Quand on joue du Thrash vintage, il n’y a que deux options. Faire comme ci, ou faire comme ça. Après, tout dépend de votre culture, de vos moyens, de votre bagage technique, ainsi de suite. Mais autant le dire immédiatement, je préfèrerai toujours un groupe qui se plante parce qu’il n’en avait pas la chance, plutôt qu’un groupe qui croit réussir parce qu’il en avait les moyens. C’est assez obscur je l’admets, mais assez révélateur de mon point de vue sur la question. Mais en substance, un combo avec une grosse prod’ et qui s’évertue à pomper les tics les plus symptomatiques de la légende, ça me gave. Et grave. Par contre, un petit groupe avec de petites possibilités studio, un enregistrement limite démo, mais une envie qui déborde, je suis client. Le résultat n’est pas toujours à la hauteur en termes de qualité, mais pour un peu, et en étant légèrement complice, on s’y croirait presque. Ainsi, en écoutant le nouvel album des russes de TIRAN, je me suis vraiment cru projeté trente ans en arrière, lorsque le découvrais alors les premiers vinyles d’INCUBUS, de HOBBS ANGEL OF DEATH, ou autres FLAMES et membres de la confrérie de seconde division du Thrash mondial. Et c’était vraiment agréable, croyez-moi…En plus, les mecs n’ont même pas fait exprès de sonner comme ça, puisqu’on sent que le naturel a pris le pas sur les motivations, et que de toutes façons, ils n’auraient même pas pu faire mieux ni plus authentique s’ils l’avaient voulu…
En dehors de ça et pour situer un peu le contexte, les TIRAN viennent de Velikie Luki, et jouent ensemble depuis 2005. Ne croyez pas pour autant qu’ils se soient tourné les médiators entre les pouces depuis, puisque leur discographie est relativement touffue, et truffée de pépites en divers formats. Inutile de la reproduire ici, puisqu’elle est consultable sur leur Vk et leur page Facebook, mais notons quand même deux longue durée (Демония en 2008, toujours en russe, Reborn Chaos en 2011, en anglais), qui nous mènent à notre sujet d’étude du jour, leur dernier LP publié online par Global Thrash Attack, petit label russe très actif qui sort des compilations de gangs locaux histoire de propager la bonne parole Thrash de l’est.
Cette parole, quelle est-elle ? Lumineuse et radicale ? Précieuse et fatale ? Plutôt grésillante et létale, puisque ce troisième album de Tiran (guitare/chant), Moshna (guitare), Father (basse) et Kate (batterie) tend vers une qualité de démo à peine soignée, avec ses fréquences médium qui saturent, son chant sous-mixé, et sa rythmique qui fait la part belle à une basse grondante et une caisse claire frappante. Mais la perfection n’a jamais été l’apanage d’un style qui mise tout sur l’agressivité, et sous ce facteur-là, Apocalyptic Tales est une réussite totale, qui parvient à synthétiser l’esprit fou du Thrashcore à tendance Death des INCUBUS, la violence sourde et brutale de PROTECTOR, mais aussi l’esprit déjanté des formations allemandes à la ASSASSIN, tout en gardant ses racines russes sous le coude. Bel effort en tout cas, et résultat enthousiasmant, à défaut d’être carré. Enfin…pas tout le temps.
Les russes connaissent leur histoire et celle de la musique qu’ils apprécient, c’est certain, et font preuve d’une belle énergie, qui privilégie la vitesse à la précision, même si leurs passages Heavy, loin d’être millimétrés, apportent un peu de cohésion à l’ensemble. Mais pour être honnête, ce sont vraiment leurs crises de folie qui nous entraînent jusqu’au bout de la nuit, lorsque la batterie mitraille à tout va, et que Tiran se prend pour Paul Baloff en pleine crise de possession. Il n’est même pas incongru dans ces moments-là de voir quelques intonations BM dans leurs inflexions, certainement guidées par la voix si particulière d’un leader qui donne de son gosier pour souiller encore plus des compositions déjà bien entachées.
Les esthètes s’enfuiront à toutes jambes rejoindre le giron professionnel des WARBRINGER et autres chantres d’une nostalgie de grand studio, mais les vrais amoureux du genre, ceux qui l’aimaient un peu bancal et amateur resteront en bonne compagnie, puisque la demi-heure proposée passe très vite, à peu près autant que les hits d’une caisse claire à l’agonie qui sèche sur place de parcimonie.
Tout ça joue très vite, et sans vraiment réfléchir la plupart du temps, même si quelques constructions plus ambitieuses se taillent une route vers un mid tempo vraiment accrocheur (« Speed As Hell, Drunk As Well », difficile à supporter dans sa stridence, mais qui apporte une véritable jouissance presque Techno-Thrash dans l’urgence). D’ailleurs, les TIRAN ont le mérite d’être honnêtes, et d’abattre leurs cartes sans ouvrir la fenêtre, via une entame diabolique et atomique, qui frise l’overdose de BPM (« Apocalyptic Tales »).
Mais ils savent aussi nuancer et enfoncer, le clou bien sûr, en nous réservant quelques surprises assez gouteuses, comme ce « Enthropy », qui démarre bien Death/Thrash à la PROTECTOR avant de partir en vrille dans un groove hypnotique qui démontre d’indéniables qualités de composition. Dans ces moments plus posés, la production supporte mieux la charge, et laisse un peu d’air aux guitares qui n’ont plus besoin d’implorer pour s’imposer. Le chant doublé, mi rauque et grave, mi sale et exhorté est diablement efficace, tout comme ces soudaines envolées limite Black qui ne font qu’accentuer l’efficacité d’un break aux confins du Jazz-Thrash. Et le tout en à peine plus de trois minutes…
On croit rêver ?
Non, c’est une simple réalité.
Mais les morceaux comme celui-ci sont encerclés par des instants de débauche assumée, qui parfois singent les intitulés de dame KAT (« Metal Messiah », une fois de plus détalant comme un dératé avant de se calmer Heavy possédé), ou privilégient des inspirations multiples et des rythmiques épileptiques (« A Pilot’s Ruin », qui sonne comme une maquette d’un split entre INCUBUS et HEXX). Et finalement, ce qui frappe malgré le radicalisme de parti-pris, c’est cette variété de ton qui rend les russes atypiques, et très sympathiques.
Un album qu’il faut apprivoiser, et qui abime vos oreilles de son mixage un peu hasardeux, mais qui s’impose non sur la durée, mais sur le moment, en jouant comme il faut un Thrash tout sauf nouveau, mais débordant de brulots. Et qui en plus a la gentillesse de se terminer sur deux morceaux live, histoire de jauger le potentiel des hordes sur le sol irlandais.
Mais avec la qualité d’un bootleg mal enregistré, pas sûr qu’on y voit encore pousser des orangers.
Titres de l'album:
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