Vous pouvez faire confiance à Osmose pour ne pas vous refourguer n’importe quoi ou des trucs un peu trop classiques pour être honnêtes dans la démarche artistique. Après tout, avec bientôt trente ans de carrière productive derrière lui, le légendaire label français peut s’enorgueillir d’avoir fait son devoir envers l’underground et l’extrême, en signant ou distribuant certaines des œuvres les plus essentielles de l’histoire. Et cette histoire n’est pas prête d’arriver à sa conclusion si j’en juge par la qualité du troisième album du collectif VORTEX OF END, qui ne prête pas vraiment à sourire, et qui ne risque pas de susciter l’indifférence. Allons droit au but, sous des atours formels, ce nouveau chapitre de la légende des originaires du Grand-Est n’est rien de moins qu’une épiphanie de violence, de méchanceté qui suinte de tous les riffs, d’impressions persistantes et d’échos caverneux, se matérialisant dans un désir ultime de brouiller les pistes entre le Black et le Death. Et le résultat est si probant et époustouflant que j’en viens à regretter de les avoir rangés dans la catégorie un peu putassière du Black Death, puisqu’Ardens Fvror en rejette la facilité vulgarisatrice, et propose tellement d’idées qu’il ne mérite absolument pas d’être réduit à un concept trop simple. En reprenant les choses à leur origine, précisons encore que ce groupe à cheval entre Paris, Reims et Troyes a débuté sa carrière en 2005, qu’il n’a patienté qu’un an avant de publier sa première démo (Satanik Nuklear-Engined Turbodefekator, vendue d’ailleurs sans l’accord du groupe qui n’a donc touché aucun bénéfice) et un de plus avant de se jeter corps et âme dans les eaux du longue-durée, via In Satan and Plutonium We Trust, qui à l’époque n’avait pas mis tout le monde d’accord.
Il faut dire qu’avec une approche aussi singulière et extrême, VORTEX OF END est l’archétype du groupe qui ne peut que créer des schismes entre les passionnés et les écœurés. Certes, à l’époque la musique était encore à peaufiner, le concept pas encore abouti, mais on sentait déjà que le groupe avait autre chose à dire qu’un lénifiant discours sur l’extrême déjà prononcé des centaines de fois. Et après quelques formats courts et partagés, c’est Fvlgvr Lvx Terror qui a pris la suite, beaucoup plus élaboré et escarpé. Et aujourd’hui, cette fureur ardente déboule tout droit des enfers les plus cramoisis des sept cercles, avec son cortège de plans démoniaques, de guitares rouillées comme du barbelé autour d’une tombe, ses excès rythmiques explosifs et ses lignes de chant incantatoires. Plus que du Death Black ou l’inverse, ce nouvel album se rapproche d’ailleurs plus volontiers du BM des origines, et peut aisément faire penser à une traduction très personnelle des philosophies de 1349, avec toutefois une ambition beaucoup plus prononcée. C’est ainsi que NGH (guitare/chant), PRZ (guitare/chant), HRS (basse/chœurs) et NKR (batterie) nous accueillent avec une intro purement Ambient qui met dans l’ambiance, avant de lâcher les chiens sur le féroce « Venomovs Triangle ». Ce premier véritable titre de l’album est une acmé en soi, tant son déferlement de violence saute à la gorge, rappelant toute l’importance des avancées norvégiennes des nineties, tout en cherchant sans relâche le motif accrocheur qui retiendra l’édifice à des fondations plus malléables.
Difficile en effet de ne pas penser aux cadors du froid de la période 91/94 en écoutant ce troisième LP, qui s’évertue à combiner ce que l’extrême compte d’idées les plus néfastes, pour les assombrir encore plus et atteindre un degré d’intensité énorme. N’acceptant aucun compromis, mais évitant avec beaucoup d’intelligence les récifs du chaos, les VORTEX OF END musicalisent la colère, harmonisent la haine, et structurent la brutalité pour transformer chacun de leurs morceaux en symphonie d’outrance. Cet art consommé de l’ambivalence est manifeste sur des segments aussi grandiloquents que « Ira Dei », concrétisant ces jours de colère en une sorte de progression dantesque et apocalyptique. Toute la finesse de composition du quatuor se sent en filigrane de cette composition qui s’autorise toutes les audaces, de ce pont avec une basse ronflante à ce soudain écrasement rythmique, permettant un chant scandé très efficace et franchement vindicatif. Le travail vocal est d’ailleurs l’un des points forts de cette réalisation, qui loin de se contenter d’une accumulation de cris travaille la théâtralité, superpose les couches de chœurs avec une emphase dramatique patente, et transforme le cheminement naturel en descente aux enfers. Mais le tout reste accessible aux plus timorés, grâce à une aisance dans les mélodies froides qui rapproche encore le groupe d’une version contemporaine des grand classiques BM d’il y a trente ans. Et si le spectre de DISSECTION pointe parfois le bout de son nez, dites-vous que les VORTEX OF END en approchent souvent du génie malfaisant de Storm of the Lights Bane ou The Somberlain. Et le compliment n’est ni gratuit, ni usurpé.
A la différence qu’Ardens Fvror est certainement encore plus intense que n’importe quelle folie de feu Jon Nodtveidt. Non que le quatuor soit supérieur en termes artistiques, mais il n’hésite jamais à aller plus loin que la moyenne, et ose parfois le danger de la cacophonie pour mieux stimuler les sens, et nous faire chavirer dans un tourbillon de violence pure (« Ov Dancing Snakes and Circling Crows », sorte de mix gargantuesque entre 1349 et DEATHSPELL OMEGA). Et cette envie de s’extirper d’une linéarité trop prévisible s’incarne avec efficience sur cette fameuse ouverture de « Venomovs Triangle », qui se casse en une césure à l’hémistiche pour dérouler un break purement Ambient, glauque, suintant, et assez inquiétant. Sans vouloir dévoiler toutes les surprises d’un LP qui en contient un nombre conséquent, autant dire que de son entame à son terme, Ardens Fvror n’est que brutalité, inventivité et efficacité. D’ailleurs, son épilogue « Satvrnian Ascension » ose le gimmick parfait et définitif, avec son « Six, six, six » hurlé comme une litanie, qui n’occulte cependant pas la montée en crescendo, ni la juxtaposition de chœurs désincarnés et les accumulations de riffs concentriques orgiaques. Plus qu’une confirmation, ce troisième chapitre de la saga VORTEX OF END est une transfiguration, et la révélation éclatante d’un potentiel énorme. On imagine avec effroi le résultat produit en live par ces titres qui bousculent toutes les conventions, nous apprêtant à réserver à ce groupe unique l’accueil qu’il est en droit de mériter et revendiquer. Un petit chef d’œuvre du mal.
Titres de l'album :
1.BFTIVV
2.Venomovs Triangle
3.Voraciovs Egregore
4.Transvbstantiation
5.Ira Dei
6.Ov Dancing Snakes and Circling Crows
7.Emergence
8.Satvrnian Ascension
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49