L’année dernière, à l’occasion de ma millième chronique, je m’étais penché sur le second LP des bouchers Grind n’Crust de CALL OF THE VOID, et j’en avais dit tout le NAILS que j’en pensais du NAPALM DEATH.
A l’époque, pas si lointaine, le combo de Boulder voguait sur les flots de l’ultraviolence en formation serrée de quintette, mais depuis, les choses ont changé.
Exit le vocaliste grogneur Steve parti sous d’autres horizons, obligeant ses anciens comparses à réadapter leur approche. Mais visiblement, cette défection ne les a pas affectés plus que ça, puisqu’en axe quatuor, le boucan dégagé est au moins aussi intense que par le passé, voire plus. D’ailleurs, Gordon Koch, le cogneur de la bande semble se réjouir de cette nouvelle configuration…
« Le truc, c’est que Steve Vanica ne fait plus partie du groupe. De fait, non seulement nous avons dû apprendre à chanter par nous-même, mais aussi revoir notre approche du jeu, et aussi à appréhender différemment la composition et l’interprétation. D’une certaine façon, c’était très rafraichissant d’enregistrer un disque sous ce nouvel angle ».
Comme vous le constatez en lisant ces lignes, l’optimisme et l’enthousiasme sont de rigueur au sein de CALL OF THE VOID. Et d’ailleurs, on ne baptise pas un nouvel EP Are You Fucking Kidding Me par hasard ou simple sens de la provocation.
Non, le quatuor recentré autour de Koch (batterie), Patrick Alberts (guitare/chant), Alex Pace (basse/chant) et Nathan Siegrist (guitare) est vraiment sûr de lui, et propose avec ce nouvel EP cinq titres l’un des pamphlets bruts les plus définitifs de sa carrière.
Avec deux albums référence derrière eux, les choses n’étaient pourtant pas si faciles. Enregistré, mixé et masterisé par Dave Otero aux Flatline Audio studios, et emballé dans un artwork signé par Jef Kopp, Are You Fucking Kidding Me reprend peu ou prou les choses là où Ageless les avait laissées, et se permet même d’en damer quelques pions en termes d’intensité et d’inspiration.
Sous cette production énorme se cache donc un des meilleurs EP de cette fin 2016 en termes de Lourcore/Crust, qui pendant à peine un quart d’heure confirme l’importance qu’a pris CALL OF THE VOID sur la scène extrême US.
Cinq petits morceaux, imposants par leur amplitude, et convaincants par leurs certitudes, et une jolie ballade dans le monde actuel, vue au travers d’un prisme d’honnêteté et de lucidité.
«AYFKM est une petite collection de chansons qui reflètent nos sentiments sur l’absurdité de la vie moderne. De cette censure sensible et immédiate jusqu’au terrorisme intérieur et international, la vie devient de plus en plus difficile à affronter ».
Et quel meilleur moyen d’y faire face que d’ingurgiter cette nouvelle livraison des analystes de Boulder, Colorado ?
Alors on retrouve tout ce qui avait fait d’Ageless et Dragged Down a Dead End Path des assertions définitives sur le Hardcore lourd, le Crust sans détour et le Grind pour toujours, le tout assimilé dans un seul élan gras et puissant qui vous décoiffe en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « tout est foutu ».
Le groupe commence d’ailleurs par un long segment de près de cinq minutes, histoire de bien asseoir son retour, et « Get In The Van » et son feedback d’intro de prendre des airs de kidnapping sur la route pour vous enfourner de force à l’arrière d’un vieux RV tout pourri.
Riff lourd et glauque à la SABBATH mal réveillé, distorsion poussée à l’extrême, pour une entame Doom/Sludge épaisse comme un missel de messe noire, s’étalant sur deux bonnes minutes, avant que l’atmosphère ne change et s’oriente vers une violence avouée.
De là, la rage sombre et contenue explose dans un fracas de Crust/Grind vraiment tétanisant de colère, qui va finalement définir l’orientation globale de cette nouvelle déclaration de guerre.
Le reste ? Quatre titres concis mais plus complexes qu’ils n’en ont l’air, le tout s’organisant autour d’un « Are You Fucking Kidding Me » suintant de haine Hardcore en mid tempo, qui prouve que le quatuor s’en sort parfaitement bien sans son vocaliste d’origine.
Les arrangements vocaux sont d’ailleurs beaucoup plus efficaces qu’avant, et ce titre éponyme se rapproche d’ailleurs d’une version très concentrée de l’AGNOSTIC FRONT le plus pugnace…
Mais « Throwing Bullets » remet les pendules de la véhémence à l’heure de la rage, et déborde de blasts, de breaks impromptus chaotiques et rythmiques et de débordements Crust épileptiques.
« On and On » semble au contraire se calquer sur la vision de la vie exposée par Gordon Koch, et se résigne d’un Hardcore vraiment plombé et moite, une fois de plus compressé par des bordées de chœurs revanchards et certainement pas dupes.
« Never Enough » termine le boulot en restant collé à cette ligne Core en mid tempo, pour une ultime protestation qui développe des riffs vraiment méchants, et encore une fois, des complémentarités vocales en vociférations effrayantes…
Pour un EP d’adaptation à un nouveau contexte, Are You Fucking Kidding Me est pour le moins impressionnant. Il garde en mémoire les témoignages passés, mais semble se tourner vers un avenir tout aussi ombrageux, mais délibérément plus contrôlé. Certes, les bourrasques Grind se font plus rares, certes le Crust marque le pas, mais l’énergie développée par ces cinq morceaux est suffocante, et laisse présager d’un futur LP qui risque de mettre les choses au point en tapant du poing sur la table.
Alors à quatre ou à cinq, les CALL OF THE VOID remplissent toujours le vide de notre ressentiment, et ne cèdent pas un pouce de terrain.
Une certaine vision d’un Hardcore gras mais qui ne pèse pas sur l’estomac, sur fond de regard critique d’une société qui ne laisse filtrer que peu d’espoir.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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