45 minutes of Sinister Death Metal
On est tous d’accord pour dire que ce genre d’accroche donne la bave aux lèvres ? En pleine canicule, la froideur d’un Death rigide est plus que prometteuse, même si ce courant d’air frais vient d’Espagne et non de Suède. Alors envolons-nous pour Valence, et plongeons dans cette piscine d’acide remplie par les psychopathes d’ORTHODOXY, qui n’en sont pas à leur premier massacre. Après une démo en 2015, le groupe a rapidement contacté un deal auprès du label finlandais The Sinister Flame pour publier son premier longue-durée Novus Lux Dominus. Très satisfait du résultat, le label a donc renouvelé ses vœux d’horreur avec les ibères, absents des écrans depuis trois ans, mais aujourd’hui prêts à en découdre via cette abomination qu’est Ater Ignis.
Et cet album s’ancre sans le vouloir dans l’actualité tragique que nous connaissons en ce mois d’août, ravagé par les incendies accidentels ou criminels. Après le feu constate donc les dégâts de la présence humaine sur terre, et nous entraîne dans les cendres encore fumantes d’une catastrophe annoncée, par le biais d’un Death Metal sourd, cryptique, grave, mais ambitieux, subtilement Doom, et même légèrement Progressif sur les bords.
NTN aka Sergio (tous instruments), Nosferatvm (basse/guitare), Davy (guitare) et Grond GH (batterie), ensemble depuis 2016 continuent donc leur travail de sape, et carbonisent au passage les derniers espoirs écrits sur des lettres qu’on lance à la mer. Dans leur univers, l’eau n’a pas droit de cité, et seule la chaleur importe, celle dégagée par une rythmique uberpuissante, rythmique lancinante sur laquelle viennent se greffer des riffs classiques, mélodiques et amers, dans la continuité d’un Death inventé dans les années 90 pour surpasser la génération 80.
Et pour une fois, les noms cités sont d’importance, et valides. En comparant nos espagnols à MORBID ANGEL et INCANTATION, The Metal Archives lâche les deux bons noms, qui une fois fondus, donnent ce mélange abominable de violence sourde qu’est Ater Ignis. Succession de passages techniques et véloces et d’écrasements soudains qui tassent le coccyx, ce deuxième album est d’une maitrise incroyable dans la nostalgie, et vient donc confirmer les avis dithyrambiques émis à l’occasion de la sortie de Novus Lux Dominus.
Et si dans le fond et la forme, ORTHODOXY ne propose rien de neuf, sa passion, son investissement et sa foi font de ce longue-durée un voyage éprouvant dans la psyché d’une humanité pourrie jusqu’à la moelle, histoire de nous accompagner durant cette apocalypse amplement méritée qui finira par brûler cette pauvre terre qui n’en peut plus.
En bon phénomène climatique, Ater Ignis alterne les degrés, et passe d’une fournaise à une étuve mortelle, selon l’inspiration et la cadence. On retiendra en premier lieu la force de persuasion du monstrueux « Victory Beyond Death » litanie d’esclaves sur le chemin de la rédemption, et bien évidemment « Into Primigenian Darkness I Dwell », progression de plus de sept minutes en concept immédiat, qui passe en revue toutes les composantes d’un style que l’on adore. Avec des guitares sous-accordées en malnutrition d’aigus, un chant caverneux capté de l’au-delà, et une infrabasse qui fait trembler les membranes, ORTHODOXY est allé jusqu’au bout de sa démarche gravissime pour nous servir déjà carbonisé l’album qu’on attendait pour illustrer cet été insupportable.
On parlera, histoire de ne rien manquer de ce formidable et glauque « Masked Beast », bête immonde surgissant des braises pour montrer sa face hideuse en arpèges amers et arrangements horrifiques. Archétype du crescendo malin et sadique, ce morceau nous appuie encore plus le bout rouge du tisonnier sur la peau, et rend hommage à toute la clique nauséabonde des années 90, INCANTATION, dISEMBOWELMENT, AUTOPSY, j’en passe et des plus dépravés.
Mais un grand album n’est rien sans un grand final, et les espagnols nous ont encore une fois gâtés. Comme pour s’excuser de nous annoncer notre mort par anticipation, les musiciens ont enrobé le message d’une bonne dose d’ambition pour que nous regrettions moins notre départ définitif. Jouant souvent entre la frontière un peu floue séparant le Black du Death, cette ultime saillie est certainement le chef d’œuvre annoncé dès le départ, et nous laisse complètement vides, comme des coquilles abandonnées dans un décor de feu et de cendres.
Evidemment, avec des températures pareilles, on rêve plutôt de climats tempérés ou froids, la Suède, la Finlande, la Sibérie, et pas vraiment de siestes espagnoles sous un soleil de plomb. Mais l’avantage de la chaleur, c’est qu’elle fait pourrir les cadavres plus vite, et créé donc une atmosphère propice à la contemplation de la désolation. Et celle dépeinte par Ater Ignis est vraiment vilaine et asséchée de nuages noirs.
Titres de l’album :
01. Enter the Netherworld
02. Into Primigenian Darkness I Dwell
03. Victory Beyond Death
04. Banished From My Glance
05. Masked Beast
06. Where Shadows Move Unseen
07. Ater Ignis (Covenant of Death)
J'aime ce son, merci pour la découverte. La scène espagnole me séduite de plus en plus.
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