la rage qu’elle a en elle : le patriarcat domine toujours les débats, et l’équité n’est pas pour demain.
ANNA SAGE c’est le personnage créé par quatre musiciens, Xavier (chant), Sebastien (basse), Chrysal (batterie) et Gabriel (guitare), ou plutôt, le personnage emprunté par quatre musiciens, cette prostituée roumaine d'origine austro-hongroise et propriétaire de bordels dans les villes américaines de Chicago et de Gary, et qui en son temps, a aidé le FBI à traquer le vilain gangster John Dillinger. Un personnage haut en couleurs, qui méritait une transposition musicale à la hauteur de sa légende.
Et depuis quelques années, elle bénéficie d’un traitement de choix pour son retour dans les manchettes, puisque ces quatre musiciens ont choisi de la raconter via deux formats moyens Downward Motion, il y a déjà quatre ans, mais aussi The Fourth Wall il y a huit ans. ANNA a donc été assez SAGE, mais aussi très patiente, attendant une décennie pour se voir honorée d’un premier longue-durée, que l’équipe de Klonosphère nous dévoile aujourd’hui, en ce mois d’avril 2022.
Anna Sage, éponyme donc, se recentre sur son sujet, et nous offre selon son distributeur/promoteur une intéressante déviation sur des thèmes développés par les influences du combo. Idoles ou modèles d’ailleurs, le terme peut être important, mais autant dire que les noms cités - soit CONVERGE, BREACH, THE CHARIOT ou BOTCH - ne le sont pas par hasard. Le côté chaotique de ce Hardcore enragé n’a pas disparu, bien au contraire, et se retrouve même amplifié, sublimé dirais-je par le talent de l’ineffable Francis Caste (KICKBACK, COWARDS, COMITY, et…plein d’autres), qui a conféré à ce premier album un son à décorner les bœufs, confirmant de fait la raison de sa collaboration avec le groupe depuis Downward Motion.
Il y a une belle continuité entre ces deux œuvres d’ailleurs, puisqu’elles se placent volontairement sous le même néon blafard. Des guitares tendues comme les répétitions d’UNSANE à l’orée de leur massacre, une envie de vomir des textes à rendre Jacob Bannon totalement exsangue et essoufflé, et une densité générale nous privant d’oxygène dès les premières notes. Mais grâce à des breaks et interludes bien placés, l’air circule quand même dans les poumons, pour que la séance de torture auditive soit plus longue, et donc plus sadique.
Le mélange des genres opère donc encore à plein régime, même si le tout est effectivement guidé par une inspiration clairement US, et terriblement CONVERGE. On peut aisément dresser des parallèles entre l’élève (doué) et le modèle (inatteignable), puisque Anna Sage, l’album, nous rappelle quelques étapes nineties de la bande à Kurt Ballou. Même façon de laisser un motif unique faire le jeu d’une rythmique folle pendant de longues secondes, même envie de tout envoyer balader d’un changement de tempo totalement hystérique, même chaos qui dessine des images absconses mais qui finalement dépeint un tableau très clair, et même intensité dans la folie qui aboutit à des pics de nervosité incroyables (« Double Bind », qui aurait pu nous faire trébucher en ouverture de Jane Doe).
Jane Doe et ANNA SAGE, une inconnue et une figure historique, la comparaison ne manque pas de piquant. De là à dire que le quatuor s’est laissé influencer de trop près pour assumer ses propres tendances, il y a quelques morceaux qui m’empêchent de franchir le pas. « Walls Of Hate » notamment, brillant, colérique, mais intelligent, secoué de stridences, de feedback, et proposant un crescendo tendu. « The Deadly Mess Of A Dying Head », hargneux et irascible comme du BOTCH de lundi matin. « Hostile Cage », qui évoque avec acuité l’humeur d’un tigre trop longtemps enfermé dans un moteur. Et d’autres, encore, plus, pour finalement, dresser un constat assez logique :
ANNA SAGE a trouvé en Anna Sage sa biographie parfaite.
Titres de l’album:
01. The Holy Mice
02. Sinner Ablaze
03. The Deadly Mess Of A Dying Head
04. Loveless
05. V
06. Hostile Cage
07. Lost In A Frame
08. Double Bind
09. Walls Of Hate
10. Silence…
11. …The Serpents
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