Une belle musicienne à l’allure diaphane, blonde et nordique, qui se répand en effluves Post Black, Blackgaze, Doom, Post Rock, immédiatement, des images sonores vous viennent en tête. Et un nom certainement aussi. Pourtant, ne vous hâtez pas en conclusions, puisque MYRKUR n’a rien à voir avec cette chronique, même si les analogies de surface sont nombreuses. Car SYLVAINE, elle, vient de Norvège, non du Danemark, et ne se pose pas de questions de marketing et de hype, préférant se concentrer sur sa musique sans avoir à construire un monde de gimmicks autour pour le rendre plus fascinant. Non que je pointe du doigt les défauts d’une artiste que j’adore, mais autant admettre que les points communs entre Amalie Bruun et SYLVAINE sont aussi nombreux que leurs dissemblances, ce que leur parcours tend à prouver d’année en année. Et c’est donc la troisième fois que je croise le chemin de la belle norvégienne, qui m’avait envouté à l’occasion de son premier long Silent Chamber, Noisy Heart, et persuadé de ses idées à travers son second chapitre Wishful. La voici donc de retour pour franchir l’étape délicate du troisième tome, sans doute le virage le plus difficile à négocier, qui doit transcender et proposer des pistes différentes, ou bien asseoir une réputation viable à jamais. Et en jouant la franchise, disons qu’Atoms Aligned, Coming Undone joue la sécurité à outrance, puisqu’il ne fait que prolonger les travaux déjà entrepris sans chercher à forcer la chance ou le talent. Mais sans sonner comme un succédané malhabile et emballé dans un splendide artwork, il est certain que ce nouvel effort de la princesse du nord semble s’évertuer à faire fonctionner des principes déjà éprouvés, sans forcément tenter des expériences alternatives, tout en conservant un niveau de qualité que bien des artistes pourraient lui envier.
Poésie en dualité noirceur/lumière, Atoms Aligned, Coming Undone fait plus que suivre les traces laissées dans la neige par Wishful. Il emboîte les mêmes pas, au point de conserver la même fiche technique au détail près. Une fois encore distribué par Season of Mist, il a aussi été enregistré aux Drudenhaus Studio, avec la même équipe et Benoît Roux au mix. On retrouve aussi en tant que musiciens additionnels Stephen Shepard et Stéphane "Neige" Paut (ALCEST), ce qui ne fait que confirmer les liens de parenté très étroits entre les deux LP, et sans prétendre se baser sur des éléments concrets pour jauger du potentiel d’un album, la tentation de l’aborder sans penser être surpris était grande. Mais il est certain que ce troisième volet des aventures gelées de SYLVAINE ne surprend pas, puisqu’il égale en termes de variété et d’intensité tout ce que la norvégienne a pu proposer jusqu’à lors, se voyant même parfois obligé d’emprunter des directions déjà explorées par le passé. Et une fois encore, outre le talent individuel de la musicienne, on reconnaît la filiation indirecte et internationale avec ALCEST, puisque les deux projets semblent partager des points de vue sur un Post Black riche et lyrique, sans forcément se refiler les partitions entre deux rendez-vous. La stylistique est donc d’importance, et respectueuse des croyances plurielles de cette instrumentiste/compositrice/interprète, et nous offre un voyage dans les légendes et autres déviances de style, un peu comme une lecture transversale d’un Metal extrême affranchi de toute contrainte et libre d’explorer les symphonies, les itérations, les harmonies, les digressions, sans avoir de compte à rendre.
Le son est toujours là, ample et riche, très concentré sur des guitares qui n’ont pas oublié les enseignements des pionniers BM des années 90, la voix versatile aussi, capable de happer dans ses filets tel une sirène de l’au-delà, puis de dévorer l’âme de ses incantations graves et hurlées, et l’assise instrumentale est toujours aussi solide et fluide, garantissant à cet album l’homogénéité dans l’hétérogénéité dont il a besoin. Et si la trame générique est toujours aussi poreuse et perméable à des influences diverses, le résultat global est d’une cohérence indéniable, et d’un parfum mystique de quête nocturne en forêt norvégienne. On sent que SYLVAINE refuse toujours autant de se laisser enfermer dans un schéma bien établi, préférant louvoyer au gré de ses envies, au point parfois de sonner comme l’unisson divine entre des références mutines, associant des influences contraires comme THE GATHERING et BURZUM au sein d’une même structure (« Abeyance ») pour mieux refuser à l’auditeur le confort d’une linéarité introspective. En choisissant d’expliquer harmoniquement et avec pertinence tous ses partis-pris de composition, la musicienne prouve que le Post-Black et le Blackgaze ne sont pas que des caprices de musiciens en mal de reconnaissance ou d’âme errantes sur le chemin de la rédemption, et ses moments de pause sont toujours d’une beauté formelle un peu floue (on sent la violence sous-jacente en filigrane même dans les moments les plus apaisés), mais parfaitement validés par des mélodies amères et fragiles (« Worlds Collide », presque Chamber-Pop dans le fond, mais terriblement Post dans la forme). Et comme d’habitude, SYLVAINE n’a pas cherché la facilité, puisque les deux premiers morceaux de son troisième album sont aussi les plus longs, ce que prouvent en entame « Atoms Aligned, Coming Undone » et « Mørklagt ». Presque vingt minutes à eux deux, c’est culotté mais le risque s’avère payant, puisqu’ils contiennent suffisamment de plans pour satisfaire la discographie entière d’un groupe aux ambitions moindres, et entre des arrangements vocaux surannés et spectraux et des parties instrumentales inspirées et diversifiées, l’amorce prend, l’étincelle allume la mèche, et l’attention est enflammée.
Bien évidemment, les détracteurs argueront du fait qu’Atoms Aligned, Coming Undone ne propose rien de fondamentalement novateur au regard des deux premiers albums de la belle, et leur avis ne sera pas complètement ignoré. Si la splendeur en contradiction grâce/laideur est toujours aussi présente, les éléments servant à la mettre en exergue ne diffèrent pas vraiment des théories passées, et le résultat, bien que qualitativement au-dessus de tout soupçon déçoit un peu de sa timidité. On aurait peut-être aimé que l’artiste ose un peu plus, quitte à abandonner sa zone de confort pour s’aventurer plus en avant dans un monde ou dans l’autre, un peu à l’image de MYRKUR avec Mareridt qui n’avait pas hésité à ranger ses oripeaux BM au placard des souvenirs. Mais après tout, chacun fait face à ses propres choix du moment qu’il les assume, et un morceau aussi parfait que « Severance », et l’un des plus contrasté du lot permet de faire abstraction de toutes ces petites déceptions ne gâchant en rien le plaisir ressenti. En misant sur une alternance permanente de douceur et de noirceur, SYLVAINE confirme qu’elle est bien reine en son pays, et qu’elle est toujours capable de trouver un équilibre parfait entre velléités nihilistes et fulgurances optimistes, même si le final « L'Appel du Vide » en vertige des sens semble vouloir imposer la paix d’harmonies épurées en arrangements luxuriants. Et si certaines parties de guitare paraissent user de poncifs Blackgaze au point de nous ramener au centre du débat sur la pertinence du genre, et même si une partie au moins de l’ensemble des titres joue sur le velours d’une expérience chèrement acquise, le temps de tourner le dos à la norvégienne n’est pas encore venu, puisqu’elle nous embarque une fois encore dans un univers très personnel. Un univers de feu et de glace, d’hiver sombres et de nuits d’été enchanteresses, et une musique en catharsis d’un esprit qui peine à trouver jour après jour une raison de lutter.
Titres de l'album :
1. Atoms Aligned, Coming Undone
2. Mørklagt
3. Abeyance
4. Worlds Collide
5. Severance
6. L'Appel du Vide
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