Ils ont raison, on est bien b*isés. Vous pouvez regarder de tous les côtés, on est bien b*isés. Les gouvernements, l’environnement, les extrêmes montants, la température grimpant, le pouvoir d’achat glissant, toutes les fenêtres sont scellées et la porte est condamnée depuis des années. Aurions-nous pu changer les choses ? Eventuellement en arrêtant de nous regarder le nombril et en laissant notre besoin de consommer sur le tapis roulant, et encore, je ne suis pas certain que ça aurait suffi.
Alors, on est bien b*isés.
Mais même au Canada ! Peuple pourtant porté sur l’espoir, l’optimisme et la politesse, qui a finalement adopté le même point de vue que tous les autres. L’impasse est bien là, et nous approchons de son mur. Alors, autant dénoncer pendant qu’il est encore temps, histoire d’y croire encore un peu. A moitié. Pas du tout ? Mais les FUCKED UP sont évidemment plus qu’un nom qui claque. Ils sont une institution Hardcore dans le monde entier, et prophètes en leur pays. Avec une discographie aussi dense et relevée, pas étonnant. Mais le quintet continue d’avancer comme si sa vie en dépendait, et nous pond régulièrement de nouveaux albums, parfois plusieurs la même année. Comme en 2024.
Damian Abraham, Jonah Falco, Mike Haliechuk, Sandy Miranda et Josh Zucker, après avoir pondu un jour, nous promettent un autre jour. Des journées qui s’enfilent, et qui nous enfilent, qui se ressemblent étrangement, et qui ont tendance à accepter le pire à chaque fois. One Day en 2023, Another Day en 2024, la logique est de mise, et la stabilité aussi, puisque ces deux albums auraient pu être les deux parties d’un diptyque solide, ébouriffant et surpuissant. Autant dire que ces dix nouveaux morceaux respectent le cahier des charges et les exigences de qualité.
Vous imaginez vraiment les FUCKED UP pondre un mauvais album ?
Je préfère.
On sait le groupe porté de temps à autres sur l’expérimental, mais aussi sur le Punk Hardcore mélodique et social. Ce nouveau chapitre confirme les options prises depuis 2001, en s’éloignant un peu du côté le plus aventureux du groupe, que l’on retrouve toutefois par petites touches, comme sur le groove très énervé de « Another Day », qui propulse Henry ROLLINS dans le monde de lupanar des POISON IDEA. Mais globalement, cette suite logique s’inscrit dans une démarche de sincérité envers un style ouvert, qui s’autorise depuis longtemps des incartades sur le terrain Noisy comme sur les plates-bandes Pop.
Et FUCKED UP est un peu le porte-drapeau de cette génération qui n’a cure de la fausse authenticité en guise d’obligation éthique.
Car même lorsque le fond est adapté au ton, sur « Face », ouverture beigne ou « Paternal Instinct », mid tempo qui doit autant aux PISTOLS qu’à FEAR, on se rassure quant à la fidélité d’un quintet qui n’a jamais trahi ses opinions. Le son est encore une fois énorme, mais sans artifice inutile, avec la grosse basse ronde de Sandy, et les guitares acides et versatiles de Mike Haliechuk et Josh Zucker. De son côté, Damian Abraham module au chant, prenant des inflexions rauques et des diversions hurlées. L’osmose est donc toujours aussi palpable, à tel point que le groupe donne l’impression de jouer dans le jardin d’à côté.
Nous ne parlerons pas ici de meilleur album. Non que le temps n’ait pas encore fait son petit effet, mais tout simplement parce que les standards sont trop élevés dans le cas de FUCKED UP. Des morceaux comme « Divining Gods » ou « The One To Break It » permettent à Another Day de pouvoir prétendre à la médaille d’or de l’album Hardcore de l’année, loin devant la concurrence, mais sur la longueur, et malgré une rage intacte, Another Day se contente de rester sur la ligne, sans chercher à devancer ses aînés.
Comprenez : Another Day est extraordinaire, excellent, le meilleur dans sa catégorie. Mais les canadiens nous ont tellement habitués à la perfection qu’on en devient plus difficile et pointilleux. « More » n’en est pas moins hypnotique de sa ligne de basse concentrique, et de ses guitares noyées dans la réverb’, et « House Lights » est une clôture parfaite, énergique, mélodique, entre le NYHC et son pendant Punk-Pop de SoCal.
FUCKED UP n’est peut-être plus aussi torturé, mais sa musique est toujours aussi galvanisante. Et si 2024 a vu se percuter Another Day et Who's Got The Time & A Half ?, elle a surtout eu la chance de croiser le chemin des canadiens, encore une fois. Il en va des rencontres comme des prises de conscience. Certaines arrivent pile au bon moment, tandis que les autres sont constamment à la bourre.
Titres de l’album :
01. Face
02. Stimming
03. Tell Yourself You Will
04. Another Day
05. Paternal Instinct
06. Divining Gods
07. The One To Break It
08. More
09. Follow Fine Feeling
10. House Lights
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Très 90s dans le son, même si j'aurai préféré un peu plus rond. J'aimerai bien les revoir live du coup.
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