Quelques questions existentielles, comme ça, à la volée :
- Pourquoi faire à 4 le barouf qu’on peut faire à deux ?
- Pourquoi prendre des cours de solfège ?
- Pourquoi composer de vrais morceaux avec couplets, refrains et breaks ?
- Pourquoi ne pas adopter des surnoms rigolos ?
- Pourquoi ne pas essayer de faire plus bestial qu’un pet satanique dessiné dans une bible noire ?
- Pourquoi ne pas choquer les fans de Hard suédois avec une bonne blague représentative de l’humour allemand ?
A toutes ces questions, les allemands de GOATBLOOD ont la même réponse : parce que. Parce qu’ils en ont envie, parce qu’ils peuvent le faire, et surtout, parce qu’ils le font. Depuis sa création en 2013, cette hydre à deux têtes n’a eu de cesse de repousser les limites du Black/Death, au point d’en incarner en 2019 une sorte d’idéal d’absolu. A l’origine, deux hommes, ou plutôt deux sobriquets, Satanic Death Vulva au chant, guitare et basse et Reverend Slayer au chant, batterie et textes, bruitages et autres effets dégoûtants. Dans les faits, une sorte de créature immonde, sorte de pendant nécrophile aux exactions blasphématoires d’ABRUPTUM, avec un peu moins de complaisance dans l’improvisation. Mais surtout, des démos bien moches, et un diptyque d’albums parus très rapidement, Adoration of Blasphemy and War en 2015 et Veneration of Armageddon en 2016, et qui plantaient le décor entre deux splits et autres formats courts. Nous l’avions donc compris, la came de ces deux-là, c’est la fin du monde, l’apocalypse, le grand foutoir final, qu’ils célèbrent à grands coups de régurgitations vocales à faire passer les premiers CARCASS pour des exercices de diction, de riffs tronçonnés un peu au hasard, mais les plus primaires possibles, et d’à-coups rythmiques impulsifs, mais sévères. Ce qui est sévère surtout, c’est le résultat obtenu sur bande, qui tient plus de l’orgie de démons après l’assaut final de Lucifer que de l’agencement artistique précautionneux et argumenté. Mais qui écoute du Black/Death pour avoir des leçons de construction musicale ? Personne, on savoure cette « musique » parce qu’on est tous un peu sado/maso (choisis ton camp camarde, mais tu n’es pas obligé les deux se complètent), et qu’on aime par-dessus tout lorsque c’est le bordel complet. Alors, toujours fidèles à leur label, les deux chevaliers de l’apocalypse immonde rempilent donc avec l’appui de Dunkelheit Produktionen pour filer une nouvelle rouste à nos oreilles via Apparition Of Doomsday. La recette ? Toujours la même, à la double croche près, alors si un avis objectif avant écoute vous intéresse, reportez-vous à l’opinion que vous aviez des deux premiers longs. Le résultat est toujours probant.
Plus sérieusement, GOATBLOOD célèbre la paillardise d’un style musical extrême, et s’en félicite à chaque seconde. Pas question ici de prendre modèle sur des icônes célèbres pour essayer d’en reproduire la formule magique. Ici, on assume ses travers, et on joue tout à fond, entre Black sale, Death abject, Doom putride, et ainsi de suite…Mais ce qui pourrait passer pour un brouet ignoble prend la forme d’une cacophonie tout à fait plaisante, émaillée de riffs qui tiennent la route, malgré une des dualités vocales les plus écœurantes du marché. A cheval entre REVENGE, l’écurie Satan Records, ARCHGOAT, les émanations suintantes d’IRON BONEHEAD et de tous les labels allant racler le fond des enfers pour tapisser leur écurie de paille pourrie, Apparition Of Doomsday est à l’image de son intro, une plongée toujours plus profonde dans les abysses morbides. Désormais en formule quatuor avec l’adjonction de deux autres malades (Viator Noctis à la basse depuis l’été 2019 et Silence à la guitare depuis l’automne), GOATBLOOD continue de repousser les limites de la bestialité avec douze nouveaux morceaux, plus une intro/une outro, et réussit son pari, soit de renouveler son approche sans rien n’y changer de fondamental. Mais loin d’un magma difforme, la musique des allemands se formalise autour de variations certes minimes, mais bien tangibles. Et c’est ainsi que les atmosphères changent, toujours suffocantes, mais parfois violentes, de temps en temps viciées, que le rythme module sa frappe, souvent très rapide, tout aussi souvent lent comme un condamné s’approchant de la potence, le tout sous couvert d’une production pas si affreuse qu’elle ne devrait l’être. Nous pouvons donc discerner tous les efforts du groupe, cette tendance à moduler sur le même riff du début à la fin, avec insistance mais fierté de minimalisme, cette volonté de proposer des vocaux tenant plus du Goregrind que du Black, cette ambiance globale qui se rapproche d’un Death/Doom vraiment nauséeux, et en gros, ce désir de variété qui pourtant ne crève pas les oreilles au départ.
Version épileptique et intelligible des MORTICIAN, la durée en plus, mais le même vice en étendard, Apparition Of Doomsday est la bande-son parfaite d’une fin du monde annoncée. On imagine d’ailleurs très bien Greta Thunberg brailler « Goat Order » au sommet de l’Everest, le majeur bien tendu, dans une expression signifiant sans détour « je vous l’avais bien dit bande d’enculés ». L’image se veut cocasse, mais elle n’en est pas moins pertinente, puisque le barouf germain est copieux, et régulièrement agrémenté d’effets sonores renforçant son impact. Et si la plupart d’entre vous jetteront l’éponge au troisième ou quatrième morceau, les plus désaxés insisteront jusqu’au bout, certains d’avoir touché la grâce cacophonique du doigt. Mais j’exagère, plus que de cacophonie, on pourrait parler de jusque-boutisme brutal, puisque quelques réminiscences savoureuses se laissent parfois lécher du bout des tympans. On reconnaît un brin de HELLHAMMER par ici (« Ram Of Nazareth »), un poil d’OBITUARY par-là (« Beach Of The Dead »), un soupçon d’INCANTATION dans les remugles de « Pork Puzzle », mais surtout, l’intelligence d’un second degré qui accepte très bien des soli primitifs torchés avec la mèche d’une perceuse. Bon après, inutile de la jouer fine, le rendu (évidemment) est quasiment le même pendant quarante-cinq minutes, et si les dix premières vous ont rebuté, inutile de chercher à creuser : en dessous, la terre n’est pas plus fertile et ne sent pas meilleur. Mais on apprécie la performance pour ce qu’elle est, considérant de plus que les GOATBLOOD n’ont jamais essayé de nous tromper sur leur marchandise. Bourrins ils furent, bestiaux ils sont, maniaques ils resteront, et pour en arriver-là, nul besoin de solfège ou de conseils paternels. Il suffit d’imaginer la fin du monde dans sa tête et de la reproduire avec son instrument. Peu importe lequel.
Titres de l'album :
01. Exodus (Intro)
02. Goat Order
03. Exclusion Prevails
04. Beach Of The Dead
05. Flood Of Roaches
06. Pork Puzzle
07. Chanfukka
08. Deportation Isle
09. Ram Of Nazareth
10. Miss Dead Body
11. Nekro Horny
12. Predators Of The Horn
13. When Human Descents
14. Redemption (Outro)
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