En plein confinement, il faut bien s’occuper. Je n’ai rien contre le sudoku, le tricotin, une rétrospective des Charlots, un escape-game at home, une petite galoche roulée au chien ou un rapprochement physique avec madame, mais il y a des façons de s’amuser plus ludiques et qui en plus, divertiront vos voisins sans qu’ils ne vous l’aient demandé. Les décibels, contrairement à ce que croit l’adage populaire, sont les meilleurs amis de l’homme et non les clébards, et la plus belle conquête de l’homme n’est pas non plus le cheval, mais le Grind. Et comme de toute façon, apprendre à votre yorkshire à monter à cru sur une belle croupe est un exercice un peu trop difficile dans un vingt mètres-carrés, autant vous jeter corps et âme dans la débauche sonique. Je vous préviens par contre qu’à moins de répéter l’exercice un certain nombre de fois, l’activité ne va pas durer longtemps. Car le premier LP des brésiliens de GURO n’excède pas les vingt-cinq minutes, et que les vingt morceaux pris indépendamment sont trop brefs pour meubler le temps. Dans les faits, GURO est un joli trio de musiciens propres sur eux aux t-shirts bien repassés (Kiko - batterie, Thiago - guitare/chœurs et Eron Gravepüking - chant), fondé en 2014 du côté de Londrina, et déjà responsable de quelques exactions au rayonnement limité, dont deux démos en 2016 et 2017 (Guro et Promo, qui ne sont pas dans un bateau mais qui coulent quand même), et deux splits en compagnie des brutaux TECNODEPENDÊNCIA, MORTO, CRUEL FACE, A SAFE DISTANCE FROM SICKNESS, NECROPOLIS ET CAPTAIN THREE LEG. Rien de fondamental en soi, mais largement de quoi entrevoir le potentiel de bestialité d’une horde réduite qui ne conçoit la musique que sous son jour le plus brutal et viscéral.
Sur sa page Facebook, le groupe plutôt roublard nous indique quelques pistes pas vraiment fiables. On apprend donc qu’ils aiment ENTOMBED, NAPALM DEATH et DOOM, ce que leur musique en foutoir intégral ne souligne pas vraiment. Non, le Grind des brésiliens est paillard en diable, légèrement noisy sur les bords, laissant parfois place à des exactions immondes et subtilement comico-brutales (« Otromsued », ce chant à la limite du n’importe-quoi sur fond de bande-son purement Death/Grind est parfaitement délicieux), mais se contentant la plupart du temps de profiter d’une batterie supersonique se calant sur des riffs sombres, solides et éminemment saccadés. On pense à la quintessence du Death à tendance Grind, à BRUTAL TRUTH délocalisé dans un bordel de Rio, aux THE KILL indisciplinés et lâchés dans une forêt inextricable avec une seule machette émoussée, un peu aux MORTICIAN aussi, lorsque le tempo se relâche et ralentit la cadence, mais la folie ambiante dégagée par cet Anticristo est méchamment contagieuse, d’autant plus que les musiciens sont précis dans leur délire. Nous avons même droit parfois à de véritables tubes estampillés Death, solides et conséquents (« Daughter Of Satan », qu’on imagine bien vicieuse et avec un clitoris cornu), et le délicat parfum CARCASS/AGATHOCLES qui anime ce premier jet est d’une euphorie qui le confine (sic) à l’hystérie, d’autant plus que la production solide permet d’en apprécier toutes les « finesses ».
Non, je plaisante. En dehors des facéties en fills d’un batteur qui sait comment cogner, le tout est aussi fin qu’une grosse pièce de bœuf posé sur un étal de boucher, mais exempte de toute terminaison nerveuse trop difficile à mâcher. Le tout s’avale d’une traite, et reste dans une moyenne de bestialité sud-américaine traditionnelle, avec des accélérations fulgurantes, un chant grognon et sourd, une guitare qui turbine sans remâche et relâche tout en parvenant à trouver quelques licks bien accrocheurs et limite suédois (« Cannibals »). On pense à IMPETIGO en version plus pro, on s’en mange plein la tronche mais on aime ça, puisque le trio parvient toujours à insuffler à chaque morceau une haleine très personnelle et identifiable. Les rares soli sont bien sûr très primitifs, mais quelques inserts plus faciles d’approche et mémorisables permettent de transformer la réalisation en produit très professionnel et remarquable (« O Ceifador », du CARCASS dans le texte revu et corrigé par feu José Mojica Marins). Du gros qui tâche, mais qui tâche propre, et avec une entame de la véhémence de « Grind Pop Freak », impossible de se tromper sur la marchandise. A vous de voir si la grosse caisse traitée reste supportable sur la durée, mais avec des riffs diaboliques comme celui de « Morto », impossible de résister à cette hystérie générale, à deux doigts d’un techno-Grind avant-gardiste n’ayant pas peur de combiner démence et technique tendance. Du beau travail qui parfois rappelle le vrai Death des années 90 (« Horrorshow »), pour un LP signé sur un label déguisé en hommage potache (Eronnimoüs Records, il fallait oser). De l’excès, de l’enthousiasme, du bordel, et de quoi faire salement chier vos voisins aux alentours de deux heures du matin, histoire de renforcer l’aspect apocalyptique de cette période plus que trouble. Et puis avec un barouf pareil, avec un peu de chance, vous attirerez aussi quelques zombies.
Titres de l’album :
01. Grind Pop Freak
02. Morto
03. Horrorshow
04. Anticristo
05. Grindcuzão
06. Baskin
07. Athenesic
08. Buried Alive
09. Açúcar
10. Necropolis
11. Ascaris
12. Otromsued
13. Lata
14. Daughter Of Satan
15. Vazio
16. No Hope Coke
17. Cannibals
18. O Ceifador
19. Sádico
20. Suicídio
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