Voilà plus de quinze ans que ces originaires de Besançon agitent l’underground BM frenchy de leur violence sourde et de leur purisme assumé. Fondé en 2006, le collectif AUTARCIE mérite bien son nom, refusant la facilité promotionnelle de sites officiels, et multipliant les sorties à un rythme acharné. Depuis leur premier long, paru en 2009 et baptisé avec une certaine provocation S.I.D.A. (Sédition. Isolement. Déliquescence. Autarcie), les membres d’AUTARCIE n’ont jamais vraiment baissé le pied, et ont multiplié les interventions, la dernière en date accusant les trois ans d’ancienneté (Sequania, 2018). En 2021, nous les retrouvons épaulés par la référence bruitiste Purity Through Fire, label qui leur a accordé sa confiance depuis un bon moment, et qui ne se montre pas avare de compliments au moment de promouvoir ce septième LP. Carrière constante, qualité au rendez-vous, AUTARCIE est un modèle de stabilité dans l’underground BM, et se montre toujours aussi honnête dans sa défense des valeurs brutales ancestrales.
Dans son préambule, Purity Through Fire affirme que certains puristes (sic) pensent que le Black Metal français est mort après la disparition des fameuses « Légions Noires ». Si la référence semble inévitable dès lors qu’on aborde le chapitre le plus cruel de la mouvance française, mettre en parallèle cette portion de l’histoire nationale et les deux membres d’AUTARCIE (Nokturn - chant, guitare, DYSTER, ex-CIEL NOCTURNE, ex-Svartkrig, ex-HASSERBEN et Skogsvandrer - batterie, CATERVA RUNA, MYRKVID, SACRIFICIA MORTUORUM, ANGANTYR (live), MAKE A CHANGE... KILL YOURSELF (live), MYRD (live), ex-SCYTHE, ex-HASSERBEN) relève du non-sens tant la richesse musicale des originaires de Besançon n’a pas grand-chose à voir avec l’approche très brute des VLAD TEPES, BELKETRE et autres MÜTIILATION, qui privilégiaient un son cru et indiscernable et une véhémence proche du lo-fi. Apogée.Ivresse.Agonie, de sa richesse et de son emphase dramatique se porte donc lui-même en faux contre cette comparaison, et depuis plus de quinze ans, le groupe préfère explorer tous les recoins du BM pour en extirper la matière la plus noire.
Posons donc les jalons, et affirmons que ce septième album de Nokturn propose un prolongement très probant des travaux antérieurs, mais rien de plus. Avec ses longues compositions à ambiances, parfois très longues comme en témoigne l’ouverture officielle de « Nation », AUTARCIE ne joue pas la séduction facile, ni la composition en écriture automatique. Oser un tel pamphlet en tant que démarrage d’un nouvel album après trois ans d’absence indique un degré de confiance inouï, mais cette confiance se voit validée par la puissance dégagée et par la violence totalement ouverte qui vous tombe dessus comme un couperet méchamment aiguisé. Le duo est en forme, les blasts pleuvent, la voix est toujours aussi traditionnelle, comme l’optique, branchée sur la prise des racines norvégiennes et suédoises du genre. Mais les breaks purement Heavy, les cassures catchy qui osent des riffs entêtants, ce mid-tempo qui claque come un fouet, prouvent que le groupe n’a rien perdu de sa singularité. Et le contraste entre cette méchanceté crasse et cette envie d’intégrer le Heavy sale dans l’équation permet au projet de se distinguer de la masse des suiveurs incapables de mélanger avec flair les différents ingrédients.
Bien sûr, le contraste ne vaut pas gage d’originalité transcendante. Le Metal est toujours aussi sombre, pieux, agité, et les parties quoi que terriblement bien imbriquées font preuve de formalisme. Mais AUTARCIE s’est toujours voulu garant d’une formule fiable, et fuit les tendances avant-gardistes pour capitaliser sur l’héritage du style qui est si souvent galvaudé. On appréciera à leur juste valeur ces riffs traditionnalistes, ce chant qui retrouve l’impulsion des DARKTHRONE, IMMORTAL et autres légendes, mais on savourera aussi ces moments où le duo s’écarte du chemin pour trouver sa propre voie.
Le son, quoique travaillé, a gardé la batterie dans son jus, et entre des cymbales qui vrillent les tympans et une double grosse caisse captée live sans effets, la rythmique sonne plus crue que nature, sans tirer vers la démo bricolée à la hâte. Alors entre la diversité poétique de « France Profonde » et la grandiloquence de « Le Bardit des Hardis », Apogée.Ivresse.Agonie survole plus de trente ans de Black Metal avec une maîtrise impressionnante, conchiant le Post et toutes les exactions trop prétentieuses pour rester collé au passé le plus brut. N’oublions pas au passage d’écouter cet album par épisodes, sa durée pouvant se montrer roborative. Avec près d’une heure de jeu, les deux musiciens n’ont pas fait dans la dentelle, et déroulent sans marquer de pause avant le « Postlude » terminal. Ainsi, après avoir digéré plusieurs titres de plus de sept minutes, « Apogée.Ivresse.Agonie », de sa lenteur processionnelle, vous demande un effort supplémentaire pour être appréhendé dans toute sa beauté lancinante, ce qui n’est pas chose facile.
Mais l’ambition, la foi, et cette confiance aveugle en un BM non édulcoré font de ce septième album une véritable réussite personnelle pour les français, qui se posent en gardiens du temple sans flagorner excessivement. Une belle légende que celle d’AUTARCIE, dont le nom prouve toujours qu’il n’a besoin de personne pour exister et continuer de grandir.
Titres de l’album:
01. Prélude
02. Nation
03. France Profonde
04. Regnum Francorum
05. Le Bardit des Hardis
06. Gladio Vivere, Gladio Morietur
07. Apogée.Ivresse.Agonie
08. Postlude
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