Il y a les trois visages de la peur, les trois côtés d’une histoire, et les trois versions d’un même homme. Cet homme, c’est Lars Are Nedland, moteur de BORKNAGAR et SOLEFALD, qui s’est soudainement senti pousser des ailes pour partir en vrille dans des side-projects s’accumulant comme des dossiers sur le bureau de l’avocat du diable. Un an après nous avoir estomaqués avec WHITE VOID, le bassiste/chanteur s’en revient avec son plus parfait négatif, BLACK VOID, qui incarne évidemment l’autre côté du miroir, celui dans lequel Alice voit son reflet de trainée et un lapin borgne se prendre pour son pimp.
Un an après Anti, le premier album de WHITE VOID, Lars revient donc avec Antithesis, premier album de BLACK VOID, et côté face d’une réalité qui tombe toujours pile là où il ne le faut pas. Bien entouré de pointures, avec Tobias Solbakk (batterie, IHSAHN, WHITE VOID, IN VAIN) et Jostein Thomassen (guitare, BORKNAGAR, PROFANE BURIAL), Lars Are Nedland a donc pu laisser libre cours à son imagination pour équilibrer la balance bien penchée du côté des couleurs et des harmonies suite à la pesée de WHITE VOID. Si WHITE VOID présentait la vie comme presque charmante sous l‘égide de Camus, BLACK VOID se veut Némésis absolue, et se vautre dans la soue de la noirceur sous l’influence du philosophe un peu trop cité Friedrich Nietzsche. Les mélodies sont donc mises à mort dans une souffrance extrême, tout en survivant assez longtemps de leur propre douleur pour animer un refrain plus enjoué que la moyenne d’un disque agressif, puissant, et sombre comme un matin d’hiver chargé.
Vous pouvez teinter votre vie de couleur et d’harmonie. Mais cette fois-ci, j’ai pensé aux ténèbres, à la furie, à la pourriture de l’existence. Le nihilisme nous apprend qu’il n’y a pas de place pour la moralité ou la connaissance dans la vie. Alors, que nous reste-t-il ? Rien, et la seule réaction sensée est donc de tout rejeter.
C’est ainsi que Lars présente donc sa nouvelle facette, et force est de reconnaître que si certaines parties de la description d’Antithesis sont justes, le projet reste suffisamment construit, élaboré et musical pour contredire cette fausse évidence comme quoi rien n’est plus assez précieux pour être défendu bec et ongles. Il n’est donc pas question de nihilisme ici, mais bien de rejet de certaines valeurs harmoniques, pour adopter les contour d’un Hard-Rock traditionnel et extrême recouvert d’une patine Black assez épaisse pour attirer dans ses filets les fans d’extrême fatigués d’écouter toujours la même chose.
Entre Heavy Metal vraiment solide et dur, Crust ou D-Beat allusif, BLACK VOID tergiverse et cherche sa voix, et la trouve justement en évitant toutes les haltes inutiles. Il y a autant de différences entre l’ouverture classique « Void » et le teigneux « No Right, No Wrong » qu’entre WHITE et BLACK VOID, et cette distance prise avec le côté positif permet à ce premier album d’exister par lui-même, sans n’être que le contrepoids d’un concept déjà existant.
Le travail de Jostein Thomassen est donc admirable. Le guitariste extrait de son instrument les riffs les plus accrocheurs de sa carrière, et joue le jeu d’un leader qui s’est focalisé sur sa personnalité la plus sombre, sans renier son attrait pour la lumière mélodique. Acceptant la participation de cadors du BM en soutien (Sakis Tolis de ROTTING CHRIST et Hoest de TAAKE), BLACK VOID s’inscrit dans la légende même du Black, sans pourtant faire partie d’une autre famille que la sienne. Les réminiscences du passé norvégien sont pourtant bien là, et on les trouve dans le mixage et le mastering incroyables d’Øystein G. Brun, dans certains licks circulaires, mais aussi dans certaines humeurs plus maussades que la moyenne. Mais que les choses soient bien claires, Antithesis est tout sauf du Black Metal, et ose même parfois des crossover dangereux, comme celui unissant Folk et Punk sur « It's Not Surgery. It's A Knife Fight ».
Accrocheur de bout en bout, ce premier album est un modèle du genre. Loin d’un simple jet de bile gratuit, loin d’une counterpart facile et prévisible, BLACK VOID est un concept à part entière, qu’on aurait d’ailleurs plus facilement imaginé sur Indie Recordings que chez Nuclear Blast. Entre franchise rythmique et facilité Rock (« Explode Into Nothingness »), lancinance obsédante et noircie de suie (« Nihil »), et explosion de rage dans les bas-fonds d’une humanité de plus en plus centrée sur ses derniers instants qu’elle nie pourtant (« Dadaist Disgust »), BLACK VOID offre une complétude formidable, et ose même prétendre en filigrane que WHITE et BLACK VOID ne sont que les deux visages d’un même groupe, et ses deux personnalités.
L’une, saine et euphorique, l’autre, maladive et déviante, pour une créature à la force incroyable hésitant entre destruction et reconstruction. Antithesis est donc l’antithèse d’un album gratuit en mode automatique, et une œuvre magnifique, qu’on peut apprécier comme telle sans avoir à la relier au passé glorieux de Lars Are Nedland.
Titres de l’album :
01. Void
02. Reject Everything (feat. White Void)
03. Death To Morality
04. Tenebrism Of Life
05. No Right, No Wrong
06. It's Not Surgery. It's A Knife Fight
07. Explode Into Nothingness
08. Nihil
09. Dadaist Disgust (feat. White Void & Sakis Tolis)
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