Nous passons de températures estivales au mois d’octobre à des précipitations soulignées d’une fraicheur de saison. Alors, si d’aventure les climato-sceptiques rejetaient encore les théories de réchauffement global, ils n’ont qu’à regarder par la fenêtre, sortir et constater par eux-mêmes. C’est le bordel total, on passe des claquettes à la doudoune, des lunettes de soleil au bonnet, et tout ceci ne fait que commencer. Pourtant, les groupes de Thrash, de Crossover et de Hardcore nous prévenaient depuis longtemps. Main dans la main avec les scientifiques, les musiciens alertaient à l’instar de NUCLEAR ASSAULT de nos sales habitudes consuméristes, et des dangers de l’exploitation des énergies fossiles, de la surpêche qui oblige à aller trouver la pitance dans les bas-fonds, et des émissions carbones rendant l’air de plus en plus vicié.
Nous avons donc le présent que nous méritons, et les indiens de SPEEDTRIP s’en contentent, non sans dénoncer les mêmes travers que leurs aînés.
Il parait qu’à Bangalore, les murs tremblent quand les musiciens enfourchent leur instrument. Je ne doute pas de cette information, même si la ville est grande, puisque Apocalyptic Killzone a fait danser la gigue aux miens, dès neuf heures du matin. Il faut dire que ces gens-là sont connus, et ont une réputation à tenir. Une réputation née en 2017 à la sortie du sympathique et tonitruant Trapped in a Maze qui les avait placés sur la carte du tendre d’un Heavy-Thrash efficacement passéiste et passionnément nostalgique.
Six ans plus tard, la donne n’a pas changée, mais ce deuxième longue-durée tombe à point pour servir de bande-son à une fin du monde version Roland Emmerich, avec explosions, catastrophes naturelles photogéniques, et cinématographie de blockbuster au budget confortable.
Non que le quintet (Lohith Murthy – basse, Rakeeb Javed & Govindan Potti – guitares, Kaushik Baruah – chant et Sylvester Joe – batterie) incarne un certain renouveau pour la déferlante old-school, mais son application et sa solidité rythmique en font l’un des représentants les plus crédibles d’un système de recyclage, qui pour une fois s’éloigne de la tutelle des références les plus évidentes.
Beaucoup plus proche d’un FORBIDDEN énervé que d’un SLAYER agité, SPEEDTRIP joue fort, mais modulé. La modération à la DEATH ANGEL ne nuit pas toutefois à la puissance de l’ensemble, qui s’appuie sur une belle collection de riffs redondants, et de plans rythmiques solides. Avec en cerise sur le gâteau de la fin des temps la voix totalement possédée de Kaushik Baruah, le mélange est pour le moins épicé, mais le goût délicieux et relevé. Et ce second tome de la saga est une avancée non négligeable pour le quintet indien.
Production clean qui n’a rien à envier aux grands studios, pochette dans les règles de l’art, intelligence de composition, morceaux homogènes mais qui possèdent tous leur propre patte, arrangements sobres mais efficaces, basse ronde qui roule, le résultat de ces six années de réflexion est tout bon, tout du moins pour ceux qui acceptent que leur Heavy/Thrash ne monte pas trop dans les tours.
C’est d’ailleurs le seul reproche à formuler à l’encontre de SPEEDTRIP - et contrairement à ce que son nom semble indiquer - cette absence de morceau vraiment percutant, capable de réconcilier la Ruhr et la Californie. Car même si le beat accélère parfois ses pulsations, c’est uniquement pour décorer un break de saison qui offre un surplus de puissance pendant quelques secondes. On est donc parfois légèrement frustré par cette optique à la ICED EARTH/DRIFTER/PANIC, mais on se laisse globalement porter par l’enthousiasme du projet, d’autant que « Zombie Hunter » nous attend en pénultième position pour nous donner un léger frisson.
Toujours aussi savoureuse, cette violence maison se digère très facilement, en attendant de passer à un plat plus copieux et roboratif. Mais je ne peux m’empêcher de garder un très bon goût dans la bouche après avoir dégusté cet Apocalyptic Killzone, qui s’il n’est pas la B.O de l’apocalypse annoncée, n’en reste pas moins un album très solide, concis, percutant et épais.
Moins de trente minutes de leçon de vitalité, pour une nostalgie tout sauf bradée. Ici, on ne recycle pas aveuglément, on trie et on place dans les bons containers, pour éviter que les influences ne se retrouvent n’importe où.
Un comportement louable, mais qui ne sera sans doute pas suffisant pour nous sauver de la catastrophe à venir. Mais au moins, nous partirons dans la joie, avec des décibels indiens plein les oreilles.
Titres de l'album :
01. March of the Dead / Violence Is Golden
02. Mean Machine
03. Mötley Brew
04. Decayed Existence
05. Surfer X
06. Beermaggedon Now!
07. Zombie Hunter
08. Speedtrippin'
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30