Troisième album pour les hordes australiennes de MONGREL'S CROSS, et étape dite “de la maturité”, ce qui ne veut pas dire grand-chose dans le cas de ces sauvages sans foi ni loi. Sauf que même les barbares les plus impitoyables peuvent faire preuve de finesse dans l’exécution, et proposer autre chose qu’un énième cri de rage enrobé dans une production dite « civilisée ». Et plus d’une décennie après sa création, la troupe de Brisbane transcende ses propres influences, et nous propose l’un des albums old-school les plus frais et enthousiasmant du marché. Deux ans après le déjà très bon Psalter of the Royal Dragon Court, et huit ans après le crachat initial The Sins of Aquarius, MONGREL'S CROSS montre un visage de plus en plus humain, et agrémente ses litanies tartares de mélodies de plus en plus prononcées, pour proposer autre chose qu’un simple Blackened Thrash de bas étage. Reposant toujours sur l’axe central Goet Euryn (basse), Necros Craigos (batterie) et Grand Mongrel (guitare), le groupe a accueilli en 2017 Wretch à la batterie, mais a confié son micro en 2019 à Proscriptor McGovern (PROSCRIPTOR, ZEMIAL (live), ex-ABSU, ex-MAGUS, ex-OSSUARIST, PROSCRIPTOR MCGOVERN'S APSU, STARCHASER NETWORK, ex-EQUITANT, ex-MELECHESH, ex-BLOOD STORM (live), ex-JUDAS ISCARIOT (live), ex-EQUIMANTHORN, ex-KARNAGE), conférant ainsi à Arcana, Scrying and Revelation une aura un peu particulière, et des allures de nouveauté indispensable pour tous les fans d’extrême abordable.
Et autant dire que la nouvelle combinaison marche à plein régime, le vocaliste ayant embrassé son rôle avec une conviction incroyable. En résulte un album en convergence des genres et des époques, prenant sa source d’inspiration dans les nineties, sans toutefois cracher sur un brin de fantaisie 80’s. On retrouve donc sur les sept pistes de ce nouvel effort des hommages appuyés à la NWOBHM, mais aussi des clins d’œil adressés à la scène Death scandinave mélodique, le tout enrobé dans un packaging superbe. Il y a de l’IMMORTAL là-dedans, mais aussi un soupçon d’ABSU, passé du chanteur oblige, et le mélange proposé par le quintet atteint une sorte d’équilibre parfait entre sauvagerie primale et sophistication mélodique, provoquant une dualité lors de l’écoute qui lui permet de s’éloigner de ses concurrents les plus directs. En se basant sur une trame Heavy Metal durcie d’une tonalité BM crevant les tympans, MONGREL'S CROSS ne se contente pas de ruer dans les brancards brazilian style, les spécialistes du genre, mais agence son propos, développe ses compositions, et leur laisse le temps de respirer et d’imposer des stances harmoniques et délicates. C’est donc à une œuvre pensée et réfléchie à laquelle nous avons droit, à cent lieues des lieux communs de la bestialité Black n’Thrash qui commence à fatiguer même les plus enragés.
A la manière d’un DESTROYER 666 apprivoisé, le quintet austral nous comble donc de ses longs morceaux à tiroirs et à ambiance, tout en gardant sa fraîcheur infernale. Ainsi, un titre aussi sophistiqué que « A Magician's Prayer » prouve que le groupe a bien retenu les leçons du BM mélodique des nineties, mais aussi des accointances de MAIDEN avec le monde de l’extrême. Tout y est, et particulièrement bien assemblé, avec de nombreux breaks emprunts de Folk, mais aussi de mélodies à l’anglaise de l’orée des eighties. On se prend donc au jeu, en savourant cette alternance d’humeurs, oscillant entre séduction harmonique et agressivité rythmique, avec en exergue ces litanies hurlées par Proscriptor McGovern qui couine comme une vieille sorcière, mais confère une âme à ces chansons qui méritaient autre chose qu’une simple enveloppe charnelle.
Le groupe n’a pas lésiné sur les moyens, s’offre une production particulièrement claire, avec un ballet de guitares incessant, offrant des entrechats de licks entêtants, des saltos de riffs mélodiques, et des enchaînements de brutalité extrêmement bien fluidifiés. On pourra éventuellement reprocher au mixage de mettre la voix un peu trop en avant, au détriment d’une basse pourtant ronde qui fait ce qu’elle peut pour se faire entendre. Les esprits chagrins regretteront sans doute ces intonations vocales un peu trop systématiquement rauques et diaboliques, spécialement sur les passages les plus techniques et abordables, mais globalement et en faisant preuve d’objectivité, je ne vois aucun grief à formuler à l’encontre d’un groupe qui refuse le statisme et ose prendre des risques. Ces risques sont payants, et empêchent le critique de catégoriser la chose avec trop de précision, ne laissant pas le clavier lâcher des formules toutes faites comme « Blackened Thrash mélodique », ou « Thrash à tendance Black progressif », ou toute autre étiquette trop restrictive. Mais on se prend vraiment de passion pour cette exploration de l’extrême qui respecte des codes de composition très exigeants, avec en point d’orgue ce très complet « Fate of the Grail Pt. II », qui explore toutes les possibilités, redonnant ses lettres de noblesse au Heavy Metal épique des eighties pour mieux le transposer dans un idiome Black des nineties.
Les titres s’enchainent, et jamais l’ennui ne vient frapper à nos oreilles. En lâchant des intros particulièrement pertinentes (celle de « As a Being Undead » est un modèle du genre avec ses blasts raisonnables et ses syncopes accrocheuses), en s’autorisant de régulières incartades hors du territoire bruitiste, MONGREL'S CROSS prouve qu’il avance à bon rythme, et qu’il risque fort dans un futur proche de nous pondre un album quasiment parfait. Et comme l’affirmait un collègue étranger, le seul défaut de cet album reste sa brièveté, qui empêche une immersion totale. Car lorsque la musique a produit son effet dans l’organisme et que ce dernier s’est habitué à ces changements de rythme et d’approche mélodique, l’accoutumance est bien là, et ne peut être soulagée que par une nouvelle écoute.
Sacrée performance livrée par les australiens, qui confirment leur domination de la scène underground, et qui nous offrent un festival de capacités exploitées à plein.
Titres de l’album:
01. Suffer the Witch to Live
02. Fate of the Grail Pt. I
03. A Magician's Prayer
04. Fate of the Grail Pt. II
05. As a Being Undead
06. What the Cards May Tell
07. The Whispering Void
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30