Le facteur arrive, les chiens aboient, les carambars passent. Le mec est hirsute, les cheveux tombant sur son visage, les traits burinés, mais se montre très poli. Il vous tend un paquet, envoyé de Norvège, ce qui vous interpelle puisque vous n’avez rien commandé. Il vous fait un signe de tête complice en voyant votre t-shirt DARKTHRONE. Vous échangez des sourires entendus, et vous rentrez chez vous, troublé, mais étrangement apaisé par cet échange pour le moins incongru.
Et au moment d’ouvrir le paquet, un doute vous étreint. Et si cet homme vous avait tendu un piège en vous refilant un énième truc frelaté produit dans les contrées froides du nord de l’Europe ? Impossible, puisque vous le connaissez bien. Il passe tous les jours en trainant sa carcasse nonchalante, et en fin d’année, il vous vend un joli calendrier avec des photos de forêts en noir et blanc. Même son nom vous est familier, et sympathique.
Fenriz. Ça inspire la confiance non ?
Mais ce Fenriz là, n’est pas celui que vous rencontrez d’ordinaire. Pas le Fenriz tête pensante du duo DARKTHRONE, mais celui des projets annexes, celui de FENRIZ' RED PLANET, FUCK YOU ALL, ISENGARD, NEPTUNE TOWERS, REGRESS FF, STORM, BLACK DEATH, DØDHEIMSGARD, DASS & FLASS, EIBON, PILGRIM SANDS, REITGJERDE PASIENTBAND, AND THE HEAVY RIPPING FYRSTIKK.
Et celui de COFFIN STORM.
Passionné, ce musicien puriste mais incroyablement ouvert et curieux a toujours cherché en marge ses convictions et ses plaisirs. Le nombre de ses projets annexes est assez imposant, moins que la to-do list de Rogga, mais respectable quand même. Et avec ce nouveau venu, le chanteur s’est fait plaisir, en cédant à ses intérêts Heavy Metal, en rendant hommage à la NWOBHM, au Thrash de sa jeunesse, et surtout, au Doom des années CANDLEMASS, TROUBLE et ST VITUS, parce que finalement, c’est le style qui a le plus imprégné les musiciens du nord pendant les années 90.
Fenriz n’est pas seul sur le coup. Il s’est entouré de deux comparses, Bestial Tormentor aka Olav Knutsen (WAKLEVÖREN, NEKROMANTHEON (live), LAMENTED SOULS, OMEGA, ex-INFERNÖ) à la basse et à la guitare, et Apollyon aka Ole Jørgen Moe (AURA NOIR, WAKLEVÖREN, LAMENTED SOULS, TWO TRAINS, ex-CADAVER, ex-DØDHEIMSGARD, ex-IMMORTAL, ex-GORGOROTH (live)) à la batterie. Les trois musiciens ont donc laissé leur inspiration parler, pour accoucher d’un premier album épais, dense et goûtu. Arcana Rising est donc beaucoup plus qu’une simple récréation ou un caprice, et tient debout par ses seules qualités. Pourtant, le challenge était rude, avec six compositions s’étirant sur de longues minutes, et un désir de revenir aux sources sans trop sonner old-school ou opportuniste.
Le résultat ?
Un Heavy Metal érudit, qui cite dans le texte, et qui remet au goût du jour des senteurs anciennes, senteurs insistantes, mais ici allégées par un air moins vicié, et une attitude respectueuse. Et pour ce faire, le trio a renoncé à toute modération, nous entraînant sur la piste d’un conte ancien, à base d’admiration BLACK SABBATH et de fascination psychédélique pour la première vague de Heavy US, MANILLA ROAD en tête de liste, mais aussi CIRITH UNGOL, les voisins suédois de CANDLEMASS, un brin de HAUNT, mais surtout, des idoles d’adolescence qui aujourd’hui encore ornent les posters dans les chambres gardées intactes.
Si la base mélodique et rythmique est directement inspirée des années 70/80, le chant de notre cher Fenriz prend des accents dramatiques à la Johan Langquist/DEATH SS/Messiah Marcolin, pour mieux se mettre dans la peau d’un doomster avide de lenteur, de pesanteur, d’oppression, mais aussi d’une certaine forme de Folk acide et amer, comme on en trouvait dans les potions des artistes psyché des seventies.
Evidemment, les variations sont plutôt mises de côté, et le très long « Open The Gallows » se paie même le luxe d’une uniformité qui ne dérangera personne. Il est relativement impressionnant de constater que le trio peut conserver une ligne directrice bien droite sans susciter l’ennui, la production rêche de l’album lui donnant une patine authentique, plus en tout cas que l’encaustique utilisé par les groupes suédois les plus portés sur le recyclage d’antiquités.
Vous aimerez ce disque. Rien de péremptoire dans ce constat, juste une lucidité quant à la qualité de l’œuvre en question. Si quelques thèmes tournent parfois en rond, ils génèrent une séance d’hypnose plus qu’un long moment d’apathie, et on pénètre dans cet album comme on déguste une ancienne légende racontée par des légendes elles-mêmes.
« Over Frozen Moors », prise de contact parfaite plante le décor de son mid tempo pataud et de sa guitare sursaturée, et dès que la voix au vibrato dramatique fait son entrée, on sursaute de plaisir en se disant que décidément, Fenriz est un homme de goût. Une batterie qui sonne en prise directe, une basse à l’économie, quelques soli bien placés, et l’ambiance 1980/1983 devient prenante, comme si le temps reculait au lieu d’avancer, mais sans que personne ne touche aux aiguilles de l’horloge.
On pourra regretter une absence de prise de risques, mais on saluera ces chœurs et voix doublées qui accentuent cette sensation de perdition des sens, et si la nuit est reine, la lumière qui passe entre les interstices révèle un monde fait de longues barbes, de sérénité artistique, et de Heavy/Doom crédible, comme si ASHBURY nous offrait une suite à son imprévisible Endless Skies.
Le facteur continue sa tournée, et garde dans sa besace d’autres colis comme celui que vous avez reçu. Il connaît les bonnes adresses, et sait pertinemment qu’il fera plaisir à ses clients. Il a même la politesse de ne pas accepter ce petit verre que vous lui proposez.
Conscience professionnelle oblige.
Titres de l’album:
01. Over Frozen Moors
02. Arcana Rising
03. Open The Gallows
04. Eighty-Five And Seven Miles
05. Ceaseless Abandon
06. Clockwork Cult
Cela reste du tout bon, mais je trouve que c'est son side-project le moins percutant.
A voir avec le temps...
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