Oublions pour un instant ce qui se passe en Amérique du Nord puisque nous ne sommes pas là pour faire de la politique. Alors effectuons une translation au Sud, pour nous intéresser au premier album d’un duo éminemment plus sympathique que la truelle à perruque…
Direction le Brésil, terre de contrastes et de souplesse musicale qui de temps à autres, tombe dans une rigidité rythmique que les SEPULTURA ont initié il y a un peu plus de trente ans.
Avec un patronyme et une pochette fleurant bon le Death barbare et sans pitié, les VORGOK jouent la carte de l’ambivalence et du flou, puisqu’en lieu et place d’un Metal de la mort figé dans le temps, le duo Brésilien proposerait plutôt un joli voyage dans le vent, lorsque le radicalisme outrancier et les riffs d’acier faisaient loi dans les quartiers, Américains, Allemands et autres.
Point de Death Metal donc, ou pas complètement, mais plutôt un gros Thrash traditionnel, un peu plus sombre que la moyenne et surtout, très inspiré. Formé en 2014, le duo VORGOK compte dans ses rangs Joao Wilson à la basse, mais surtout Edu Lopez, figure bien connue de l’underground local, puisqu’on le retrouvait au line-up des micro-légendaires EXPLICIT HATE, des contemporains de SEPULTURA ou presque, qui avaient en leur temps sorti un album très honnête et cultissime de nos jours, A View Of The Other Side, emballé dans une pochette toute vilaine.
VORGOK se sert donc du passé général et du sien pour proposer une nouvelle version du Thrash en vogue à la fin des années 80, se rapprochant même de ses homologues DORSAL ATLANTICA et OVERDOSE dans sa recherche de brutalité crue qui tire parfois sur le Death hybride, sans toutefois occulter les moyens de son époque. Nostalgiques sur les bords, mais conscients de la progression du style, Edu et Joao dissertent donc pendant une grosse demi-heure sur les pérégrinations de l’extrême modéré, tout en tendant à pencher du côté le plus sombre de l’affaire.
Leur Thrash est en effet compact, très rapide et agressif, et se place parmi les meilleurs groupes revival du cru avec ce Assorted Evils qui s’il enfonce le clou dans la plaie, sait varier les plaisirs sadiques et alterner le tempo pour ne jamais lasser l’auditeur.
Ne vous attendez donc pas à un flot de haine vomi comme des serpents de l’enfer, le duo a peaufiné son approche, et propose donc une synthèse parfois à la lisière d’un chaos total à la INCUBUS (« Last Nail In Our Coffin », presque Thrashcore et on en redemande encore), mais qui sait aussi jouer la modération pour éclaircir le ton. Un peu Hardcore parfois pour ces vocaux hurlés et non régurgités, l’énergie que dégagent ces dix morceaux est assez impressionnante, et rend ce premier album accrocheur et captivant de bout en bout. Certes, rien d’inédit à l’horizon, mais beaucoup de pratique et une science assez pointue de la composition, doublée d’un talent instrumental assez affiné. Et lorsque le duo se lâche dans des interventions médium, le Heavy est roi, et convainc sans problème de la pertinence de la démarche, lorsque les riffs subtilement groovy et saccadés de « Antagonistic Hostility » laisse parler la raison avant de partir en vrille circulaire pour de bon.
Niveau concept, VORGOK reste classique et se concentre sur tous les maux qui rongent l’humanité depuis ses origines, de la religion qui oppresse et tue en son nom (« Kill The Dead » et sa charge d’entame digne du meilleur MORTAL SIN et « Lebanon »), aux régimes totalitaires qui écrasent l’opposition (« Hell’s Portrait » et ses ténèbres de guitares qui évoquent bien l’enfer du régime Nazi), en passant par la sous éducation des enfants dans les pays du Tiers-Monde (« Headless Children » qui ne doit rien a Blackie et WASP, mais qui imite à merveille un crossover entre EXPLICIT HATE et ATROPHY).
Nous avons aussi droit à un portrait tragique brossé sur la toile de pauvres migrants finissant leur course comme corps sans vie dans l’océan (« Mass Funeral At Sea », le titre le plus long et le plus progressif dans son Heavy compact qui dégénère en lame de fond Thrash. Chœurs sépulcraux, vocaux graves et grondants, et évolution dans l’agression et la vitesse, en gros, toute l’adresse de musiciens qui connaissent bien la détresse et l’accordent d’une virulence de ton assez preste).
Des musiciens impliqués, et conscients des réalités, thématiquement et musicalement. Des musiciens qui n’hésitent pas à faire le grand écart entre un noble passé et un présent d’actualité, et qui proposent de fait des interventions tout à fait en prise avec la demande du marché, utilisant la rudesse du Hardcore moderne, la puissance du Thrash en interne et quelques inflexions Death en externe (« Man Wolf To Man »).
Bien évidemment, les références aux influences immanquables se multiplient, et le fan reconnaîtra les clins d’œil à SLAYER, DARK ANGEL, SACRIFICE et autres gardiens du temple, mais ces allusions sont traitées avec suffisamment d’intelligence pour ne pas passer pour se simples emprunts obligatoires.
En gros, ça joue costaud, parfois très allegro, parfois non troppo, mais le Thrash des Brésiliens sait se montrer très pertinent, et rester dans des balises de durée honnêtes pour ne pas trop se répéter.
Une façon de faire revivre le passé, intermède classique compris (« Drowning » subtiles cordes qui offrent un peu d’air de la côte), et de s’imposer dans le présent via des morceaux percutants et saignants (le lapidaire et ultra-violent « Hunger », qui a même bénéficié du soutien d’une vidéo, dispo sur Youtube).
Pour un premier album, VORGOK frappe très fort avec Assorted Evils qui nomme tous les démons qui ravagent notre planète, au son d’un Thrash puissant et mordant qui ne rechigne pas à se montrer intelligent.
Un album à écouter en regardant hébété les conséquences d’une élection qui risque d’avoir de très mauvaises répercussions.
Mais comme je le disais, nous ne sommes pas là pour faire de la politique. Juste pour parler de musique. Mais ça n’est pas de ma faute si cet album est en phase avec la situation actuelle…Espérons juste que tout cela ne finira pas par un enfer sur terre comme semblent nous le prédire ces oracles Thrash Brésiliens qui annoncent le pire en jouant le meilleur.
Titres de l'album:
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