Vivre comme s'il y avait un espoir. C’est un leitmotiv comme un autre, et même l’un des plus déraisonnables qui soit. En effet, comment vivre dans un monde déshumanisé en se faisant encore des illusions sur la chute d’une histoire écrite depuis longtemps ? Il faut donc une sacrée dose d’abnégation pour encore penser à notre époque que l’homme peut s’extirper de sa condition, et mettre son égoïsme de côté pour inverser la tendance, et laisser autre chose à ses enfants qu’un infâme champ de ruines sur lequel ne poussera que le silence…Mais visiblement, les danois de PARASIGHT n’ont cure de cet épilogue sinistre, et foncent bille en tête et des refrains plein la musette, enrichissant leur discours revendicateur d’une bande instrumentale méchamment Hardcore, dans la plus pure tradition nordique. Il faut dire que le quartet (Nik, Aage, Tvede et KB) à suffisamment roulé sa bosse pour savoir ce qu’il veut, puisque At Leve som Hvis der Var et Håb est déjà son second longue-durée, malgré les vingt-trois modestes minutes qu’il affiche. Mais dans le petit monde du D-beat, ce timing semble parfaitement dans la norme, et lorsqu’un groupe décide d’attaquer de front sans jamais relâcher la pression, il est toujours difficile de la maintenir au-delà de la demi-heure, sans se montrer trop redondant. Et ne nous plaignons pas, puisque l’intensité de ce nouveau-né est à l’image de sa rage, et qu’il cartonne sans discontinuer. Il est évident de fait qu’il aura les défauts de ses qualités, et que les réfractaires à la cause Fastcore/D-beat lui tourneront le dos, puisqu’il n’a que ça à offrir, mais qu’il le présente sous son meilleur jour.
Pas de questions inutiles musicalement parlant, du Speed sans discontinuer, des riffs tronçonnés, quelques mid-tempi qui parviennent à s’imposer à l’arraché, et surtout, des vocaux hurlés, une section rythmique resserrée, pour dix morceaux qui frappent fort et sans détour. On y retrouve la patte la plus locale, cette abrasivité, cette rigueur qui fait aborder la violence sous son aspect le moins bridé, et surtout, cette haine dans des mots qu’on jette à la gueule d’un monde qui ne veut plus comprendre. Monde des affaires, cupidité, racisme, crise des migrants, les causes ne manquent pas et trouvent là un ardent défenseur, qui de son ardeur calme les aigreurs d’évolutionnistes qui aimeraient bien que la situation change, mais pas forcément pour le pire comme d’habitude. Difficile de ne pas succomber à cette succession de salves carton, qui multiplient les pains dans la tronche comme les étudiants de 68’ les pavés sous la plage, et si l’ensemble dégage un parfum très linéaire de redondance excessive, c’est justement l’effet recherché. La variété n’est pas à l’ordre du jour, et ce second jet est à appréhender de la même façon qu’un Land Speed Record de HUSKER DU, ou que n’importe quel chapitre des sagas URSUT ou TOTALITAR. Ethiquement en convergence de l’obstination d’un SLAYER de Reign In Blood et d’un DISCHARGE en nage, PARASIGHT avance, coûte que coûte, et trace sa route à une vitesse affolante, frisant parfois le dépassement dangereusement flagrant, mais ne lâchant jamais la pédale pour faire semblent. Le bitume crame sous les roues de ce discours qui sent bon la révolte, et qui gronde d’un D-beat de première bourre, sombre, rapide, implacable, et finalement, si dense qu’il est même difficile de s’en envoyer l’intégralité sans s’arrêter.
D’aucuns argueront que finalement, tout ça n’est justement que du D-beat, joué avec application, et suffisamment d’implication pour ne pas sombrer dans la médiocrité. Ils auront partiellement raison, mais après tout, lorsqu’on écoute un groupe comme PARASIGHT, on sait exactement ce qu’on vient chercher, ce que At Leve som Hvis der Var et Håb nous offre sans tergiverser. Soit des morceaux qui ne dépassent jamais les trois minutes, et qui se contentent d’un nombre de plans limités, mais bien concentrés. Si le tempo ne brille que très rarement de ses variations, si les intonations vocales restent exhortées et peu nuancées, si les chœurs de stade interviennent à fréquence calibrée, le tout exhale un délicieux parfum de colère essentielle, et nous convainc de ses arguments simples, mais redoutablement bien agencés. Pour un minimum d’innovation, je vous enjoins à vous reporter au lourd et stressé final « Håbløst », proposant une intro bien malsaine, et évitant avec malice de reproduire à la lettre toutes les astuces précédentes. Doté d’une production parfaitement adaptée, ce second LP fait preuve d’une belle maîtrise de jeu, et d’une assurance de feu, et satisfera les plus exigeants amateurs de Hardcore à la scandinave, habitués à l’excellence, et acceptant la norme. Et s’il est vrai que les danois ne la transgressent jamais, ils ne sont pas avares d’énergie, et profitent du temps qui leur est imparti pour tirer leurs cartouches les plus mortelles sur le mur d’indifférence qui guide ce monde vers sa propre tombe. Un manifeste lucide et hautement politique, pour une saine rébellion envers l’ordre établi, celui qui vous assomme de ses fausses promesses, mais qui vous enfume de la fumée de ses usines de peur. Rien d’extraordinaire certes, mais qui a dit qu’une prise de position musicale et radicale devait l’être ?
Après tout, le Punk Hardcore reste sans doute avec le Rap le seul genre à oser dire quelques vérités sans les enrober dans un décorum policé…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09