Quatrième album pour ces sympathiques suédois fans d’ABBA. Non, plutôt fans d‘abats, et de cimetières décatis, de vautours, de linceuls, de longues toges noires et de célébrations forestières un peu louches. Originaires d’Eskilstuna, les membres de WAN ont toujours été très productifs sur leur scène nationale, et nous offrent aujourd’hui la primeur de leur quatrième longue-durée, qui - tradition oblige - lâche treize titres comme autant de signes de malchance et de superstition.
Entamée avec l’impitoyable Wolves Of The North (2010) et mise en pause après Wan Way To Hell (2017), la carrière de WAN, légèrement erratique ces dernières années a toujours été consacrée à diffuser la bonne parole d’un Black Metal âpre, dur, sec comme un été caniculaire, et sans pitié. D’obédience évidemment nordique, ce BM cru et simple fait donc la part belle à la tradition, une fois encore, en osant cette guitare lancinante aux médiums écorchés, cette rythmique plurielle entre blasts et blanches écrasées sur la caisse claire, et ce chant vomi des entrailles de l’enfer à s’en déchirer des cordes vocales déjà bien entamées.
Dès lors, quel intérêt d’écouter cet Antichristian Douchebag au titre péremptoire, plutôt qu’une autre sortie, d’autant que l’album accuse déjà une année d’âge ? Aucune vraiment valable, si ce n’est un plaisir certain de se replonger dans les ténèbres des années 90, et d’y retrouver l’essence des précurseurs, que le label allemand de la bande n’hésite pas à nommer: MAYHEM, HELLHAMMER, BATHORY et CELTIC FROST.
Pour MAYHEM, on peut à la rigueur comprendre le pont reliant Deathcrush à Antichristian Douchebag, mais pour le reste des citations, la filiation est beaucoup plus discutable. Car en effet, WAN, depuis le départ ressemble plus aux premiers crachats de DARKTHRONE ou IMMORTAL, avec cette petite touche catchy et n’roll qui a fait la joie des petits et des grands de la fin des années 90.
Du classique donc, jusqu’au bout des cordes fatiguées, un formalisme ne se démentant pas, une production exemplaire pour l’optique choisie, et un album qui une fois encore fait admirablement bien le job, nous précipitant dans le bain de lave de la nostalgie la plus assumée. Structures mouvantes mais riffs monolithiques, graves qui tremblent et sapent les fondations, line-up parfaitement au courant de son vocable et de sa syntaxe (Tsjud - chant
Isengrim - guitare, Drægg - batterie, Skoll - basse), pour plus de quarante minutes de fiel noir. On peut trouver ça méchamment redondant, mais il est impossible de nier au groupe sa capacité à recréer un vieux décor bien connu des fans de Metal noir.
Aucune surprise ne vient donc émailler l’écoute d’Antichristian Douchebag, manifeste pour les crétins satanistes de pacotille, qui vrille bien les tympans, et laisse une sensation de bien-être à tous les malades des sous-bois nocturnes, encapuchonnés pour aller sacrifier un moineau sur l’autel en plastique de tata Ginette.
Du velu, du costaud, et des titres qui s’enchaînent dans la bonne humeur, voilà donc le menu de ce quatrième album qui fait honneur au reste de la discographie des suédois. Un peu long évidemment, mais avec quelques accélérations cocasses (« The End of All Light », Black Thrash satisfaisant et ludique), ou au contraire de longues suites évolutives (« Svartrid »).
Largement de quoi sustenter tous les affamés old-school qui retrouveront le gout de la pourriture noble des années 90, sans avoir forcément besoin de comparer les WAN à d’autres idoles de l’époque. Même si le parrainage de DARKTHRONE semble inévitable…WAN, two, three, four, un quatrième album passé haut la main, et une course en avant qui reprend enfin en regardant en arrière. Image amusante pour une réalité sans fard.
Comme le dirait VENOM : Black Metooooooooool !!!
Titres de l’album :
01. The Viper
02. Tvinsot
03. Redeemer, Saviour, Skank
04. Midskog
05. Antichristian Douchebag
06. By Thousand Horns Impaled
07. Djefulsdrapa
08. Night of the Pagans
09. The End of All Light
10. Stupstocken
11. Svartrid
12. Dekket av snø
13. The Roots of Metal
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