Pour un chroniqueur, rien de plus facile que de parler d’un groupe dont les influences sont manifestes. Mais si l’analyse et la dissection n’en sont que plus aisées, la satisfaction de s’être extirpé d’un magma créatif n’en est pas pour autant aussi jouissive que lorsque l’on tombe sur un groupe se voulant résolument inclassable.
Si tel est le cas, la tâche s’avère plus rude, mais le plaisir d’avoir déniché une petite perle et d’avoir réussi à en parler n’en est que plus intense et apprécié.
Alors, en écoutant quelques bribes de nouveautés, on se retrouve parfois confronté à des disques hermétiques, ne rappelant rien de connu, et qui demandent un peu plus de travail pour être exposés au lectorat toujours avide de surprises pleines et peaufinées…
Tel est le cas des Américains de CRASH THE KINGDOM, qui ont pris un malin plaisir à trousser un album résolument original et déclassé, en piochant leur inspiration dans des courants disparates et découplés. Si les infos les concernant ne courent pas le binaire des sites spécialisés, rendant les précisions impossible à dénicher et à placer, leur musique baroque et ébouriffée se veut d’une efficacité indéniable et toute particulière, un peu comme si les thématiques de ces trente dernières années s’étaient perdues et mélangées dans des arcanes temporelles à l’exactitude rouillée.
Alors, on trouve un peu de tout, pour un amalgame final assez surprenant et fascinant, mais un simple coup d’œil aux références utilisées permet de ressentir, à défaut de comprendre les trucs utilisés pour en arriver à un tel résultat propre à décontenancer.
Les CRASH THE KINGDOM viendraient donc de Chicago, Illinois, seraient quatre (Jason O'Donnell – chant, Steve Sones – basse, Shawn Johnson/Blake Moore – batterie et Paolo Accomando – guitare), et concevraient leur musique comme « une combinaison monolithique de Heavy Rock moderne, de Metal, de Progressif avec des éléments Industriels, pour aboutir à un son massif de blizzard audio cathartique ».
Définition absconse j’en conviens, mais qui correspond parfaitement à la démarche de guingois qu’ils ont choisi d’adopter, capable au sein d’un même morceau de les faire marcher bancal à la CELTIC FROST, en s’appuyant sur une béquille à la MUDVAYNE (« Get Your Grave On »).
D’ailleurs, les influences qu’ils revendiquent sont tellement disparates qu’on a du mal à les imaginer combinées et mélangées au sein d’un même creuset (MUDVAYNE, AVENGED SEVENFOLD, BULLET FOR MY VALENTINE, KORN, FILTER, DEFTONES, SOUNDGARDEN, METALLICA, BLACK SABBATH, ANTHRAX, SAVATAGE, DOG FASHION DISCO, PANTERA, DISTURBED, COC, FAITH NO MORE, débrouillez-vous avec ça et tentez d’imaginer la rencontre), et pourtant, c’est bien la gageure que ces Américains ont choisi de relever, avec brio vous l’imaginez, sinon, je ne serais pas là à vous en parler.
Concrètement, que propose donc cet hermétique Are You Not Entertained qui met au défi le quatuor lui-même de vous divertir via une inspiration multiple ? Les condamnant implicitement à tenir leur pari de vous satisfaire au travers d’une musique difficile d’approche et pourtant éminemment ludique et entrainante ?
Beaucoup de choses, mais surtout, une diabolique cohésion dans la dispersion, qui finalement, les ramène toujours dans le même giron.
Et si chaque morceau à sa propre raison d’être, tous une fois mis bout à bout forment une même symphonie à la gloire de l’ouverture d’esprit.
Prenons pour exemple l’exemple superbe de fronde de « We Fight Evil », sorte d’adaptation des standards de FAITH NO MORE à un contexte baroque à la SOAD, enrobé de mélodies à la MEGADETH. Intrinsèquement, c’est une construction casse-gueule qui aurait noyé les moins doués, mais dans les faits, c’est un hit de l’extrême qui place la folie rythmique à niveau égal d’harmonies amères honnies.
Et c’est loin d’être le seul exemple d’originalité d’un disque qui se permet toutes les folies, sans jamais paraître sous l’influence d’une quelconque schizophrénie.
Enfin, pas totalement.
En témoigne ce fabuleux « Friendo », qui mixe les MERCYFUL FATE, KING DIAMOND et DISTURBED dans un même paquet cadeau, fondant la noirceur d’un Evil Metal des 80’s dans le creuset Néo Metal de la décennie suivante.
Pas simple, et pourtant lumineux à l’écoute, comme un tube alternatif improbable joué par des Metalleux hors de leur zone de confort.
« Lies Of Yore », l’introduction, prend un malin plaisir à brouiller les pistes d’une entame purement Folklo-Thrash à la SYSTEM, avec rythmique concassante et chant fracassant, et en multipliant les plans et les accélérations. Phrasé vocal infernal et moldulations/mutilations létales, c’est un ballet outrancier qui assume ses exagérations, et qui nous emmène sur des chemins hors-saison. Bien vu, bien joué, parce qu’on n’est pas plus avancé qu’en faisant face à un projet conjoint de Phil Anselmo et des PSYCHOTIC WALTZ tardifs et bien allumés.
En l’état, les CRASH THE KINGDOM font globalement penser à une union pas si forcée que ça entre les ACID BATH et SYSTEM OF A DOWN, par leur refus de rester conventionnels tout en assurant des compositions cohérentes mais charnelles. Chaque instrumentiste connaît son rôle et joue la pièce à merveille, quitte à changer de costume en cours de route pour mieux dérouter.
Soupe à la grimace Core ou délicate progression un peu hippie sur les bords (« Aqualung », JETHRO TULL ? JETHRO TULL !!), délire labyrinthique aux repères flous et motifs délétères (« Fly in the Methlab », ANSELMO AND THE ILLEGALS a de quoi être fier), caprice Jazzy un peu POISON IDEA/Patton en solo ragaillardi (« Pigs », basse fuzz en ambiance en buzz), ou attaque presque nette Néo dans un contexte Heavy bargeot (« Amateur Night at the Necropolis », Metalopolis sans Fritz mais avec esbroufe et décadence, et un décor SAVATAGE incrusté dans un cauchemar à la DOG FASHION DISCO), tout est possible et réalisable sur un album qui refuse la facilité sans tomber dans le piège de la fausse originalité ébouillantée.
Pas aisé certes, pas une mince affaire, mais pas de restes, et une sacrée collection de chansons qui en sont, mais qui osent crever le plafond de l’inspiration à la moindre occasion.
Are You Not Entertained est un Are You Experienced de l’étrange, sorti du cerveau dérangé de quatre Hendrix en puissance qui refusent les convenances.
Et j’aime tellement cette formule que je vais vous laisser la méditer.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30