Quatre ans. C’est le temps qui s’est écoulé depuis la sortie du précédent album des suédois de PORTRAIT, Burn the World. Depuis 2017, les fans rongeaient leur frein, d’autant que cet album avait été très bien accueilli par la presse et par eux-mêmes, trop heureux de retrouver ce Heavy flirtant avec le Power et les accents occultes. Et à juste titre, puisque le quatuor de Kristianstad fait un peu office de chien dans un jeu de quilles dans le milieu de la nostalgie scandinave. Loin des accents poppy des plus grands maîtres, loin des claviers aménagés des plus révérés, les PORTRAIT jouent la carte de la dureté Heavy, de la grandiloquence Power, et du mysticisme de leur référence éternelle, qu’ils acceptent eux-mêmes comme legs voisin inévitable: MERCYFUL FATE. Mais une fois encore, le FATE est loin d’être l‘influence la plus importante dans leur répertoire, et SANCTUARY, ICED EARTH, NEVERMORE, DIO ont aussi leur place, et une très bonne place même.
A l’heure de célébrer ce cinquième album en seize ans de carrière, il convient de relever les compteurs et de faire le point sur le parcours du groupe. Quatre albums impeccables, une attitude live guerrière et pleine d’énergie et surtout, point fort, aucune déception à afficher au moment de faire pencher la balance. Dans ces cas-là, on attend toujours le faux-pas qui fera vaciller la statue de son socle, mais rassurez-vous chers PORTRAIT addicts : At One with None ne sera pas le coup de vent tant attendu par les détracteurs, mais bien la couche de ciment supplémentaire fixant la dite statue pour l’éternité.
Le groupe lui-même précise ses exigences, et fixe ses limites via une déclaration ferme et définitive :
Une règle simple que j’ai personnellement adoptée est qu’aucune chanson écrite pour cet album et les suivants ne doit être similaire à une chanson que nous avons déjà écrite et publiée. Nous faisons cela depuis 15 ans maintenant, et je suis fier de dire que je pense que nous avons réussi à trouver notre propre identité et notre propre son, ce que l’on ne peut pas vraiment dire de beaucoup de groupes aujourd’hui. C’est notre plus grande réussite, et le but est de continuer à explorer et à développer notre propre son, sans nous répéter
Cela peut paraître péremptoire eu égard au succès connu par leurs confrères, mais finalement, rien n’est plus vrai que cette assertion qui place les PORTRAIT aux avant-postes de la défense Heavy Metal de tradition, celle qui s’est sevré de JUDAS PRIEST, enivré de MAIDEN, et rassasié d’HELLOWEEN. Une fois encore mixé par le gourou Tommy Hansen (HELLOWEEN, HATESPHERE), At One with None a évidemment le son, qui saute à la gorge dès les premières mesures de l’héroïque « At One with None », titre d’ouverture tonitruant comme ce genre d’album en réclame pour débuter sur les chapeaux de roue. Production épaisse mais gentiment rétrograde dans le traitement des guitares, cohésion de groupe solide, agressivité palpable, mélodies légèrement biaisées, on pense à un CRIMSON GLORY gonflé aux stéroïdes, ou à un SANCTUARY musclé par des semaines de fonte, mais en tout cas, nous sommes immédiatement rassurés : PORTRAIT nous offre une fois encore une démonstration de force et de séduction, sans édulcorer son propos et se fondre dans les rangs anonymes du plagiat old-school trop Pop pour être honnête.
Il m’aura suffi d’un seul titre pour tomber sous le charme de cette déclaration d‘intention qu’est At One with None, qui de son baptême rappelle que les suédois ne se battent que pour leur propre compte : le monstrueux et presque Heavy/Thrash « Curtains (The Dumb Supper) », judicieusement choisi en single, et d’une puissance à décoiffer le chauve Rob Halford. Propulsé par une rythmique bondissante qui aurait pu inspirer le grand Steve Harris des années Killers, strié de riffs mélodiques à la THIN LIZZY, ce tube Heavy est tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un hymne qui sonnera comme un appel au ralliement live. Redondance, énergie, chant hargneux, double grosse caisse à rendre fiers les cousins de PRIMAL FEAR, ambiance à la NEVERMORE/METAL CHURCH, en gros, la quintessence de ce Metal violent qui a animé notre adolescence, et qui continuera toujours de faire des émules à travers les époques.
Mais évidemment, le quatuor (Per Lengstedt – chant, Anders Persson – batterie, Christian Lindell – guitare, et Fredrik Petersson – basse) a su développer avec les années une propension à l’évolutif hypnotique, transcendant ses plans simples d’ambitions plus progressives, histoire de nous servir encore passionnantes des légendes et autres contes, déroulés sur de longues minutes, et bénéficiant d’un traitement mélodique fascinant. Et At One with None pousse même le bouchon encore plus loin que d’habitude, en profitant du troisième morceau pour nous dévoiler cette facette de plus en plus imperfectible.
C’est donc « Phantom Fathomer » qui négocie prudemment le virage, avant que le moteur des ambitions ne s’emballe sur le très étrange « He Who Stands », quasiment religieux, et construit autour de cassures constantes du rythme et de couches de chœurs célestes.
« Ashen » dès lors, a déjà une voie royale pavée devant lui pour développer ses longs arguments et ses neuf minutes de magie pure, combinant l’esthétique acoustique et les attaques de face aussi rude qu’un violent coup d’épée tranchant le fer d’un bouclier trop tendre. A ce moment-là, le parallèle avec le dernier album d’IRON MAIDEN est impossible à éviter, et si la comparaison tourne clairement à l’avantage des suédois, ne négligeons pas la longévité du groupe de Steve Harris. Mais impossible de ne pas se souvenir du grand MAIDEN à l’écoute de ce morceau épique digne du meilleur des eighties.
Entre franchise Heavy, et violence Power (« A Murder of Crows »), PORTRAIT brosse un tableau qui pourrait être le plus épique et envoutant de sa carrière. Difficile de juger sans recul, mais At One with None pourrait bien être leur grand-œuvre, de ces albums qu’on écoute encore des années après leur sortie, et qui servent de mètre-étalon pour la jeune génération avide de reconnaissance.
Titres de l’album:
01. At One with None
02. Curtains (The Dumb Supper)
03. Phantom Fathomer
04. He Who Stands
05. Ashen
06. A Murder of Crows
07. Shadowless
08. The Gallow’s Crossing
09. The Blood Is the Life
10. Farewell to the Flesh
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