D’ordinaire, les split de Grind émanent de groupuscules inconnus hors du petit monde de l’extrême underground. Ils proviennent la plupart du temps de Pologne, des USA, de Russie, du Mexique ou d’Angleterre, et permettent à des groupes vaillants de lâcher quelques nouveaux titres sur un support pratique. Mais de temps à autres, assez exceptionnellement d’ailleurs, ils peuvent aussi être le fruit de la réflexion de musiciens relativement connus par le plus grand nombre, qui souhaitent s’amuser un peu.
Ainsi, lorsque j’ai appris la sortie de ces faces partagées entre BENT SEA et TO DUST, je suis resté assez dubitatif…
Car oui, le casting est assez reluisant, un genre de All Star Cast du bruit organisé, une récréation de monstres de légende qui s’ennuie un peu, et peut-être, pas mal de poudre aux yeux histoire de faire passer des instrumentistes consacrés pour de grands gamins au caractère enjoué.
Deux groupes donc, qui partagent leur split sans se soucier de l’hygiène. D’un côté, une version cosmopolite du Grind de papa, avec des featuring assez impressionnants.
BENT SEA, même si ce nom vous est encore inconnu, est constitué de têtes d’affiche qui le sont beaucoup plus. Crée en 2011 pour boucher quelques trous d’emploi du temps, le trio s’articule autour de Dirk « I’ll play with anybody » Verbeuren (CV trop long pour être reproduit in extenso, alors parlons juste de Devin Townsend et MEGADETH) à la guitare et au kit, Sven de Caluwé (ABORTED) au chant, et ce bon vieux Shane Embury (NAPALM DEATH bien sûr, et un kilomètres de participations externes) à la basse.
De l’autre, les TO DUST, trio aussi, qui unit les forces de Thomas Haywood Jr (ABORTED aussi, ABIGAIL WILLIAMS) à la guitare et à la basse, Joe Reed (SEVERED REMAINS) au micro et Zach Gibson (BLACK DAHLIA MURDER, ABIGAIL WILLIAMS) à la batterie. Du beau monde aussi, pour une carrière plus épisodique et une approche de la brutalité toute aussi intense. Formé en 2013, le groupe avait évidemment comme leitmotiv de faire la musique la plus féroce et bruyante possible, philosophie partagé par de nombreux agresseurs de tympans internationaux.
Alors, vous me direz que les noms ne font pas les larrons, et qu’ils ne partent pas forcément en foire gagner le plus gros Mickey. Mais abordons donc les deux cas dans un ordre descendant, puisque telle est la moitié du concept proposé.
Avec la caution Grind Shane Embury dans ses rangs, un chanteur qui sait comment trier la tripaille et un batteur tentaculaire qui a joué avec autant de groupes que Kim Kardashian a connu d’amants d’un soir, l’efficacité des BENT SEA semblait patente dès sa création. Ayant déjà dispensé leurs vues au travers de plusieurs collaborations, leur approche est connue, et plutôt du genre efficace. Cinq morceaux, comme leurs compagnons de faces, pour une bonne calotte sur les fesses et un torride Death Grind qui n’a rien à envier aux formations les plus éprouvées du genre.
Son à décorner les cocus de l’intense, compositions bien agencées se partageant entre éclairs de violence brefs et séance de torture élaborées, l’art de BENT SEA ne doit pas seulement aux qualités intrinsèques de ses individualités, mais aussi à une osmose patente entre eux. Musicalement, c’est du solide et du costaud, et le trio ne rechigne pas à placer quelques plans Death/Indus du meilleur tonneau pour accommoder ses restes de blasts qui décoiffent.
Sur ces cinq interventions, trois sont fulgurantes et deux plus patientes, mais le résultat quel que soit le versant est le même. Une musique bien grasse et rapide, qui allie la vélocité du Grind et la puissance du Death Crust, pour une jolie ballade à trois cents à l’heure dans les méandres de l’underground. C’est du beau travail, et on reconnaît la patte de Dirk au kit, avec ces breaks supersoniques placés comme autant de mensonges dans un discours politique, mais avouons aussi que le gus s’en sort très bien les cordes et le médiator à la main. Dirk balances quelques riffs assez finauds, tandis que Shane fait vrombir sa basse comme une fréquence AM bien grave, et il ne reste plus à Sven qu’à suivre le mouvement général de ses grognements, chose qu’il maîtrise admirablement. C’est rapide (très), intense (très, très) et surtout suffisamment créatif pour éviter les poncifs.
Les TO DUST ont opté pour une incarnation plus sèche et lapidaire, mais les désirs sont plus ou moins les mêmes. Certes, chez les Américains, la composition va bon train mais se veut plus radicale dans l’optique, et plus Crust dans la pratique.
Assez rodés à l’exercice de l’extrême qui pique, le trio propose cinq brûlots qui font monter la mayonnaise, mais qui prennent plus leur temps pour mettre mal à l’aise. Riffs redondants, section basse/batterie en surchauffe constante, c’est une attaque Crust/Grind de toute non-beauté qui prend à la gorge de pamphlets radicaux de quelques minutes.
On sent bien l’influence de l’école US, avec une pincée de Crust made in UK, mais ça fonctionne dans une belle alternance entre blasts et furie intense, avec grognements caverneux en appui, soutenus par des lignes vocales de grizzli.
Quelques stridences Indus pour faire bonne mesure (« Tumbeiros »), des enchevêtrements vocaux assez impressionnants d’efficacité, mais surtout, de gros riffs bien pesés qui prennent au collier. Pas le genre de Grind qui ne va nulle part, mais une belle tentative d’agencer l’agressivité pour la rendre encore plus efficace. On n’oublie pas la lourdeur de rigueur, aux accents de Death putride (« Deception Hymn » et son intro cauchemardesque qui dégénère vite), on travaille ses plans rythmiques pour sonner un peu original sur les bords (« The Perspectivist »), et on termine même le massacre sur une incarnation plus longue que la moyenne (« Hegemonic Scars », qui sonne comme une jolie rencontre entre ABORTED, THE KILL et CONVERGE en version director’s cut).
Noms connus, split fameux, partage des faces équitable, oui le Grind peut se targuer d’avoir maintenant des VIP dans ses rangs, qui ont pourtant tout compris au style et ne sont pas uniquement là pour pérorer en arborant sur leur veste leur CV. Opération séduction réussie dans le bruit, qui ravira les amateurs de bourrinade Grind crédible, et qui finalement efface les craintes nées des noms des participants. On peut donc être un homme honnête et un musicien respecté et adorer se vautrer dans la fange extrême jusqu’au nez. Vous pouvez sans crainte acquérir le bouzin en version digitale, ou dans une édition vinyle chez Give Praise Records, histoire de respecter le côté vintage de l’histoire.
Qui se répète toujours, dans le merveilleux pays Grind comme ailleurs.
Titres de l'album:
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