Dans la course aux nouveautés, j’avais beaucoup misé sur le premier long des brésiliens de THE TROOPS OF DOOM. Je les avais imaginés passer la ligne d’arrivée à une vitesse supersonique, laissant leurs adversaires mordre la poussière Thrash/Death avec amertume mais résignation face à la supériorité évidente d’un supergroupe que tout prédestinait à accumuler les victoires.
Deux EP’s m’avaient poussés à miser gros sur ce groupe de Belo Horizonte, assemblage Frankenstein de figures de la scène locale, avec en Golem vengeur Jairo « Tormentor » Guedz, guitariste légendaire du SEPULTURA des jeunes années brutales, et responsable en partie du son barbare de Bestial Devastation et Morbid Visions. En adoptant pour le principe le classique du groupe comme nom de son nouveau projet, Jairo aurait pu se contenter d’une nostalgie facile, et nous refourguer un tribute-band, ou un succédané à peine crédible de son glorieux passé. Mais c’eut été mal envisager ses ambitions que de penser que le guitariste bouclé aurait pu se niveler par le bas sans essayer de pulvériser la concurrence de son talent naturel. Et après deux coups de semonce en version courte, Antichrist Reborn vient dynamiter les derniers doutes, et obliger les anciens à revoir leur copie médiocre.
THE TROOPS OF DOOM, outre Jairo, repose sur les solides épaules d’Alex Kafer (chant/basse, ENTERRO, EXPLICIT HATE, ex-NECROMANCER), Alexandre Oliveira (batterie, SOUTHERN BLACKLIST, RAISING CONVICTION), et Marcelo Vasco (guitare, PATRIA, MYSTERIIS, et graphiste pour SLAYER, KREATOR, MACHINE HEAD, SOULFLY, ou HATEBREED). Soit un quatuor au CV impressionnant, apte à en découdre avec les plus venimeux serpents des années 80, qui aujourd’hui peinent à se renouveler.
On le sait, la nostalgie fait vendre, mais celle des cadors DESTRUCTION, KREATOR, TESTAMENT et autres références uniques est tellement standardisée qu’on peine à croire que la véritable brutalité peut survivre aux années de combat. Il semblerait que THE TROOPS OF DOOM se porte en faux contre cette assertion, en nous délivrant l’album le plus excitant de ce mois de mai 2022.
Sauvage, solide, puissant, méchant, cruel, bestial, Antichrist Reborn vient chiper dans les coffres de la brutalité sud-américaine de quoi s‘ouvrir un PEL international et acheter une crédibilité totalement méritée. Mixé par le monstre Peter Tägtgren au mythique The Abyss Studio, et masterisé par Jonas Kjellgren au Blacklounge Studio en Suède, ce premier album est une tuerie non-stop qui prend un malin plaisir à varier les ambiances pour moduler la température, et passer de la chaleur insupportable à la fournaise qui crame les chairs. A ce titre, l’aplatissant « The Rebellion » incarne ce que l’Amérique du Sud a pu produire de plus vilain sous l’influence de SLAYER, et si parfois, le cocktail à de faux airs de mélange dosé un tiers/deux tiers de CELTIC FROST/SEPULTURA, l’ivresse est bien réelle, et ne laisse aucun autre effet secondaire qu’une accoutumance à cette musique violente mais terriblement efficace et intelligente.
Clippé, « Altar Of Delusion » rappelle le meilleur INCUBUS passé OPPROBRIUM depuis quelques années, et nous soumet une version Death de tradition qui laisse les roustons tout secs et la gorge enrayée par des cris d’hyène en rut. Véritable machine de guerre aux rangs serrés, THE TROOPS OF DOOM a multiplié ses capacités par dix, et a transformé son excellente réputation en évidence indéniable. Entre plans Heavy vraiment salés et accélérations fumasses à la limite du Thrashcore, Antichrist Reborn est un char d’assaut équipé d’un lance-flammes qui passe dans les villes et les campagnes en ne laissant que des ruines fumantes, panzer de la mort qui rappelle que le Brésil fut le premier pays à pousser les choses le plus loin possible en termes de chaos.
Redondance, vélocité, envie d’en découdre, animosité, tous les sentiments y passent, et ce premier chapitre longue-durée de la saga brésilienne va devenir un véritable modèle du genre rétro/vintage/nostalgique avec une touche contemporaine bien sentie. Pour exemple, « Pray Into The Abyss », joue lourd et rend hommage aux maitres Thrash de la décennie magique, tout en louchant sur le Death américain de l’axe 90/92. On sent une réelle envie d’actualiser une musique passéiste, mais boostée par une production up to date, et galvanisée par des compositions vraiment riches.
Le chant très sourd et raclé d’Alex Kafer, le métronome nucléaire Alexandre Oliveira, et la paire de riffeurs de l’enfer Jairo Guedz/Marcelo Vasco s’en donnent donc à haine joie, et font du tracklisting de cet album une exécution en règle, sans témoins, mais avec chargeurs pleins. « Deserters From Paradise », chaotique à souhait, à la limite du hors-jeu BPM, « A Queda », digne d’un SADUS vraiment pas content, et le final plus posé et évolutif « Preacher's Paradox » font de cet Antichrist Reborn le véritable avènement de Damien, antéchrist de légende, venu sur terre réclamer son dû et laisser la terre à feu et à sang.
Sympathique, le groupe nous offre même en version CD deux bonus tracks, et pas des moindres. Deux covers, l’une de SEPULTURA évidemment, et l’autre d’une influence de SEPULTURA, CELTIC FROST, et « Necromancer » de transformer un classique bancal en boucherie sanglante, alors que « The Usurper », certes moins réussi de nous laisser sur une note d’histoire noire comme on l’aime si occulte.
THE TROOPS OF DOOM m’a donc fait récupérer au centuple ma mise de plaisir, et s’annonce comme le futur grand de la scène Death/Thrash que l‘on avait deviné. Rien de vraiment novateur, mais une puissance à dénouer et laver les dreads de Max et ventiler la batterie d’Igorr.
Titres de l’album :
01. Dethroned Messiah
02. Far From Your God
03. Altar Of Delusion
04. Grief
05. Pray Into The Abyss
06. The Rebellion
07. Deserters From Paradise
08. Apocalypse MMXXII
09. A Queda
10. Preacher's Paradox
11. Necromancer (SEPULTURA cover)
12. The Usurper (CELTIC FROST cover)
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