Je vous rappelle que Mad Max se passait en 2021, et qu’au vu de la tournure des choses, cette anticipation pourrait devenir concrète. Imaginez des hordes roulantes déboulant sur les routes départementales et nationales de France à la recherche du précieux gasoil…Sacré bordel n’est-il point ? Mais ce qui paraitrait encore plus extraordinaire, c’est que nos sauveurs émergent d’une ville française réputée pour son bon vivre et qui est depuis plusieurs années très prisée par les investisseurs étrangers…Quatre mecs qui sortent des Chartrons avec un look dépenaillé, l’air hirsute, mais la violence en étendard et un amour certain pour le pétrole comme leitmotiv. Je ne les connaissais pas en 2020, mais je les imagine aujourd’hui volontiers arpentant la fameuse rue Sainte-Catherine en mangeant un sandwich, regardant les passants d’un air hagard, se moquant de la plèbe pour son ignorance des évènements tragiques à venir. Ils sont quatre, ne sont pas punks et n’ont pas de chien (Guillaume (chanteur / guitariste), Alex (Guitariste soliste), Yann (bassiste soliste / choriste) et Maxence (batteur)), mais s’y connaissent en Rock n’Hard, et nous promettent une branlée visuelle pour raclée sonore. N’ayant pas eu la chance de les voir in situ au bon moment, je me contenterai donc de la raclée sonore qui en est une en effet, puisque ce premier album des KRASH RIDERS est un concentré de pure énergie Rock, comme seuls les grands anciens savaient nous en coller.
Apocalyptik Road, c’est un peu la highway 66 qui relie Bordeaux à Paris, avec en dragsters guests des compagnons de route de choix. On trouve rasant le bitume les bécanes de MOTORHEAD, la camaro trafiquée de DEEP PURPLE (celui de « Highway Star » évidemment), la Harley d’Angus Young, mais aussi la horde motorisée des ROSE TATOO et même le monstre mécanique de ROGUE MALE, course implacable régulée par l’arbitre AIRBOURNE. Du Rock donc, du vrai, méchamment burné, sans artifices, et dont le moteur ne tourne que grâce à l’énergie produite par une guitare, une basse, une batterie et un chant. Celui de Guillaume est raclé comme il faut, éraillé d’un gosier qui a trop abusé du carburant houblonné, et le background instrumental produit en arrière-plan de ses éructations est en parfaite adéquation avec sa diction. Un barouf du tonnerre, qui justement déclenche l’orage d’un avenir pas joli-joli, passé sur le goudron pour essayer d’assurer sa survie.
J’imagine bien les mecs un peu crades, la mine patibulaire, mais l’alcool généreux. On retrouve sur leur album l’urgence des premiers jets qui jouent leur va-tout sans se prendre la tête. Je me souviens d’ailleurs de l’Appetite For Destruction des GUNS qui foutait le même souk, bien que les bordelais se rapprochent plus de Lemmy que d’Angry Anderson. Ce qui n’empêche guère ces dix morceaux d’empester la graisse et le cambouis, l’huile frelatée et les pots d’échappement pas vraiment règlementaires, le boogie sale et les salles de répète industrielles, et d’étaler plus de riffs teigneux que la discographie intégrale de ZODIAC MINDWARP. Pas d’esbroufe ici, pas de mécaniques roulées dans un bar à la faune interlope, juste l’assurance des branleurs qui s’en cognent de leur réputation, et qui ne souhaitent qu’une seule chose : rester vrai, sonner authentique, et payer son tribut au Rock N’Roll le plus greaser qui soit. On pourrait d’ailleurs rapprocher les KRASH RIDERS des bien-aimés 7 WEEKS, qui eux aussi abordent le Rock sous son aspect le plus brut et alternatif, et avec un hit de la trempe de « Takedown », qui n’aurait pas fait tâche sur certains albums de la tête de moteur, les quatre girondins ne craignent personne, malgré une production légèrement déficiente qui maltraite certaines fréquences.
Mais les percussions sont là, les claqués de basse aussi, la rudesse instrumentale, et l’attitude évidemment. Transpirant de stupre et dégoulinant de sueur, le quatuor sonne la charge au délicieux son d’un moteur pour se présenter en guerrier de la route, de celui dont il vaut mieux éviter de croiser le chemin. Dès le départ, le ton est donné, et il est viril, chaud comme un carbu, et les guitares s’en donnent à cœur joie sans chercher le gimmick choc et pas chic. Alors, on se laisse embarquer dans un voyage au long-cours, dont on ne sait si on en reviendra vivant ou dans un sac en plastique, mais qu’importe : le dernier trip en vaut la peine. Alors évidemment, les accros à la finesse et au Metal le plus travaillé et moderne ne seront pour leurs frais. Mais nous ne sommes pas là pour philosopher, mais bien pour célébrer la fin du monde sur bande-son sauvage. L’adrénaline coule dans les veines comme dans les injecteurs, et « FuelPower » vous transforme en man-made-machine dévalant les autoroutes à la vitesse de l’éclair.
La versatilité n’est pas de mise, et la nuance rangée au placard, but…who cares ? Les soli sont purement trash, et si l’effort est encore un peu long par rapport à son propos, les musiciens proposent quand même des digressions qui permettent de changer d’air, à l’image de « Hellmade Blues » qui ose le Blues englué dans une marée noire de gasoil.
Boogie, Rock, binaire, ternaire, tout y passe et le barouf est gigantesque. On pourrait presque renifler les pneus usés sans avoir à coller son tarbouif sur la galette, et si la simplicité crasse est de mise, la sincérité fait chaud au cœur. En s’agitant comme des tarés euphoriques que le monde touche à sa fin, les KRASH RIDERS nous offrent donc avec Apocalyptik Road la BO idéale à la mort de l’humanité dans des souffrances torrides, et retranscrivent l’atmosphère qui règnera sur terre une fois que la couche d’ozone nous aura tous cramés. Après tout, rien ne nous interdit de tenter une dernière débauche avant la débâcle, et le pied garanti promis par ces quatre bordelais vous offre un orgasme motorisé de premier choix.
La vie la pute, et puis tu crèves.
Titres de l’album:
01. Warriors of the road
02. Ride Brother
03. Holy Bastard
04. Takedown
05. FuelPower
06. Hellmade Blues
07. Drop Dead Diva
08. Straight Zero
09. Rock it Out
10. All I Need is R'n'R
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