TRISKELYON fait partie de ces nombreux projets montés par un seul homme, et exploitant les capacités extérieures pour prodiguer ses précisions sur un genre ou sous-genre. En l’occurrence, ce concept s’épanouit dans une sorte de Power Thrash, style bâtard situé en convergence d’un Thrash accessible et d’un Power Metal intrépide, ce qui ma foi n’est pas pour me déplaire. Evidemment, certains clichés inhérents aux deux écoles sont parfois utilisés avec un peu de complaisance, mais le résultat final, flamboyant et royal mérite votre attention, ne serait-ce que pour son caractère osé et éloigné des poncifs de la génération actuelle.
TRISKELYON c’est le guitariste Geoff Waye. Membre du groupe CATEGORY IV, ce musicien émérite s’est donc lancé dans une entreprise à grande échelle, parvenant même à en construire sa charpente à l’occasion d’un premier EP éponyme. Mais c’est en 2022 que tout a vraiment pris forme, via Downfall, premier longue-durée qui a frappé le marché avec une assurance indéniable. Et un an plus tard, Geoff remet le couvert en suivant les mêmes préceptes pour nous narrer la suite de ses aventures chaotiques, mais mélodiques.
L’homme est rudement bien accompagné pour l’occasion, par the crème de le crème comme le précise son label avec un peu d’humour. Pas moins de neuf chanteurs (Amanda Jackman (CATEGORY VI), Armin Kamal (INFRARED), Cara McCutchen (MORTILLERY, NAITAKA), Dale Drew (SEA DOGS), Des Mason, Ellim, Pete Healey, Raúl Álvarez (DARK ORDER-AUS.) and Tim Tymo (TYMO)), trois bassistes (Dwayne Pike, Keith Jackman (CATEGORY VI), et Darrin Pope), soutenant la frappe de deux batteurs (Raul Marques (BURNING TORMENT) and Alexander Raykov (ANTREIB)). Joli casting, pour des attentes évidemment décuplées.
Du beau monde pour une évocation sans détours de la décennie 80, celle qui a justement vu naître ces deux genres que Geoff aime mélanger pour obtenir un cocktail suave mais relevé. Une nouvelle bordée de compositions originales pour une reprise étonnante, et un fil rouge qu’on suit l’écume aux lèvres et le poing serré. Il faut dire que le projet exhale d’une saine odeur de Heavy Metal bombé et musclé, entre Speed, True, Thrash, Power, citant STRATOVARIUS, SCANNER, HELLOWEEN, BLIND GUARDIAN, SANCTUARY, l’école allemande la plus fine et l’américaine la plus fluide, pour un résultat qui dépasse les espérances formulées lors de la sortie de Downfall. Car malgré son caractère de puzzle assemblé pièce par pièce, TRISKELYON sonne comme un véritable groupe, et non comme l’association de mercenaires qu’il est sur le papier.
Alors, entrez dans la danse, mais choisissez bien vos souliers. Car le rythme est échevelé, l’énergie débridée, et l’intensité décuplée. Si le tout s’apparente plus volontiers à un Power jouant avec les nerfs du Thrash qu’à un Thrash adouci par quelques éléments Power, quelques emballements soudains et autres saccades violentes permettent de rattacher l’effort à la locomotive de la Bay-Area, toutes proportions gardées. Mais la performance de ces nombreux vocalistes, qui se donnent cœurs et poumons pour catapulter dans les étoiles des chansons brillantes et agressives, et la solidité de l’instrumental qui ne joue pas l’innovation mais fait un bon carton, font qu’Artificial Insanity sonne comme un produit de son époque, traitant d’une thématique d’importance.
Le débat fait d’ailleurs rage en ce moment même, alors que l’IA occupe de plus en plus le terrain en mode Skynet. Se substituant aux artistes, aux militaires, aux politiques même parfois, elle menace de prendre le contrôle total des opérations en cas d’imprudence, ce qui pourrait déboucher sur une catastrophe meurtrière à échelle mondiale comme l’avait prédit James Cameron dès 1984.
Alors nous n’en sommes pas encore là, mais la catastrophe pourrait arriver plus tôt que prévu si nous ne restons pas vigilants et aux commandes des machines. Tout ça pour dire que ce second long retranscrit très bien les troubles que nous traversons depuis quelques années, semblant dépeindre avec brio un climat anxiogène et apocalyptique qui pèse sur nous comme une gigantesque épée de Damoclès. La grandiloquence dystopique est traduite dans un langage lyrique poussé, à l’image de l’irrésistible et théâtral « Obsolescence », renvoyant l’homme à sa condition future de détail de l’histoire numérique.
La force de cet album réside dans sa diversité. Impossible de trouver une piste ressemblant à une autre, ce qui est chose peu commune dans ce créneau. On passe allègrement et sans transition d’un titre purement Power Metal comme l’explosif « At War With Demons » à une bronca Heavy/Thrash qui claque comme la basse de « Bringers Of Chaos », ce qui confère une aura de cohésion dans la variation à Artificial Insanity.
Beaucoup plus intéressant et enrichissant qu’une énième digression plagiaire nostalgique, ce deuxième chapitre est passionnant, stimulant, dessine un monde aux frontières du chaos, peuplé de chevaliers prêts à tout pour défendre nos libertés. Geoff Waye a eu l’intelligence de ne pas se perdre dans les couloirs de sa narration en nous opposant des chapitres trop étendus, qui auraient plombé cette quête de la vérité Metal.
Et si « One Blood » est à peu près aussi hystérique qu’un inédit de TOURNIQUET, si « Visionaries » synthétise toutes les humeurs, si « Celtic Creatures » manie l’épée avec une dextérité folle pour nous faire ressentir la bestialité d’un combat contre des monstres mythologiques, c’est bien Artificial Insanity dans son intégralité qui nous séduit, comme un livre d’Heroic-Fantasy bien écrit, chargé en personnages pleins de profondeur, et proposant des étapes marquées, et secouées d’affrontements en tous genres.
Le collectif ose même la reprise totalement incongrue en s’appropriant le tube « It Doesn't Really Matter » des vedettes Pop/Rock nationales PLATINUM BLONDE, nous laissant donc sur un sentiment étrange, comme si cette conclusion n’avait rien à voir avec le reste de l’histoire.
Mais en dépit de cet épilogue étrange, TRISKELYON tient fermement la barre, et passe l’épreuve du second tome avec un brio indéniable. Un disque à écouter des images plein la tête.
Titres de l’album:
01. Tektyranny
02. At War With Demons
03. Bringers Of Chaos
04. Is Hope Still Alive
05. Obsolescence
06. One Blood
07. Visionaries
08. Beyond The Past
09. Celtic Creatures
10. Why Burn
11. It Doesn't Really Matter
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36
Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.
03/05/2025, 21:31
En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".
03/05/2025, 19:37