Voilà encore un groupe qui se fout totalement de l’attente de ses fans, et qui ne repart au charbon que lorsqu’il en ressent le besoin. Pensez-donc, presque dix ans entre deux albums, et des avis de recherche placardés sur les poteaux électriques d’Adelaïde pour retrouver les ALTARS, évaporés pour le compte juste après la sortie de leur premier et séminal album Paramnesia. Certes, nous aurions pu nous la mettre sous le bras et passer à autre chose, mais ce trio austral avait quelque chose d’unique dans son son, une approche formelle sublimée par un sens de la violence aigu et précis, et une volonté de transcender le formalisme pour en livrer une version plus personnelle. Alors, remercions 2022 qui ramène les trois marsouins sous le brouillard des cimetières, pour exposer un nouveau charnier guère plus rassurant que le premier.
ALTARS of madness ? Oui, il y a quelque chose d’un ange morbide dans la musique de ces trois sagouins (Alan Cadman - batterie, Lewis Fischer - guitare, et la pièce rapportée 2021 Brendan Sloan - basse/chant), pourtant, rien de vraiment ressemblant pour rendre la comparaison inévitable. Mieux vaut chercher du côté de VADER et IMMOLATION, de l’écurie Sentient Ruin pour définir le champ d’action de ce groupe qui nous avait tant manqué. Il faut dire que le Death joué post-mortem avec accents lourds, inclinaisons Sludge putrides et accélérations dantesques en mode Technical Death n’est pas une denrée si courante, et avec Ascetic Reflection, ALTARS propose donc une réflexion ascétique sur une thématique de base : retrouver l’essence même de ce Metal truffé de petites trouvailles inquiétantes, de sonorités grasses et graves, et surtout, de chaos hérité de la colère des nineties qui a fini par exploser dans les années 2000.
Ascetic Reflection, deuxième album en dix-sept ans d’existence a donc largement eu le temps de murir dans ces cerveaux malades, pour nous arriver dans les tympans au maximum de son efficience. Entre charges virulentes mais classiques et longues digressions maladives et pourries jusqu’à l’os de mi, les australiens jouent la carte de la diversité dans la logique, et nous claquent l’un des albums les plus glauques de cet été 2022. Et faites-moi confiance, le glauque, ça me connaît.
Brendan Sloan et ses grognements d’outre-tombe était donc l’ajout indispensable pour un comeback programmé. Gravité de timbre, lignes de basse vrombissantes et animosité vocale de tous les instants, le nouveau bassiste/chanteur a parfaitement trouvé sa place entre Lewis et Alan, qui se connaissent depuis les débuts de ce projet. A tel point que l’osmose entre les trois hommes est tout bonnement sidérante, comme s’ils s’étaient toujours connus, et comme si le résultat découlant de leur collaboration était évident, et d’une qualité supérieure pas vraiment surprenante.
Construit comme une attaque des sens avec une alternance d’uppercuts et de danse de ring, ce deuxième album est un modèle du genre, et sans doute ce que la nouvelle vague australe a de mieux à nous offrir. Entre riffs sournois et rythmique en chien de fusil, Ascetic Reflection ne choisit pas, et construit une ambiance oppressante, à base de dissonances, de stridences, de mélodies écorchées vives et atteint souvent les sommets du crossover sur « Ascetic Reflection », title-track épuisant et moite qui frôle la perfection dans la méchanceté.
Nous sommes donc rassurés, ALTARS est toujours aussi vil, et son autel maculé de sang séché. Les victimes font la queue pour être sacrifiées, au son d’un bordel infernal à réveiller les démons les plus léthargiques. « Perverse Entity » donne le la, mais n’est qu’un petit aperçu des capacités du trio, qui passe sans vergogne d’un missile sol-air à une litanie de deuil à réveiller n’importe quel cadavre frais ou pas.
Je retiendrai de cette attaque tout son sens tactique, et une poignée de morceaux vraiment efficaces. « Black Light Upon Us » évidemment, qui laisse une longue intro étrange poser les jalons du malaise à venir, et bien sûr, « Opening the Passage » qui ouvre grand les portes de l’enfer, avec riff circulaire en scie qui tranche la cage thoracique. Un peu Doom sur les bords, peu avare en bruitages malfaisants, Ascetic Reflection est ascétique dans le sens où il ne retient de son style que l’essentiel, et se concentre sur une moiteur de crypte. Et dans le petit monde sclérosé du vintage remis au goût du jour, les australiens ont joué une sacrée carte.
Laid comme la mort, repoussant comme un corps ravagé par la peste bubonique, ce nouvel album excuse bien des silences, et réimpose le nom d’ALTARS dans l’actualité. Faites-vous mal pour vous faire du bien, et pardonnez au trio sa discrétion. Il fallait au moins ça pour revenir fort et faire plus de boucan que la concurrence.
Titres de l’album :
01. Slouching Towards Gomorrah
02. Perverse Entity
03. Luminous Jar
04. Black Light Upon Us
05. Ascetic Reflection
06. Anhedonia
07. Opening the Passage
08. Inauspicious Prayer
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30