L’Apocatastase désigne la restauration finale de toutes choses en leur état d'origine. CORPUS DIAVOLIS exprime ce concept à travers la nudité du Black Metal, reflétée dans le miroir du Diable. La confession intime d’une messe noire la veille de l’Apocalypse. Le rituel se déshabille dans l’intense sophistication d’un voyage hors de la réalité des apparences. Il n’y a point de Dieu mais le Bouc.
La restauration finale de toutes choses en leur état d'origine. Est-ce à dire qu’à l’origine tout était mal ? Que finalement, Dieu serait la supercherie la plus grotesque de l’histoire de l’humanité ? A en croire le quatrième album des marseillais de CORPUS DIAVOLIS, le doute n’est pas permis. L’humanité est régie par des règles de malfaisance, d’égoïsme, de violence et de brutalité gratuite, et cette apocalypse programmée est la seule manière d‘assurer une fin digne à ce monde exsangue, et trop fatigué de s’être caché la vérité ultime : point de sauveur, point de rédemption, et juste cette damnation dans les flammes d’un enfer que nous avons largement mérité. Dès lors, inutile de faire acte d’attrition ou de contrition, puisque le jugement est déjà prononcé : l’après sera comme l’avant, dominé par le mal, dirigé par les esprits malins, et l’enfer sera peut être encore plus redoutable que nous le pensions.
Quatre ans après leur dernière sentence longue-durée, les français glissent d’un label à l’autre, et réapparaissent sur Les Acteurs de l’Ombre, pour mieux affirmer leur grandiloquence. Il n’est guère étonnant de constater que Gérald s’est montré fort intéressé par ce quatrième tome de noirceur, tant sa logique s’inscrit dans la sienne, purement artistique et conceptuelle. En phase avec les autres poulains de l’écurie, CORPUS DIAVOLIS livre là son œuvre la plus ambitieuse, en termes de concept, mais aussi d’application musicale. Si les trois précédents chapitres de l’histoire étaient tous impressionnants à leur manière, Apocatastase a des airs d’apocalypse pour le Black Metal traditionnel, transcendant les influences pour rendre le résultat encore plus létal et irréfutable.
Daemonicreator (chant, synthés), Analyser (guitare), Lord Khaos (guitare), Funeral (basse) et IX (batterie) nous offrent avec Apocatastase un postulat définitif, et une charge virulente qui laissera des stigmates sur les paumes de fans. Désormais surs de leur direction, certains de leurs opinions, les cinq musiciens se permettent toutes les exagérations, toutes les dérives et les combinaisons pour accoucher d’un travail titanesque, découpé en six parties d’humeur égale et de durée excessive. Pourtant, aucun plan, aucune idée ne parait incongru, déplacé ou réchauffé. A cheval entre la brutalité sans frein de Hellfire et le malaise traumatique et cryptique de Demonoir, CORPUS DIAVOLIS livre une équation 1349 très personnelle, et se sert de toutes les astuces les plus diaboliques pour parvenir à ses fins.
Enregistré par Daemonicreator, mixé et masterisé par George au Pentagram Studio et emballé dans un sublime artwork signé Khaos Diktator Design, Apocatastase est plus qu’une nouvelle étape sur un parcours bien dessiné. Il est une œuvre définitive, aux confins de l’imagination la plus maléfique, et une synthèse de tout ce que le BM moderne à de plus laid et grandiloquent à offrir. Ces chœurs qui traînent en arrière-plan comme des fantômes de l’histoire, ces riffs lancinants et insistants qui obsèdent et finissent par rendre fou, ces accélérations soudaines qui font perdre tous les repères forment un canevas très serré qui oblige l’auditeur à s’immerger dans un monde terrifiant, et qui se veut pourtant à l’image d’un quotidien que nul ne peut ignorer. Et comme pour bien affirmer son point de vue et camper sur ses positions, CORPUS DIAVOLIS a placé aux avant-postes le morceau le plus caractéristique de son nouveau visage. Et ce titre éponyme, de plus de neuf minutes, guidé par une intro sourde et grinçante, est sans doute le reflet le plus fidèle du CORPUS DIAVOLIS 2021. De la maîtrise, des certitudes, et une ambition qui n’admet plus aucune limite.
Même en admettant que le BM français est un leader depuis des années, le pari tenté par les marseillais paraît fou. Rarement album aura atteint des sommets d’intensité sans avoir à en rajouter dans le tragique ou l’emphase. Ici, l’imposant est naturel, les proportions gigantesques logiques, et le contexte habituel. En choisissant de construire une cathédrale blasphématoire en plein paysage musical, le quintet s’est accordé une place de choix aux côtés du malin, et ces arrangements sombres, ces cassures ludiques, ces mélodies amères et empoisonnées font de ce premier morceau un achèvement à lui seul, qui préfigure d’une explosion logique au vu du cheminement du groupe.
Brutal sans tomber dans l’ultraviolence compressée, aventureux sans frôler le spectre de l’avant-gardisme si susceptible, lourd et malsain sans verser dans le Doom/Death trop évident, Apocatastase confronte la musicalité à l’anti-musicalité, dans un jeu de miroirs qui laisse dupe tous ceux qui pensent encore que le style n’est que violence gratuite et itérative d’un groupe à l’autre. Et comme l’annonce de son titre ce nouvel album, le retour aux sources du mal était indispensable pour CORPUS DIAVOLIS. Retrouver les réflexes les plus primaires, et faire la jonction entre l’avant et le maintenant, avant que le futur ne se dévoile sous ses atours les plus hideux.
Bien sûr, les riffs concentriques, les blasts, la voix incantatoire et ferme, le labyrinthe de plans qui transforment la moindre chanson en puzzle du diable, font que la tradition est respectée, mais transcendée d’une envie d’atteindre les cimes de la qualité et de la pertinence. Pas un morceau faible, des éclairs de génie macabres, des cris de haine poussés longuement et sans complaisance dans un mur de son et de ressenti (« The Dissolution and Eternal Extasy in the Embrace of Satan »), des transitions plus brèves mais d’une acidité difficilement supportable (« Triumphant Black Flame »), et une réelle envie : imposer le mal comme seule échappatoire et la souffrance comme seule émotion tangible.
« At The Altar of Infinite Night » nous projette donc dans un futur que l’on sait plus proche que prévu, ne cherche pas à amplifier le son d’origine des hordes BM, se souvient de MAYHEM et de tous les acteurs nordiques, pour une fois encore imposer la patte française sur la scène internationale.
Chaque détail soigné, chaque note à sa place. La dernière prière a commencé, alors agenouillez-vous, et tournez-vous vers le seul vrai Dieu.
Titres de l’album:
1. Apocatastase
2. Colludium
3. The Dissolution and Eternal Extasy in the Embrace of Satan
4. The Pillar Of The Snake
5. Triumphant Black Flame
6. At The Altar of Infinite Night
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