Finalement, l’histoire aurait pu être beaucoup plus courte et anecdotique. Et Chris Reifert aurait pu n’être que « le batteur qui jouait sur Scream Bloody Gore », tout comme Pete Best est devenu « le premier batteur des BEATLES ». Tout se serait arrêté en 1988, après la tournée, Avec en toile de fond un Chris regardant s’éloigner Chuck vers les cimes de la légende qu’il n’a jamais quittés. Mais Chris avait d’autres projets en tête, et surtout, le plus important, celui de garder le Death Metal dans son jus infâme, mélange de liquides séminaux, de pus, de bile et de vomi, le tout parfumé délicatement d’une pourriture même pas noble, en cépage de l’atrocité la plus récoltée dans l’underground.
Alors, AUTOPSY. Depuis plus de trente ans, l’usine à entrailles et liquide d’embaumement sort des disques fondamentaux, qui avec un peu d’honnêteté, ne rivalisent plus depuis un bail avec les références Severed Survival et Metal Funeral. Mais ça n’est pas ce qu’on demande à Chris et ses lieutenants. Ce qu’on attend d’eux, c’est qu’ils enregistrent des disques qui schlinguent, qui suppurent la mort par tous les orifices, et qui rendent une expertise médico-légale excitante et déviante. Et justement, c’est ce qu’Ashes, Organs, Blood and Crypts propose, sous sa pochette aux atours grotesques et orangés.
Un an à peine après la calotte mortuaire Morbidity Triumphant, le line-up remet le couvert, et nous offre onze nouvelles compositions sales comme un zombie exhumé d’une tombe décatie. Toujours secondé par deux compagnons d’origine (Eric Cutler - chant/guitare et Danny Coralles - guitare) et par la basse sinueuse de Greg Wilkinson, Chris continue donc son opération passion avec un corps qui se fait charcuter dans les grandes largeurs. Mais attention, qui dit logique dans la continuité ne dit pas forcément statisme immuable. Car cette nouvelle aventure macabre réserve justement son lot de petites surprises, sous la forme de plans plus groovy.
Mais pas d’inquiétude, la base est toujours la même. Une alternance de suffocation et de respirations haletantes, pour un ballet que tout le monde sait danser depuis des décennies. Le scalpel d’AUTOPSY est toujours aussi ferme et précis, même si sa lame a gentiment rouillé avec les années. Mais il est tout à fait possible de trouver Ashes, Organs, Blood and Crypts plus accessible que les opérations habituelles. Peut-être que le cadavre sur la table était plus frais, qu’il a été dépecé avec plus d’amour, voire un romantisme totalement déplacé en dehors d’un contexte à la Jörg Buttgereit.
Mais Chris n’est pas un nécrophile. Il est un médecin-légiste très recherché, qui connaît son boulot, et qui le fait avec soin. Alors, on soulignera une belle collection de nouveaux riffs maladifs et d’ambiances fétides, sur la moitié des morceaux, qui permettent de raccrocher l’entreprise à la légende sans avoir à s’auto-parodier. D’ailleurs, certains titres synthétisent l’approche avec beaucoup de panache, à la manière du trépidant et enthousiasmant « Bones To The Wolves » qui sait se montrer allusif à toute la discographie du géant américain.
Le nouveau répertoire est donc de qualité, peut-être un peu moins rigide que par le passé. Chris semble avoir laissé de côté quelques systématismes qui commençaient à devenir encombrants, pour ouvrir son art aux influences extérieures. Mais loin d’un opportunisme impardonnable, cette ouverture prouve que le leader n’a pas peur du changement, même minimal, et qu’il compte bien continuer son travail de découpe encore quelques années.
« Rabid Funeral » en ouverture, scelle les retrouvailles avec une fermeté qui fait plaisir à entendre. Archétype de death song de l’ère floridienne, ce premier titre permet de revenir sur cette année passée à composer, et surtout, à rassasier les fans d’une viande rance au fumet inimitable. Une poussée de technique est aussi à signaler, qui n’édulcore pas les titres, toujours aussi méchants, hargneux et insidieux. Mais que les addicts indécrottables se rassurent, la lancinance est toujours aussi présente, même si elle est nuancée de quelques détails plus souples. Et « Marrow Fiend » de plomber l’atmosphère de sa lenteur oppressante et de son odeur pestilentielle.
En résumé, AUTOPSY se montre sous un jour plus léger, voire primesautier, lorsqu’un up-tempo roublard vient propulser un riff chantonnant sur « Toxic Death Fuk ». On accepte cette petite crise de joie, puisque « Lobotomizing Gods » revient nous marcher sur les pieds de son humeur maussade, avant que « Death Is The Answer » ne nous offre la formule de la vie la plus logique qui soit.
Avançant à son rythme élevé, AUTOPSY enchaîne les réussites, et reste fidèle à son public qui le soutient depuis des décennies. Si les surprises et autres déviations font désormais partie du fantôme, Chris parvient toujours à trouver une ou deux astuces pour insuffler à ses travaux une légère odeur d’inédit. En 2023, ces astuces se cachent dans un travail de basse énorme, et dans une alternance de climats charmants et écoeurants.
Alors, certes, Chris aurait pu n’être que « le batteur qui jouait sur Scream Bloody Gore ». Sauf qu’on se souviendra de lui comme on se souviendra de Paul Speckmann. Un parrain du Death Metal qui peut en revendiquer une extension, mais plus formellement, un passionné qui n’a jamais trahi ses idéaux pour séduire plus de monde.
L’intégrité n’a pas de prix. Ou alors celui d’organes vendus au marché noir
Mais très noir.
Titres de l’album:
01. Rabid Funeral
02. Throatsaw
03. No Mortal Left Alive
04. Well Of Entrails
05. Ashes, Organs, Blood And Crypts
06. Bones To The Wolves
07. Marrow Fiend
08. Toxic Death Fuk
09. Lobotomizing Gods
10. Death Is The Answer
11. Coagulation
Ces deux titres sentent bien bons boudiou !
Vivement d'écouter l'ensemble.
Pochette bien parfaite en tous cas...
Acheté hier. Une seule écoute pour l'instant. Du bon vieux death old-school qui sait ménager des temps de repos au lieu d'appuyer en permanence sur l'accélérateur... et c'est exactement ce que j'espérais. Je n'avais pas redonné sa chance à Autopsy depuis plus de 25 piges, je suis bien content d'avoir insisté car je redécouvre un groupe avec un sacré savoir faire, bien dans les codes du genre mais super accrocheur. J'ignorais d'ailleurs que c'était le batteur qui gérait aussi les vocaux !! Et puis j'ai bien aimé les lyrics, notamment ceux de Death Is The Answer. C'est simple mais bougrement efficace. Et un album court, qui ne se dilue pas dans le superflu. Nickel !
Acheté aussi.
Je préfère largement ce genre de Death qui se prend pas la tête à du Death mega technique où on pige rien (pis de toutes façons, Necrophagist a plié le game avec Epitaph).
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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