On ne va pas repartir dans ce sempiternel et soporifique débat visant à établir les limites de ce qu’on appelle « True Black Metal », mais il convient d’y apporter quelques nuances importantes.
Je crois qu’au-delà d’une certaine mise en pratique, le BM est plus une affaire d’idéologie que de style, et que finalement, la forme importe peu tant le fond prédomine. Après tout, peu importe qu’il soit symphonique, avant-gardiste, rétrograde et délicieusement vintage, l’essentiel est la foi qu’y portent les musiciens le pratiquant, et le discours qu’ils dispensent, aussi bien musical que conceptuel.
Ainsi, si l’on a constaté ces dernières années des avancées importantes et pertinentes, il est toujours bon de constater que certains sont capables de rester accrochés à des racines sans pour autant nous prendre pour des imbéciles.
D’où cette question. Le Raw Blask doit-il rester inaudible et pétrifié par une production anémiée, ou peut-il se permettre d’être intelligible sans perdre sa force primale ?
La réponse est évidemment « ça dépend », notamment du talent des musiciens impliqués.
Celui des BLOOD TYRANT est incontestable, et ce premier album est la preuve que le BM peut rester sauvage et sans compromis, sans tomber dans la parade grotesque à base de corpsepaint hâtivement plaqué sur des visages aux grimaces grotesques et d’alignements de riffs incompréhensibles et recyclés des milliers de fois.
Pour autant, les Bataves ne cherchent aucunement l’innovation…
Après une première démo Night Of The Blood Moon proposée l’année dernière, les Hollandais se sont vus soutenus par la structure Iron Bonehead pour enregistrer leur premier longue durée, disponible dans une superbe version 12’’ en édition très limitée de trois cents copies. Et croyez-moi, l’investissement en vaut la peine, tant le Black de ces misanthropes nous rappelle les meilleurs souvenirs sombres des glorieuses 90’s.
Pour faire simple et clair, tout est purement BM sur ce premier album. Du son ultra abrasif des guitares jusqu’aux changements de tempo incessants, en passant par les chœurs funèbres, et l’ambiance glaciale semblant congeler des forêts norvégiennes.
On se prend à réécouter inconsciemment les premiers MARDUK, DARKTHRONE et BURZUM, sans que les BLOOD TYRANT ne versent dans une entreprise de pillage éhontée.
Ce qui frappe au prime abord, et finalement sur tout l’album, c’est cette capacité à rester d’une noirceur absolue sans rechigner à dispenser quelques mélodies amères, et à manier les arrangements pour que la batterie se mette à tonner d’un écho terrifiant, sans piétiner les plates-bandes des guitares.
Avec un chant bien évidemment rauque et nihiliste, Aristocracy Of Twilight plane largement au-dessus de la masse grouillante des groupes de BM lo-fi avec lesquels il partage un certain goût du minimalisme de production, mais avec lesquels il entre en contradiction en termes d’ambition.
Ici, point de thème étiré jusqu’à la souffrance, mais une succession de plans intelligemment agencés, régulièrement perturbés par des trouvailles sonores assez malignes, qui relancent l’intérêt et nous surprennent de leur incongruité.
Il n’est d’ailleurs pas impensable de citer les références primaires du genre, les BATHORY, MAYHEM première génération, pour situer un peu l’orientation, notamment sur le terrassant et réfrigérant « Barbaric Wampyrism », qui vomit sa bile comme pouvait le faire Quorthon lorsqu’il invoquait les esprits anciens du fond de sa grotte suédoise.
Ce morceau est d’ailleurs l’acmé d’une démonstration d’opposition entre force brute et enrobage mélodique, avec ses longs passages d’énergie diabolique et ses arabesques de guitare tournoyantes.
En parlant de morceaux, le terme est judicieusement choisi puisque les sept titres proposés en sont, et ne se contentent pas de faire durer la torture en répétant à l’envi des plans stériles dès le départ, mais en obéissant à des règles de structures certes libres, mais logiques.
On peut être nihiliste mais rester créatif, ce que semblent démontrer ces Hollandais peu à même de tomber dans la parodie pathétique.
Borborygmes, cris divers, mais riffs froids comme la mort, parfois dissonants, mais toujours pertinents. Telle est la direction choisie par Aristocracy Of Twilight, qui après deux minutes d’intro grandiloquente choisit l’âpreté comme dogme et s’y tient de bout en bout.
Up tempo, down tempo, blasts, accélérations subites, chant qui se racle comme un Vikerness en pleine crise de démence (« Clandestine Bloodmists », le plus court et le plus bruyant de l’ensemble), son qui semble se radicaliser au fur et à mesure pour atteindre des sommets de décadence rachitique sur « Engulfed by Purifying Flames » qui ne dévie pas d’un iota de la philosophie d’origine et cette dualité de tempo.
A terme, il est certain que les idées de BLOOD TYRANT ne se veulent absolument pas novatrices, mais plutôt respectueuse d’une idéologie figée dans le temps et l’espace, dans cette région scandinave des early 90’s qui découvrait alors les possibilités brutales infinies d’une musique aussi impitoyable que fascinante.
Sans sonner comme une démo de mauvaise qualité, Aristocracy Of Twilight privilégie l’authenticité, et offre même une superbe outro funèbre qui se meut le long de quelques notes synthétiques envoutantes comme une nuit de pleine lune.
C’est à ce moment précis que l’on comprend toute la poésie funeste de ce premier album qui a parfaitement su capter l’esprit du BM le plus cru, sans souffrir de ses travers les plus regrettables.
Un album ancré dans le passé mais pas passéiste, qui se veut aussi honnête qu’indépendant, et qui n’a cure des griefs qu’on pourrait formuler à son encontre, qui finalement, seraient plus subjectifs qu’autre chose.
Une excellente façon de se rappeler que le BM, lorsqu’il est joué avec un cœur sombre mais pur, reste le style extrême le plus fascinant qui soit, loin des dérives grandiloquentes ou autres ascétismes de pacotille peinant à couvrir une pauvreté d’inspiration.
Titres de l'album:
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15