S’il y avait une justice dans le monde artistique, on parlerait plus facilement du dernier album de MANIMAL que d’autres sorties plus importantes, mais terriblement moins inspirantes. C’est un confrère de la presse étrangère qui a soulevé la pierre de l’énigme du semi-anonymat dans lequel évoluent les suédois, ne comprenant pas que le groupe n’ait pas encore explosé à une échelle plus conforme à son talent. Pourtant, MANIMAL a tous les atouts de son côté. Une crédibilité due à sa longévité, avec vingt bougies soufflées cette année, une discographie impeccable, et des talents individuels indiscutables. Mais malgré cette crédibilité, et le drapeau de la Suède flottant sur sa hampe, les originaires de Göteborg n’ont jamais vraiment réussi à conquérir le cœur des fans de Metal mainstream, malgré une musique riche, dense, puissante et lyrique.
La faute à quoi, à qui ? A une présence très erratique dans la production du vingtième siècle, avec parfois des temps de latence trop importants entre deux albums, un premier chapitre écrit tardivement neuf ans après la naissance du combo, six ans séparant le monstrueux The Darkest Room du magique Trapped in the Shadows, autant d’éléments qui ont suffi à reléguer le quatuor dans les limbes de la seconde ou troisième division, malgré une signature chez le géant allemand AFM, et une qualité de composition tout bonnement hallucinante.
Sans vouloir jouer les Robin des Bois du pauvre, j’estime que les suédois méritent mieux que cette gloire conceptuelle, et leur quatrième album en est un preuve à ajouter au dossier à décharge. Car une fois encore, MANIMAL fait des merveilles dans un style hybride entre Heavy traditionnel, Power moderne, et Metalcore en filigrane.
Avec à sa tête les deux timoniers du projet, Henrik "Hank" Stenroos (guitare) et Samuel "Sam" Nyman (chant), MANIMAL peut toujours s’appuyer sur un tandem créatif hors-norme. Les deux musiciens s’y entendent comme personne pour se tirer la bourre et monter en puissance dans les tours, et secondés par une section rythmique impeccable (André Holmqvist à la batterie et Kenny Boufadene à la basse), ils déroulent sur un tapis de velours, portant la méchanceté du Heavy classique à ébullition pour créer cette potion magique qui décuple les forces du moindre auditeur à peine attentif.
Dans un registre PRIMAL FEAR, JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN, ICED EARTH, SAVATAGE, les suédois ne craignent personne, et le prouvent à chaque intervention. Si l’instrumental est aussi large d’épaules qu’un Bernard Lavilliers dans son univers stéphanois natal, c’est encore une fois la voix unique de Samuel "Sam" Nyman qui fait merveille, et qui nous ramène aux plus grandes heures de Jorn Lande, Rob Halford, David Wayne, Michael Kiske, King Diamond, et autres vocalistes d’exception. A l’aise dans tous les registres, du plus violent au plus nuancé, le chanteur a toujours été le pôle d’attraction de ce groupe unique, capable d’aérer une crise de démence en violence majeure come l’ultra-efficace « Forged In Metal », ou de renforcer une prise de contact aussi emphatique que « Burn In Hell ». Dans un registre assez conventionnel de Metal dur et opératique, les MANIMAL sont les alter-ego musicaux du personnage de la série éponyme, qui se changeait en animal de son choix. Ils incarnent donc à tour de rôle le proverbial aigle, le lion, le tigre, le loup, ménagerie de l’étrange dominant un monde fantasmagorique peuplé de chevaliers Metal tous plus bardés les uns que les autres.
Malgré quelques arrangements synthétiques plus en prise avec leur époque, la musique des suédois est conventionnelle au possible. Vous n’y décèlerez rien d’inédit, encore moins de culotté. Mais la concision du groupe, sa capacité à transcender les codes et à proposer un Heavy/Power de premier choix à de quoi faire réfléchir sur d »’autres fausses idoles que la plèbe continue de vénérer dans le vide, et les chansons, extraordinaires dans leur formalisme dé devraient fédérer un public toujours plus nombreux et croyant.
J’en tiens pour preuve le tendu et hargneux « Chains Of Fury », porté par une prestation vocale extraordinaire et des chœurs virils, mais aussi le plus mélodique et sombre « Path To The Unknown », qui permet de souligner le travail de composition du leader Henrik "Hank" Stenroos. Car si ses riffs donnent une impression de déjà entendu, ils portent à bout de cordes des structures classiques pour les transcender d’une foi indéfectible en un Heavy Metal des années 2000. Ecoutez pour exemple le terriblement syncopé et suintant de colère « Armageddon ». Lancé par un lick purement Thrash ou Néo-Death, ce morceau est l’hymne éponyme qui relègue « Painkiller » de JUDAS PRIEST au rang de vieillerie pour brocantes de quartier, et qui impose le nom de MANIMAL à la table des négociations.
Impossible de commettre la moindre erreur en à peine quarante minutes, et c’est pour ça que le quatuor a choisi la voie de l’épuration, en débarrassant ses morceaux de la moindre scorie. Les accalmies sont toujours aussi puissantes mais plus nuancées de mélodies prononcées (« Insanity »), et la cloture en est vraiment une, définitive, rapide, concise, tranchante comme de l’acier, avec un « The Inevitable End » qui pourrait en remontrer à bien des ensembles Power Metal désirant mettre un orteil dans la lave Thrash.
Alors, oui, l’énigme risque de s’épaissir si Armageddon n’impose pas les MANIMAL une bonne fois pour toutes. Sans se compromettre, les suédois parviennent à créer une œuvre passionnante, certes dégoulinante de classicisme, mais beaucoup plus efficace et envoutante que les sagas interminables de têtes de liste fatiguées par le temps.
Titres de l’album:
01. Burn In Hell
02. Armageddon
03. Slaves Of Babylon
04. Forged In Metal
05. Chains Of Fury
06. Evil Soul
07. Path To The Unknown
08. Master Of Pain
09. Insanity
10. The Inevitable End
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