Non, je le confirme, il n’y a aucun mal à revendiquer la pérennité d’un style que l’on a contribué à créer. Après tout, les Américains ne se gênent jamais pour replacer leurs billes et affirmer qu’après eux, ce fut le déluge et que le Thrash fut une affaire locale, reprise à son compte par une bande d’Européens ayant pris le train en marche.
Sauf que ce fameux train que nos amis d’outre Atlantique affirment avoir fait démarrer avait déjà fait tourner ses machines du côté de l’Allemagne, au début des années 80.
Dès lors, un ensemble germanique qui capitalise sur l’héritage laissé par ses aînés est chose tout à fait naturelle…Ce qu’ont dû se dire les barbares de DETHRASHION, qui en choisissant un tel nom ne soulèvent que peu de questions sur leur allégeance…
Et à vrai dire, on ne peut faire patronyme plus explicite en la matière. Décomposez. Vous y trouverez les deux composantes majeures de ce groupe nouveau-né sur la scène Thrash mondiale, qui n’hésite pas à mixer ses rythmiques galopantes à des ambiantes frigorifiantes. Avec flair, certes, mais encore un peu d’hésitation, et pas toujours beaucoup d’inspiration…
Mais ne soyons pas catégoriques dès le départ, et parlons un peu structure.
Les DETHRASHION se sont donc regroupés suite à la coalition formée par deux de ses membres, en février 2014, suite à diverses expériences dans d’autres combos, dont BLOOD TRAIL. Quelques mois sont passés à compléter le line-up, avant de parvenir à réunir une formation solide, prête à mettre le monde à genoux. Divers départs et remplacements comblent le temps qui passe, puis le groupe se sent suffisamment soudé pour tenter l’expérience du premier longue durée.
Signés par le label national Kernkraftritter Records, le quintette (René "Vlad" et Henrik "Vagos" – guitares, Kai "Nuclear Saviour" – chant, Sven – basse et Bijan "Bø" – batterie) propose donc aujourd’hui ses conceptions sur un Thrash de tradition radicalisé d’une approche Death de saison (ça réchauffe l’hiver, surtout outre Rhin), via cet Assault Bombardment qui en effet ne laisse planer aucun doute quant à ses intentions…
Dès lors, le problème (sempiternel) de la pertinence se pose. Noyé dans une déferlante de revival Thrash qui commence à montrer des signes possibles d’engloutissement de l’underground global, les cinq Allemands tentent d’apporter leur vague à l’océan en furie, mais si celle-ci avance à bonne vitesse et reste de dimension respectable, il est fort possible qu’elle s’écrase sur la grève dans un fracas relativement peu assourdissant, au regard des productions récentes. Non que leur musique ne soit pas convaincante d’une certaine manière, mais elle reste dans des standards somme toute assez timorés, et surtout, semble encore un peu à cheval entre un amateurisme chevronné et un professionnalisme pas encore assez avancé.
Mais reconnaissons à ces preux chevaliers teutoniques du riff qui pique un certain sens de la mise en scène. En lieu et place d’une sempiternelle accroche formelle et peu créative, le quintette nous offre une bien jolie intro progressive, qui place le contexte sous des auspices assez grandiloquents et cinématographiques, et qui intrigue et accroche l’oreille. Mais une fois la surprise initiale passée, on retombe après une courte pause silencieuse sur une énième attaque frontale construite sur une progression de licks piqués à Kerry King et sa bande, et adaptée il y a trente ans en Allemagne par les EXUMER et consorts, le tout agrémenté d’une atmosphère assez putride inspirée du Death Floridien en vogue à la fin des années 80.
« Nuclear Stormtroopers of Satan » ne fait en effet pas vraiment ans le détail, et taille dans le gras, passant quand même avec fluidité quelques plans médiums assez accrocheurs, aussitôt tailladés par des soli à la KREATOR/SLAYER qui garantissent une certaine patine « classique » à l’ensemble.
Son un peu étouffé semblant réclamer plus de volume, guitares qui semblent un peu contrites, basse en avant (bonne surprise de ce côté-là), et chant qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un mélange entre les organes de Paul Speckmann (MASTER) et John Walker (CANCER), soit un joli trait d’union entre la scène Thrash et Death US de 88/90, avec ces allusions fréquentes au radicalisme en vogue dans la Ruhr à la même époque.
C’est touffu, exécuté avec conviction, mais ce ballet incessant entre plombages et décollages rythmiques reste encore un peu trop timide pour vraiment convaincre, même si un morceau comme « March of The Rotten » accroche l’oreille de ses plans successifs assez empreints de Hardcore métallisé.
Les titres défilent et ne choquent pas, mais ne déçoivent pas vraiment non plus. Les DETHRASHION n’étant pas qu’une simple assemblée de bourrins bornés, ils injectent parfois une petite dose de mélodie à leurs boucheries (« Whisky Warrior »), pour tenter d’adapter les vues d’un CARCASS de fin d’épopée à un contexte Thrash à la ATROPHY.
Mais en vingt-huit petites minutes (syndrome Reign In Blood, toujours actif), il est difficile de convaincre un fan potentiel du caractère indispensable de vos interventions, spécialement lorsque celles-ci tournent plus ou moins en rond, malgré quelques breaks impromptus qui semblent vouloir relancer la fission.
Finalement plus Heavy Thrash à relents Death que vraiment Thrash puissamment morbide (« Paltriness »), les DETHRASHION semblent éviter les plans rapides pour se fixer sur un médium qui s’il sait se montrer affûté ne décolle jamais vraiment, même si parfois la juxtaposition d’harmonies caressées et de rapidité enfin retrouvée (« Visions », assez progressif sur la durée) offre un dynamisme qui laisse à penser que les cinq Allemands ont encore une bonne marge de progrès.
C’est carré, un peu handicapé par une production pas vraiment franche, encore un peu systématique dans les développements, et certainement pas encore assez travaillé ou accentué pour se tailler une place au soleil noir du Thrash deathisé.
Même le « hit » final « Assault Bombardment » semble encore réticent à lâcher la vapeur malgré une réelle volonté de tout exploser, ce qui achève de nous frustrer quant au cas de ce quintette pas vraiment prêt à tout ravager. Assault Bombardment n’est pas vraiment digne de la pluie d’obus annoncée, mais reste un album de Thrash à tendance pas si brutal que ça qui mérite d’être écouté. Pour ceux que le radicalisme outrancier effraie encore un peu trop pour se plonger dans le grand bain des deux pieds.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20