Faire du Rock/Metal Progressif n’est pas si compliqué que ça finalement. Il suffit de posséder un bagage technique conséquent, de savoir s’entourer de musiciens du même pedigree que vous, et d’avoir un minimum de culture musicale. Etre ouvert d’esprit, connaître le Jazz, le Rock, la Pop, le Metal, les progressions harmoniques, les cassures rythmiques, les polyrythmies, arranger les chœurs de façon intelligente, et avec tout ça en tête, vous êtes à peu près à même d’enregistrer un bon album. Mais pour enregistrer un excellent album de Rock/Metal Progressif il faut de l’imagination, du culot, un brin de folie (un bouquet garni même), et se démarquer de la masse des autres groupes par une excentricité à-propos, et un sens de l’instrumentation hors normes. Choper les bonnes mélodies, trouver les accroches idoines, et métisser sa musique sans perdre de vue l’objectif original : la faire sonner suffisamment agressive pour s’éloigner des rivages autrefois abordés par GENESIS, YES, IQ, sans tomber dans l’avant-gardisme osé de KING CRIMSON ou le dadaïsme de Frank ZAPPA. Avec tout ça en tête, tout est possible, spécialement si votre imagination ne supporte aucune limite, ce qui est visiblement le cas des américains d’EXODUS TO INFINITY. Nom bizarre né d’une blague qui finalement aura défini avec acuité les contours du projet, EXODUS TO INFINITY existe depuis des années, non sous cette forme, mais sous celle du parcours de ses membres, au passif hétéroclite et à l’avancée pour le moins incongrue.
On retrouve au CV des membres des participations à des chorales, et des prix gagnés lors de championnats régionaux, des assemblages Pop, Rock et Indie, des apprentissages sur le tard de la guitare en admirant Hendrix, et finalement, un résultat se trouvant à cent lieues des obsessions de départ. Avec un batteur talentueux devenu guitariste, un chanteur de Glee Club qui se découvre une passion pour le Rock, des amis de lycée qui fondent des entités viables, EXODUS TO INFINITY est l’archétype du groupe bricolé de toute pièce, qu’on n’attendait pas forcément à ce stade de qualité. Mais pourtant, il faut l’admettre, ce premier album a largement de quoi se faire une place au panthéon des œuvres progressives majeures du nouveau siècle, et surtout, l’une des plus grosses révélations de cette année 2021 à peine entamée.
Archetype Asylum est comme son titre l’indique un asile de fous qui enferme dans ses chambres capitonnées les musiciens les plus créatifs et débridés de l’histoire. Une sorte d’hôpital un peu fou dans lequel traine encore l’esprit dérangé de Devin Townsend, le calme relatif de Neal Morse, des effluves des FLOWER KINGS, en gros, un endroit où il fait bon délirer, pour peu que la démence soit envisagée comme un processus créatif comme un autre et non une pathologie grave. Et les héros du jour souffrent pourtant de multiples affections mentales et musicales. Schizophrénie créative, audace inconsciente des influences, agencement des idées aléatoire, pour un résultat unique en son genre qui se pose en musical improbable qui ne sera jamais joué sur le Broadway classique, mais qui trouvera une bonne tribune en passant à travers les enceintes des passionnés. Et pour apprécier cet OVNI à sa juste valeur, il convient d’abandonner ses idées reçues à propos du Progressif moderne. Oublier qu’il est la plupart du temps un prétexte à des flatteries d’égo insupportables, à d’interminables digressions sur des mélodies connues, et une façon d’intellectualiser la musique au point de la rendre trop élitiste pour le peuple. Ici, la facilité est de mise, et le seul but avoué est de distraire et plaire à l’auditeur, qui se perdra avec délice dans ce labyrinthe de mélodies sublimes, d’arrangements ludiques et d’atmosphères complètement dingues qui relèvent autant du dessin animé que de l’œuvre sérieuse et élaborée. Il faut dire que le premier morceau place la barre très haute. « King Other », sorte de cabaret de l’impossible pour grands enfants amateurs de Bip-Bip et du Roadrunner, des mangas et des albums instrumentaux de Marty Friedman au Japon, il incarne l’intro parfaite pour ce genre de démesure qui n’accepte ni le formalisme, ni l’académisme poussé. On est ici pour s’amuser, pour composer des hymnes à la douce folie, et pour prouver au public que le genre peut se passer de flagornerie pour se montrer accessible et populaire.
En huit morceaux et quarante-cinq minutes de musique, Archetype Asylum fait le dos rond, court soudain pour choper la boule de laine, s’arrête pour se lécher la couenne, et repart de plus belle à la chasse aux souris imaginaires. Véritable chat perdu dans un jeu géant, le concept de cet album mérite une affection particulière. Parce qu’il refuse toutes les facilités du Progressif moderne pour se rapprocher d’une Fusion globale des genres, amalgamés dans un chaudron de malice. Amusant autant qu’il n’est crédible et solide, ce premier long s’autorise à peu près tout, du phrasé Rap diabolique du Hip-Hop de l’orée des années 90 (« Shadow Self »), jusqu’aux dérives Funky des Stevie Salas et autres FFF.
Très, très loin du sérieux usuel, ce disque est une petite merveille de Rock, de Jazz, de Pop, de Funk, dirigé par des compositeurs hors normes et joué par des musiciens aux moyens techniques illimités. On pense évidemment au séminal Flex-Able de Steve Vaï pour ce côté fourre-tout irrésistible, mais aussi à FREAK KITCHEN, aux RED HOT, ANIMALS AS LEADERS, THE NUMBER TWELVE LOOKS LIKE YOU, Devin évidemment, mais aussi au Hard californien, et finalement, plus simplement, à une musique affranchie de tous les codes et qui donne le sourire pour la journée (« The Body, the Drive, and the Dreamer », assez FNM dans l’esprit, mais moins ironique et plus rieur). Et son avantage majeur réside dans sa capacité de variation dans la stabilité et la cohérence. Malgré le fait que les chansons soient toutes méchamment différentes, le fil conducteur n’est jamais brisé, et nous ne nous perdons jamais dans la galerie des glaces. Parfois salement agressive (« Trickster »), ou Jazzy pour intermède dansant (« Plaza Thursday »), de temps à autre Soul, Funk et Soul encore, avec cette patine Disco qui ne vous lâche pas les pieds (« Right Now »), la musique est riche, pleine et trouve son aboutissement dans le long final évolutif de « Second Innocence », sorte de mini-opéra survolant trente ans de musique populaire en un quart d’heure synthétique avec un talent hors du commun.
Voilà donc la recette pour enregistrer un excellent album de Rock progressif et métissé, qui laisse un souvenir vivace dans la mémoire et un gigantesque rictus sur le visage. Ce qui prouve qu’avec les bons ingrédients et l’imagination affutée, on peut toucher du doigt l’impossible. Ah, et à propos, juste pour le détail. Cet album a été composé, enregistré, mixé, produit et interprété par un seul homme, Danny Mulligan. Ça fout les jetons non ?
Titres de l’album:
01. King Other
02. Shadow Self
03. Just Like Us (feat. Dr. Gabor Maté)
04. The Body, the Drive, and the Dreamer
05. Trickster
06. Plaza Thursday
07. Right Now
08. Second Innocence
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