Brésil, Blasphemer (batterie) et Lucas « From Hell » (chant/guitare/basse). Avec ça, je devrais pouvoir m’en tirer facilement sans avoir à aligner les signes jusqu’à la fin de la deuxième page. Dans le mille Emile, ce groupe-là, c’est de la balle de tradition lusophone, et l’esprit des eighties ressuscité. Formé en 2016 par l’activiste extrême Lucas Bittencourt de Souza, EVILCULT est un concept dont tous les secrets les plus inavouables sont révélés par son nom même, et qui tire son essence diabolique de plusieurs courants des années 80. Il est maintenant évident que ce sont les brésiliens qui ont inventé cette forme de Thrash très obscure, à la lisière d’un Black pas encore né, mais en 2020, la tradition se perpétue encore sous la forme d’une musique abrupte, délicieusement primaire, et immédiate dans les faits, et ce premier album est un véritable aveu d’allégeance à la brutalité estampillée quadragénaire, avec des influences avouées qui elles aussi en disent long sur l’orientation. Admettant une fascination pour le brutal obscur et occulte via les citations de VENOM, BATHORY, DESTRUCTION, SODOM, HELLHAMMER et SARCOFAGO, EVILCULT ne joue pas le mystère et se pose en point de jonction du Speed US, du Thrash allemand, et de la bestialité Sud-Américaine de tradition. At the Darkest Night est sa première réalisation longue durée, mais les marsouins ont pris grand soin de peaufiner leur luxure pour la faire sonner encore plus douteuse que les origines elles-mêmes. Enregistré au Cosmic Music Studio, mixé par Matheus Carrer et masterisé par Jean Antunes, At the Darkest Night est en effet une nuit sombre, avec procession d’étranges silhouettes encapuchonnées, candélabres, victime évidemment non consentante, sur fond de stupre musical libidineux et paillard. On retrouve sur ces huit nouveaux morceaux l’essence de l’extrême de l’époque clé 83/84, et une nostalgie évidente qui place les brésiliens dans le peloton de tête des penseurs old-school de notre génération.
Sous cette superbe pochette se cache donc le nouveau bijou de Blackened Thrash de cette année gâchée par les virus et les décisions à l’emporte-pièce. Adoptant une cadence d’abattage admirable, le duo ne se pose aucune question inutile et rentre dans le lard dès les premières secondes, mixant le vice d’un EXCITER ou d’un ABATTOIR avec la fascination occulte de HELLHAMMER, VENOM et toute la vague démoniaque brésilienne de la même époque. En résultent des chansons qui se ressemblent beaucoup, un tempo qui ne dévie que très peu de ses BPM, un chant mixé en arrière-plan qui grogne comme un démon enfermé dans un Tupperware, quelques blasts pour se rapprocher d’une furie infernale, et beaucoup d’énergie juvénile nous ramenant à notre puberté déchainée. Rien de bien nouveau en soi, mais un recyclage passionné, un investissement total, et parfois, un flair permettant à nos deux amis de proposer des tubes improbables, à l’image de ce terriblement catchy « Burning Leather ». Evidemment, tout ici empeste le Metal le plus barbare, avec ces riffs qui ressemblent à des coups de fouet de chaine de vélo rouillée, ces breaks qui piquent comme des clous sur un perfecto acheté d’occase, mais l’ambiance délétère, les attitudes en forme de poses assumées, et l’allant général le confinant à l’hystérie d’Halloween permettent à ce premier album de se détacher de la production actuelle. Distribué mondialement en support physique par le label chinois Awakening Records, At the Darkest Night est donc disponible en rondelle extrêmement limitée (1000 exemplaires), et a de faux airs de trésor inhumé du passé qu’on retrouve avec une joie exaltante.
Non exempt de petits défauts, ce premier LP fait suite à quelques formats plus humbles, dont un EP paru en 2018 et baptisé Evil Forces Command. Dans le fond et la forme, il représente une synthèse de tous les sous-genres brutaux de notre décennie préférée, et à des airs de démo de DEATH enregistrée pendant une crise de fascination pour POSSESSED et VENOM. On se demande même parfois si certains titres ne résultent pas de la fusion de Black Metal et Seven Churches, réenregistrés par les canadiens d’EXCITER après une centième vision d’Evil Dead sur une VHS pirate. Ou mieux, à une crise de folie sabbatique de DESTRUCTION, celui des premières années, soudainement pris d’une envie de sonner plus evil que ses contemporains histoire de damer le pion à Tom Angelripper et Mille. C’est en tout cas ce que laisser deviner le monstrueux « Army of the Dead », au riff plus redondant qu’un hurlement de Schmier ou qu’un « wuh ! » de Tom Warrior, et aux accents concentriques hypnotiques. Tout est bon dans le cochon ? Une fois qu’il est mort et bien grillé oui, mais tout est bon dans la vierge sacrifiée aussi, ce que prouve l’entame diabolique de « Drunk by Goat's Blood ». On imagine très bien les deux lascars fin saouls après avoir ingurgité des litres de bière mélangée à du sang de bouc, préfigurant les hallucinations de BEHERIT avec plus d’humour et de détachement, et si l’originalité à elle aussi été sacrifiée en même temps que la vierge sur l’autel de la puissance, on apprécie cette franchise qui ne se dément pas et qui excuse des réflexes un peu trop systématiques. On termine même la nuit infernale par une dernière et longue invocation, qui permet à Lucifer de revenir sur terre foutre le bordel, à son rythme, lourd et emphatique, avant que la méchanceté ne le démange trop et qu’il commence à tout raser à vitesse grand V.
Vous l’aurez compris, EVILCULT c’est du solide qui pue le fumier sous les sabots, mais qui avance au galop. Un bel exercice de style Speed/Black/Thrash, un exutoire fabuleux, et un voyage dans le temps fameux. Ne dites surtout pas à ces animaux-là que vous croyez en Dieu et que vous adorez la Pop, sous peine de vous retrouver pendu par les pieds dans une forêt reculée. A moins d’être légèrement masochiste sur les bords et d’aimer la torture moyenâgeuse.
Titres de l’album :
01. Drunk by Goat's Blood
02. Sons of Hellfire
03. Nocturnal Attack
04. Eternal Cult of Darkness
05. Burning Leather
06. Army of the Dead
07. Unholy Knights
08. Necro Magic
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