Si d’aventure vous vous demandiez ce qu’un anglais et un italien pouvaient se raconter après s’être rencontrés, alors imaginez une pièce, remplie d’instruments et de matériel d’enregistrement, aménagée pour abriter une expérience musicale commune. Si l’image manque de rendu sonore, alors il est toujours temps de vous pencher sur le cas du projet ROOM EXPERIENCE, qui aurait pu être le titre d’une suite imaginée par Tommy Wiseau, mais qui désigne un concept cosmopolite créé dans les années 2010. D’un côté, le cerveau de l’opération, l’italien Gianluca Firmo, compositeur et claviériste, de l’autre, le britannique David Readman, chanteur de PINK CREAM 69. Entre les deux hommes, une même passion pour le Hard Rock le plus mélodique qui soit, très américain dans le fond, mais relativement italien dans la forme. Après un premier LP éponyme publié en 2015, les deux hommes remettent donc le couvert avec cet Another Time and Place, qui reprend les choses là où son aîné les avait laissées. Mais loin d’être isolés dans leur coin, les deux musiciens se sont une fois encore entourés de beau monde, avec une équipe de production d’élite, composée du duo de producteurs Davide "Dave Rox" Barbieri et Pierpaolo "Zorro11" Monti, et de l’infatigable Alessandro « Frontiers » Del Vecchio au mixage et au mastering. Mais un clavier et une voix ne suffisent pas, et c’est en compagnie des deux producteurs Davide Barbieri (claviers/chœurs) et Pierpaolo Monti (batterie), secondés par Simon Dredo à la basse et Steve De Biasi à la guitare que Gianluca et David ont enregistré ce nouvel album, qui se permet une liste de participants à la hauteur de ses ambitions. Nous retrouvons donc au casting en tant que guests Alessandro Del Vecchio à l’orgue Hammond, Ivan Gonzalez, Sven Larsson, Stefano Zeni et Lorenzo Foddai aux guitares, Marcello Spera aux chœurs, mais aussi Boris Matakovic au saxo, Aurë et Minna Ora aux chœurs, Nicoletta Tona à la guitare et Andrea Gipponi à la basse, soit un ensemble aux proportions d’un orchestre philarmonique pour mener à bien ce projet.
Cinq ans donc ont été nécessaires pour élaborer ce second chapitre qui reprend les grandes lignes du premier en présentant un Italo-AOR de première classe, de celui que les écuries Frontiers et AOR Heaven proposent à longueur d’année. Mais attention, ici le Hard mélodique l’est vraiment, et souvent plus suave que réellement agressif. Toutefois, et malgré la présence d’un claviériste à la composition, la guitare n’en est pas pour autant reléguée au dernier rang, et la patine très BON JOVI de certains titres nous donne des indications précieuses sur la philosophie générale du projet. On remarque cette envie de fédérer à grands coups de mélodies US sur des morceaux comme « Shout », qui sonne comme un classique des charts des années 80, ou sur « Wild Heart », que le beau Jon aurait pu placer sur son premier LP ou sur 7800° Fahrenheit. En substance, ROOM EXPERIENCE représente la quintessence de l’art européen pour singer les méthodes américaines, et on retrouve sur cet album toutes les astuces les plus brillantes du genre. Des chansons aux refrains étincelants, des parties de claviers subtiles et prononcées, quelques riffs de guitare plus velus que la moyenne, et surtout, des parties vocales individuelles et collectives qui mettent en relief des refrains en or massif. Le choix de David Readman n’a rien d’étonnant, l’anglais ayant largement prouvé son talent au sein de PINK CREAM 69 ou ALMANAC, et l’osmose entre lui et Gianluca est vraiment patente, et met en relief un songwriting de haute tenue, chaque morceau sonnant comme le hit qu’il est vraiment. Et avec deux producteurs aux commandes qui aiment vraiment le genre, et le glaçage superbe de Del Vecchio, l’album sonne évidemment brillant, comme un diamant poli à la lumière du jour.
Certes, et j’en conviens, ce second LP s’adresse surtout à la frange la plus sensible des amateurs de Hard FM de luxe. Si les guitares rugissent en arrière-plan, ce sont vraiment les arrangements vocaux qui se taillent la part du lion. Mais la précision de ces arrangements, couplés à des mélodies magiques au clavier permettent au tracklisting de briller de mille feux et de se rapprocher de l’essence même du genre, avec en exergue de petits bijoux comme « Disappointed » qui ne risque pas de décevoir qui que ce soit avec ses harmonies dignes d’un soap US. Une fois encore, les italiens montrent qu’ils ont bien retenu la leçon de leurs aînés d’outre-Atlantique, adaptant la magie des JOURNEY à un contexte plus purement européen et sensible. C’est ainsi que l’alternance est pratiquée, nous proposant un menu contrasté aux saveurs nuancées, avec parfois des accès de sentimentalisme qui évitent toutefois le sirupeux dangereux pour les diabétiques (« Strangers In The Night », plus NIGHT RANGER que Sinatra), voire des incursions sérieuses en territoire West-Coast/Pop (« The Distance »). Pour autant, pas d’inquiétude à avoir, le duo créatif nous ayant quand même ménagé un minimum de moments d’agressivité contrôlée. Avec des titres respectant toujours un format court très adapté, les hits se succèdent à bon rythme, avec toujours cette puissance Rock qui prédomine. Certes, le Hard Rock du collectif international est toujours très poli, comme en témoigne « Shout », et ses trois minutes up-tempo au refrain accrocheur, toujours sous influence BON JOVI, ou « Another Time And Place » qui propose plus ou moins le même parfum en atténuant légèrement le goût corsé. Cela dit, et pour être honnête, l’album connaît à ce moment-là une perte de puissance, totalement assumée, mais qui pourra prendre de court les amateurs d’AOR musclé.
« The Miles That Make A Road » donne donc le ton de la dernière partie, plus tamisée, avec sa Pop-Rock ciselée et ouvragée. La puissance cède donc le pas à la sensibilité, pourtant, le groupe parvient à éviter le piège de l’enlisement mièvre, avec toujours ces nappes vocales sublimes et cette guitare qui s’accroche aux arrière-postes. Sans jamais renoncer à ces refrains si efficaces et symptomatiques de la magie eighties, ROOM EXPERIENCE continue de friser la perfection dans son art via « The Night Goes On ». Bien sûr, ce dernier tiers est plus à conseiller aux accros des harmonies douces et des productions les plus léchées, mais pourtant, impossible de résister à cette musique qui va défier les américains et les suédois sur leur propre terrain en proposant un crossover entre les deux écoles. Dommage toutefois que l’album se termine sur une ballade et une reprise d’un titre déjà présent, mais chanté par Gianluca Firmo (« The Distance »), tant nous aurions aimé qu’il s’achève sur une dernière montée d’adrénaline qui aurait laissé un souvenir plus prenant. Mais gorgé de soli parfaits, de mélodies entêtantes, et de romantisme sincère, Another Time and Place gagne ses galons de classique de l’AOR à venir, et enchantera les plus sensibles d’entre vous, sans forcément rebuter les amateurs d’harmonies musclées.
Titres de l'album :
01. Hear Another Song
02. Wild Heart
03. Disappointed
04. Strangers In The Night
05. The Distance
06. Shout
07. Another Time And Place
08. The Miles That Make A Road
09. The Night Goes On
10. A Thousand Lies
11. Your Voice Inside
12. The Distance (Lead Vocals: Gianluca Firmo - European Bonus Track)
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36